Quand les socles donnent la réplique aux œuvres

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Par Louis-Philip Pontbriand
jeudi 5 septembre 2019
Quand les socles donnent la réplique aux œuvres
"Coke Zero" de John Boyle-Singfield. (Crédit photo Mike Patten).
"Coke Zero" de John Boyle-Singfield. (Crédit photo Mike Patten).
Jusqu’au 14 septembre, le Centre d’exposition de l’UdeM présente l’exposition RÉPLIQUES | STATUER*, qui propose un assemblage d’œuvres interrogeant le rapport traditionnel entre l’œuvre et son support.

« L’art de l’installation, c’est une sculpture qui est tombée par terre, résume le commissaire Emmanuel Galland, qui a obtenu son baccalauréat en arts plastiques et histoire de l’art à l’UdeM en 1996. Mon concept, c’est celui des œuvres-socles ou des socles-œuvres. » Il dit s’être intéressé au concept de réplique : d’une part, celui qui concerne le dialogue entre une œuvre et son socle; d’autre part, celui du mimétisme qui s’opère parfois entre ces deux éléments.

RÉPLIQUES | STATUER présente quinze œuvres, prêtées au Centre d’exposition par les artistes qui les ont créées. L’exposition comporte des sculptures, des maquettes et autres assemblages faits de matériaux allant du marbre à la mousse polyuréthane, en passant par de la boisson gazeuse. La pièce intitulée Sans titre (Coke Zero), de l’artiste John Boyle-Singfield, représente un présentoir d’apparence vide muni d’un simple socle blanc. « C’est, en fait, une œuvre évolutive qui tire son inspiration de la pièce Condensation Cube de Hans Haacke, explique M. Galland. Au bout de quelques heures ou de quelques jours, l’œuvre aura changé, comme le givre sur une fenêtre en hiver»

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Vue partielle de l’exposition RÉPLIQUES | STATUER IV (Crédit photo : Jean-Michaël Seminaro – Centre d’exposition de l’UdeM).

 

La pièce Ici et maintenant, du duo d’artistes Pierre&Marie, représente un extincteur qui repose sur une épaisse colonne de fumée émanant de son propre embout. « On dirait que l’extincteur annihile une œuvre qui était présente là avant que ne survienne un incident, tout en créant l’œuvre abstraite qu’est la fumée noire », interprète le commissaire, renvoyant la fumée à la fonction de socle.

Les fiches explicatives des œuvres sont disposées le long d’un mur de la salle. Plutôt que d’utiliser des photos pour permettre de rapporter chaque fiche à son œuvre correspondante, M. Galland a chargé un artiste de dessiner un pictogramme de chacune d’elles. « Cet aspect des vignettes n’est pas révolutionnaire en soi, mais il est original, précise-t-il. Ces dessins font partie intégrante de l’exposition. »

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Les dessins de Keelan Young permettent d’établir le lien entre chaque oeuvre de l’exposition et sa fiche correspondante. (Crédit photo : Jean-Michaël Seminaro – Centre d’exposition de l’UdeM).

 

Le dessinateur Keelan Young est également étudiant en sciences infirmières à l’UdeM. « Les dessins sont plus chaleureux que des images photographiques, opine celui qui travaille en parallèle à ses études sur un projet de bande dessinée. Les œuvres sont présentées au milieu de la pièce, sans distraction. Tu es pris par l’œuvre. »

Présentée depuis le mois de mai, l’exposition se terminera le 14 septembre. « L’été nous a permis de développer un public autre qu’étudiant, tel que des camps de jour ou des classes de francisation, informe l’agente de promotion et liaison du Centre d’exposition, Karine Larocque. Celle-ci ajoute que la rentrée permet aux nouveaux étudiants de découvrir cette exposition avant qu’elle se termine.

* RÉPLIQUES | STATUER. Les figures du socle – Partie IV