Ranimer les espaces vides

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Par Thomas Martin
lundi 7 novembre 2016
Ranimer les espaces vides
Les Jardins Gamelin, initiative d'aménagement éphémère de Pépinière et Co, animent le centre-ville de Montréal depuis 2015. Crédit photo : Flickr/Eva-Marie Neumann.
Les Jardins Gamelin, initiative d'aménagement éphémère de Pépinière et Co, animent le centre-ville de Montréal depuis 2015. Crédit photo : Flickr/Eva-Marie Neumann.
Les aménagements éphémères connaissent depuis plusieurs années un développement croissant à Montréal. À l’image du Village au Pied-du-Courant, leur succès ne faiblit pas et ces structures se trouvent désormais aux quatre coins de la métropole. Décryptage d’un phénomène dans l’air du temps.
« On peut créer un espace agréable et dynamique en quelques semaines » Maude Painchaud Major, directrice adjointe du créateur d’espace Pépinière & Co.

«Le concept date de nombreuses années, comme on peut voir avec les expositions universelles qui étaient, initialement, constituées de structures éphémères », explique le professeur agrégé en urbanisme à l’UdeM Juan Torres. La tendance actuelle, selon lui, prend cependant une forme différente. « Ce que l’on voit émerger, c’est de l’aménagement qui n’est pas planifié par le pouvoir public et qui relève d’un geste plus citoyen, de ce qu’on appelle la guérilla urbaine », poursuit-il.

M. Torres soutient que ces projets sont intéressants pour les municipalités, puisqu’ils permettent d’entamer des discussions par rapport à l’espace public. « On peut montrer immédiatement avec une simulation à l’échelle 1:1 ce que le lieu peut devenir, remarque-t-il. Cela peut ensuite mener à des transformations plus pérennes. »

Générer l’expérience

La directrice adjointe du créateur d’espace Pépinière & Co, Maude Painchaud Major, qui s’occupe du Village au Pied-du-Courant pose les bases de la réussite du phénomène de l’architecture éphémère. « Le concept a un impact direct sur l’environnement, on peut créer un espace agréable et dynamique en quelques semaines, explique-t-elle. Montréal est un bon terrain de jeu, car il y a beaucoup d’endroits à exploiter », ajoute Maude dont l’entreprise est également à l’origine des Jardins Gamelin, situés au métro Berri-UQAM des mois de mai à octobre.

Selon le titulaire d’une maîtrise en architecture de l’UdeM Nicolas Lapierre, il y a également un aspect pédagogique à la chose. « Ces initiatives permettent aux jeunes designers de développer leurs idées et ça montre également aux gens qu’ils peuvent s’approprier des lieux abandonnés, remarque-t-il. C’est enrichissant pour tout le monde. »

Vitalité urbaine

Pour la designer et candidate au doctorat en aménagement Virginie Tessier, ces installations participent à l’ambiance festive qui anime la période estivale montréalaise. « Les aménagements éphémères sont des lieux basés sur le plaisir et la découverte où chacun est libre de profiter de l’espace à sa façon », explique-t-elle.

Il faut tout de même faire attention aux gestes posés, met en garde l’étudiante. « L’implantation de ce type d’événement ponctuel peut aussi avoir des effets négatifs, indique Virginie. Entre autres, sur la situation des sans-abris que la ville tente de pousser hors du centre-ville et de leurs ressources principales avec, par exemple, les Jardins Gamelin. »

Les changements apportés ne sont pas nécessairement de grande ampleur et certains apports minimes peuvent avoir un impact très positif. « La place De Castelnau était pleine de vie cet été et cela principalement grâce au mobilier urbain, aux couleurs sur les trottoirs et au piano public », décrit Virginie. Les aménagements éphémères apportent une touche d’humanité dans des endroits délaissés, selon elle, mettant en valeur des pans de la ville négligés depuis trop longtemps.