Raconter le passage au numérique

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Par Romeo Mocafico
jeudi 24 janvier 2019
Raconter le passage au numérique
Servanne Monjour a soutenu sa thèse à l'UdeM en 2015. (crédit Benjamin Parinaud)
Servanne Monjour a soutenu sa thèse à l'UdeM en 2015. (crédit Benjamin Parinaud)
La postdoctorante à l’Université McGill Servanne Monjour présente vendredi 25 janvier une conférence sur le concept de remédiation. Cette théoricienne de la littérature étudiera les récits sur la transition de la photographie argentique au numérique.

La chercheuse en littérature comparée et humanités numériques explique que ce concept de remédiation est issu de la théorie des médias. « Il désigne le processus par lequel tout nouveau média va se construire en ayant tendance à imiter les formes d’autres médias qui l’ont précédé, définit-elle. Un média ne naît pas de nulle part, mais il se bâtit et s’érige à partir de modèles passés. » Elle note à titre d’exemple la forme ronde du CD, empruntée au vinyle, ou encore les pages qui se tournent sur les livres numériques.

Lors de cette conférence, elle étudiera les histoires que la littérature prête à la remédiation en photographie. « Le sujet principal que je vais développer sera de savoir comment la littérature ou une fiction littéraire raconte des récits à propos de la transition de la photo argentique à la photo numérique », précise-t-elle.

Il s’agit, d’après Mme Monjour, d’un thème largement abordé dans le monde littéraire. « On retrouve beaucoup d’éléments et de documentation sur tout ce qui touche au numérique en général, dit-elle. La littérature a toujours été un observatoire et un laboratoire des médias. »

Techniques, pratiques et récits

Elle précise que cette recherche sur la remédiation s’inscrit dans le champ d’études plus important de l’intermédialité, largement étudié à l’UdeM. En effet, elle relate que chaque média présente des pratiques et une réalité technique, appelée le médium (comme la pellicule en photographie). L’association des deux entraîne, d’après elle, l’élaboration de récits et de théories sur le média en question.

« Ces utilisations des médias, au fil du temps, vont forger des récits, confirme la postdoctorante. Au XIXe siècle par exemple, on pensait que l’œil des personnes mortes imprimait la dernière chose qu’il avait vue, à la manière des appareils photo. » Elle note qu’un exemple plus actuel de la remédiation de la photographie serait le bruit facultatif que font les appareils numériques pour rappeler celui des déclencheurs argentiques.

Mme Monjour présentera la conférence publique « L’imaginaire littéraire des chambres noires post-photographiques : raconter la remédiation » le 25 janvier au pavillon Lionel-Groulx (C-2059).