Quand le français rencontre l’anglais

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Par Mylène Gagnon
mercredi 17 janvier 2018
Quand le français rencontre l’anglais
L’étudiante à la maîtrise en langue et littérature françaises Amélie Langlois estime qu'étudier à McGill possèdent ses avantages et ses inconvénients. (Crédit photo : Benjamin Parinaud)
L’étudiante à la maîtrise en langue et littérature françaises Amélie Langlois estime qu'étudier à McGill possèdent ses avantages et ses inconvénients. (Crédit photo : Benjamin Parinaud)
À Montréal, les universités anglophones McGill et Concordia offrent des programmes de littératures françaises et cherchent à attirer des étudiants, notamment grâce à des incitatifs financiers. Ces cursus comportent leurs avantages et leurs inconvénients.

Après avoir terminé son baccalauréat en études littéraires à l’UQAM, l’étudiante à la maîtrise en langue et littérature française, Amélie Langlois, a choisi de poursuivre ses études à McGill. « Je voulais absolument travailler avec [le professeur] Alain Farah en création littéraire, confie-t-elle. Mon choix s’est arrêté sur McGill pour deux autres raisons. D’abord, car il y a un très bon programme de financement de 3 000 $ dès l’admission. Ensuite, parce que c’est un petit département, les professeurs sont très accessibles. Ils ont du temps à nous accorder. » À titre de comparaison, l’UdeM offre un financement minimal garanti de 2 000 $ pour la rédaction d’un mémoire en littérature française.

Même son de cloche chez l’étudiante à la maîtrise en littératures francophones et résonnance médiatique à Concordia Valérie D’Auteuil, qui a complété un baccalauréat en littératures de langue française à l’UdeM. « Le financement était incroyable, dit-elle avec enthousiasme. J’ai postulé une fois seulement pour une bourse et j’en ai eu trois, pour un total de 12 000 $. » Valérie ne croit pas qu’elle en aurait obtenu autant à l’UdeM en raison de la compétition féroce.

Le directeur du Département de langue et littérature françaises (DLLF) de McGill, Pascal Brissette, explique ce financement par le besoin qu’a McGill d’attirer des étudiants. « Notre département en profite, se réjouit-il. Ça permet à la maîtrise et au doctorat d’avoir le système de financement le plus généreux au Québec en littérature. »

La grande disponibilité des professeurs est également un avantage majeur selon Valérie. « Ma directrice de maîtrise n’avait pas d’autres étudiants tout au long de ma rédaction, ajoute-t-elle. Je vais dîner chez elle deux fois par semaine pour travailler. Je ne crois pas que j’aurais eu ce contact-là ailleurs. »

Concordia : disparition de la maîtrise et initiation à la langue

Les avantages énoncés par Valérie n’ont pas empêché la fermeture de son programme de maîtrise à Concordia en 2016. « Il n’y avait pas assez d’inscriptions, admet-elle. Nous étions trois dans ma cohorte. Par contre, les classes étaient pleines au bac. » Quant au doctorat, il n’est pas offert. « Quand tu entres dans un système universitaire, tu souhaites généralement y rester, indique-t-elle. Tu connais les profs, l’administration… Tandis que là, tu frappais un mur. »

Au baccalauréat, les étudiants étrangers, dont le français n’est pas la langue maternelle, peuvent s’inscrire à des cours de littérature de niveau débutant. « C’est l’occasion de les initier à la culture québécoise, développe la professeure au Département d’études françaises de Concordia Sophie Marcotte. Quand leur niveau de français sera supérieur, ils pourront se retrouver dans les mêmes classes que les étudiants dont le français est la langue première. »

McGill : trouver des solutions au manque d’étudiants

Même si elle louange certains aspects du département, Amélie soutient que les universités anglophones ne présentent pas seulement des avantages. Elle ajoute qu’en raison du nombre peu élevé d’inscriptions, moins de cours sont offerts que dans les autres universités. « Je me suis inscrite au doctorat à l’UdeM, car je veux poursuivre en création, ce que je ne peux pas faire à McGill, déplore-t-elle. Il y a un plus grand choix de cours à l’UdeM parce qu’il y a plus d’étudiants. »

M. Brissette concède que le département est victime de l’étiquette anglophone accolée à l’ensemble de l’Université. « Tout le monde croit que les cours d’études littéraires se donnent en anglais, comme les départements de French Studies dans les autres provinces et aux États-Unis », estime M. Brissette. Ce qui est faux, selon lui, puisqu’à McGill tous les cours du programme sont donnés en français et la majorité des étudiants sont francophones.

Pour concurrencer les autres programmes universitaires, la structure du baccalauréat sera redéfinie à l’automne 2019. Comme pour les autres programmes, il est requis d’avoir terminé une mineure à l’extérieur du département, mineure qui, de facto, se fait en anglais. Ce système sera suspendu pour offrir un baccalauréat de 90 crédits en français, avance le directeur du DLLF. Il attend avec hâte de voir l’effet sur les inscriptions.