Que la lumière soit !

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Par Fatoumata Barry
vendredi 13 février 2015
Que la lumière soit !
La lumière est non seulement utile à la vision, mais elle est aussi essentielle au bon fonctionnement de l’horloge biologique. Crédit photo : flickr.com/radjaidja
La lumière est non seulement utile à la vision, mais elle est aussi essentielle au bon fonctionnement de l’horloge biologique. Crédit photo : flickr.com/radjaidja
La période hivernale est synonyme de températures glaciales, mais aussi et surtout de noirceur alors que le soleil se couche à partir de 16 heures. Son absence peut freiner la motivation des étudiants en ce début de session. Lorsque des fluctuations d’humeurs se convertissent en une humeur dépressive combinée à une irritabilité et à une fatigue chronique, s’exposer à la lumière peut aider à traverser cette période difficile.

«Quand je me lève et qu’il n’y a pas de soleil à l’extérieur, j’ai juste le goût de retourner me coucher, j’ai le goût de ne rien faire », indique l’étudiante au baccalauréat en psychologie Alimata Sanogo. Ces symptômes ressentis par plusieurs étudiants à cette période de l’année peuvent être causés par la diminution de l’ensoleillement.

La lumière est non seulement utile à la vision, mais elle est aussi essentielle au bon fonctionnement de l’horloge biologique. « L’horloge biologique se trouve dans l’hypothalamus, explique la professeure au Département de psychiatrie Marie Dumont. C’est ce qui régule tous les rythmes dans le corps tels que la sécrétion des hormones, la division des cellules ou encore le rythme d’éveil et de sommeil. Pour qu’elle fonctionne correctement, il faut qu’elle soit synchronisée avec le cycle jour et nuit extérieur. »

La dépression saisonnière ne doit toutefois pas être confondue avec la dépression clinique. « La grande distinction réside dans le fait que lorsqu’un individu est atteint de dépression clinique, il ne peut plus fonctionner du tout, indique la Dre Dumont . Cela n’est pas le cas dans la dépression saisonnière. Également, dès l’arrivée de l’été, les symptômes de la dépression saisonnière disparaissent, ce qui n’est pas le cas d’une dépression clinique. »

Pour parler de dépression saisonnière, il est toutefois nécessaire de présenter plusieurs symptômes, et c’est seulement après deux hivers au cours desquels ils se sont manifestés qu’un médecin pourra poser le diagnostic.

La luminothérapie

Pour soulager les symptômes causés par la dépression saisonnière, le meilleur moyen est de s’exposer à la lumière, qu’elle soit naturelle ou artificielle. « L’important, c’est que l’individu soit exposé au bon moment à la lumière, affirme la Dre Dumont. Il est préférable que ce soit le matin, sinon, on envoie un mauvais message à l’horloge biologique. »

La première étape à franchir consiste à adopter un rythme de vie différent en prenant par exemple une marche le matin et en s’exposant le plus souvent possible à la lumière du jour. « Des recherches auxquelles j’ai participé ont démontré que des individus dans un milieu de travail privé de lumière avaient davantage tendance à ressentir des troubles affectifs que ceux qui étaient plus sou­vent exposés à la lumière », explique la Dre Dumont, qui réfère à l’article scientifique « Light exposure in the natural environment : Relevance to mood and sleep disorders » qu’elle a publié en 2007.

De son côté, le Dr David Servan-Schreiber indiquait dans ses recherches de 2003 que l’activité physique peut également produire un effet antidépresseur chez certaines personnes. « En été, j’ai souvent plus le goût de faire mes travaux rapidement, car il fait beau dehors et j’ai envie de sortir, affirme l’étudiante au baccalauréat en sciences biomédicales Catherine Tardif . Par contre, en hiver, c’est le contraire. Je fais des activités physiques avant, ce qui me donne de l’énergie pour faire tout ce que j’ai à faire ou me permet de mieux dormir, dépendamment de l’intensité de mon activité sportive. »

Si la lumière naturelle et l’adaptation de son mode de vie ne suffisent pas à faire passer la déprime, il est possible de se procurer des lampes conçues spécifiquement pour contrer ce désordre affectif. « L’avantage est que ces lampes protègent des UV qui peuvent causer des maladies, affirme la D re Dumont. Il y a également des lampes qui simulent le lever du soleil et qui réveillent en douceur. »

Nuits blanches

En plus d’aider à contrer les fluctuations d’humeur, la luminothérapie peut aussi donner un coup de pouce aux étudiants qui cumulent quelques nuits blanches ou qui ont un cycle de sommeil bouleversé. L’étudiant au baccalauréat en psychologie François Delisle a l’habitude de vivre cette situation durant ses périodes d’examen. « J’ai souvent du mal à dormir, affirme-t-il. Sinon, quand je réussis à dormir, je me réveille en pleine nuit ou très tôt le matin. »

Selon la Dre Dumont, s’exposer à la lumière le matin peut aussi permettre de retrouver un rythme de sommeil plus régulier.

Dépression saisonnière

Symptômes à surveiller

• Fatigue chronique et somnolence durant le jour

• Irritabilité, tristesse et perte d’intérêt

• Degré plus élevé de stress : cet état peut engendrer des comportements compensa- toires tels que la consommation accrue d’alcool ou des envies incontrôlables d’aliments sucrés pouvant entraîner une prise de poids

• Baisse de productivité aux études ou au travail

• Baisse de libido

• Tendance à s’isoler

À ne pas confondre

Depuis décembre dernier, on trouve dans le Quartier des spectacles des constructions et des projections lumineuses sous le titre « luminothérapie ». Ce spectacle artistique de lumières ne doit pas être confondu avec la photothérapie. « Pour que l’on puisse considérer quelque chose comme une thérapie, il faut que l’individu y soit soumis à plusieurs reprises et à des moments propices » , explique la Dre Dumont. La seule exposition à ces lumières n’a donc aucun effet sur l’individu. Cependant, l’on a droit à un beau spectacle de couleurs.