Étude sur la charte des valeurs

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Par Julien Tardif
jeudi 16 février 2017
Étude sur la charte des valeurs
L'étude a été menée auprès de 441 étudiants de l'UQÀM | Crédit photo : Flickr.com, Jirka Matousek
L'étude a été menée auprès de 441 étudiants de l'UQÀM | Crédit photo : Flickr.com, Jirka Matousek
Le projet de charte des valeurs, proposé par Pauline Marois en 2014, semble avoir eu des conséquences négatives pour certaines minorités, selon une étude réalisée auprès de la communauté étudiante de l’UQAM.

En 2014, alors en pleine élection provinciale, le gouvernement de Pauline Marois annonçait un projet de charte des valeurs qui a alors suscité de vifs débats dans toute la société québécoise. Trois ans plus tard, une étude réalisée auprès de 441 étudiants de l’UQAM par le groupe de recherche SHERPA conclut que ce débat a créé une polarisation sociale. Seulement 20,3 % des étudiants sondés avaient une vision positive de l’avenir des relations communautaires après le débat concernant la charte des valeurs.

« Les résultats nous ont surpris, d’abord à propos du niveau très important de discrimination rapportée, mais aussi à propos de la perception très négative d’un futur vivre-ensemble si la charte était adoptée », explique la chercheuse responsable de l’étude et enseignante au Département de psychologie de l’UQAM, Ghayda Hassan. Plus précisément, l’étude souhaitait vérifier si les étudiants se sentaient concernés par la charte et le débat qui s’en est suivi, s’ils s’estimaient victimes de discrimination ou de toute forme de changement en ce qui avait trait à la perception de leur identité. Les chercheurs ont choisi l’université, car, « par rapport à l’ensemble de la population, les étudiants sont plus susceptibles de connaître la Charte du Québec », est-il indiqué dans l’étude.

Si les consultations publiques autour du projet de loi ont contribué à ce climat difficile pour les minorités, plusieurs éléments doivent être pris en compte. « Les résultats montrent que la façon dont les médias couvrent certains débats peut parfois susciter une représentation préjudiciable et stéréotypée de certaines communautés, en plus de nourrir des amalgames troublants, affirme Mme. Hassan. En ce sens, les médias ont des devoirs à faire pour réfléchir à leur responsabilité éthique vis-à-vis de la population qu’ils servent et représentent. »

L’étude ayant été réalisée auprès des quelques centaines d’étudiants, les résultats peuvent difficilement être élargis à l’ensemble du Québec, mais il faut tout de même leur accorder une valeur tangible. « On voulait profiter du momentum avec le débat sur la charte, donc on s’est limité à notre population locale, décrit la chercheuse. Et les résultats vont dans le même sens que ce qu’on observe depuis quelques années au SHERPA à travers différentes études. » Selon elle, il existe une véritable montée des polarisations sociales actuellement, ce qui engendre de la discrimination et de l’intolérance.