Réflexions sur l’histoire canadienne et le capitalisme à la galerie Diagonale

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Par Timothée Beurdeley
jeudi 28 janvier 2016
Réflexions sur l’histoire canadienne et le capitalisme à la galerie Diagonale
Le professeur à l'UQAM Michael Blum est parti en Indonésie à la recherche du sous-traitant de la marque Nike qui a fabriqué les sneakers de sa fille. Crédit photo : Courtoisie Galerie Diagonale
Le professeur à l'UQAM Michael Blum est parti en Indonésie à la recherche du sous-traitant de la marque Nike qui a fabriqué les sneakers de sa fille. Crédit photo : Courtoisie Galerie Diagonale
La galerie Diagonale présente l’exposition Au fil de l’histoire jusqu’au 20 février. Deux films réalisés par le professeur à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM Michael Blum et l’artiste Keesic Douglas y sont projetés aux côtés d’une œuvre immense de broderie, initiée par les artistes Leah Decter et Jaimie Isaac.

« Ces trois œuvres proposent une réflexion sur les liens entre capitalisme et colonialisme », explique la directrice administrative de la galerie Diagonale, Audrey Cyr.

Dans sa vidéo intitulée Capri in Tangerang (2011), le professeur Michael Blum part en Indonésie à la recherche du sous-traitant de la marque Nike, qui a fabriqué les souliers de sport roses que sa fille porte ici, au Canada. « En tant que consommateur, on ne sait pas précisément d’où viennent ces produits, explique M. Blum. Ma démarche est une façon de réduire la distance qui sépare les consommateurs des producteurs. Je ne cherche pas à dénoncer, mais à rendre visible le processus qui est en jeu. » L’artiste avait initié ce processus de retour aux sources d’un produit de consommation 10 ans plus tôt, avec sa vidéo My sneakers, dans laquelle il partait à la recherche du fabricant de ses propres chaussures.

Le projet Trade me (2010) de Keesic Douglas suit une démarche similaire. On y voit l’artiste remonter les cours d’eau qui relient la réserve Rama à Toronto pour rapporter à la Compagnie de la Baie d’Hudson la couverture que son lointain ancêtre avait reçue en échange de peaux et de fourrures.

On retrouve une autre couverture de la Compagnie de la Baie d’Hudson dans l’œuvre Official denial de Leah Decter et Jaimie Isaac. « Cette couverture a une place évidente dans l’histoire du Canada, rappelle Audrey Cyr. Elle s’échangeait contre des peaux et des fourrures avant même que le pays ne naisse en tant que tel» L’œuvre a été initiée par Leah Decter en réaction aux propos de l’ancien premier ministre Stephen Harper qui déclarait, en 2009, que le Canada n’avait pas d’histoire coloniale. L’immense couverture brodée voyage de galerie en galerie depuis plusieurs années. Les réflexions des visiteurs sur l’histoire du Canada y sont régulièrement brodées, ce qui en fait une œuvre évolutive et collaborative.

La prochaine intervention de broderie sur cette couverture aura lieu samedi 30 janvier à la galerie Diagonale en présence de Leah Decter et Jaimie Isaac.

 

Au fil de l’histoire à la galerie Diagonale
Jusqu’au 20 février
Du mardi au samedi de 12 h à 17 h
5455 avenue de Gaspé, rdc – espace 110