Profil des agresseurs sexuels

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Par Mariama Diallo
vendredi 21 octobre 2016
Profil des agresseurs sexuels
Derrière le visage des criminels, des individus imprévisibles aux multiples facettes. Entrevue avec le professeur au Département de criminologie de l’UdeM et directeur du groupe de recherche sur les agresseurs sexuels (GRAS), Jean Proulx, qui dresse le profil des agresseurs sexuels.

L’Institut national de santé public du Québec (INSPQ) affirme que si les agresseurs présentent tous un intérêt sexuel déviant et des distorsions cognitives – conceptions erronées de la réalité – c’est bien les seules choses qu’ils ont en commun. La personnalité, le mode de vie et le parcours des agresseurs s’avèrent très hétérogènes.

Au Québec, les spécialistes distinguent trois catégories : les agresseurs d’enfants, les agresseurs d’adultes et les mineurs auteurs d’infractions sexuelles. Chaque groupe contient plusieurs profils aux caractéristiques spécifiques associées au mode de vie, à la nature du crime, ainsi qu’à la proximité avec la victime. « Le plus dangereux des agresseurs est le sadique », affirme M. Proulx. Représentant 15 à 20 % des agresseurs d’adultes, le sadique prend plaisir à infliger de la souffrance. « Il glisse facilement vers le meurtre et tend à récidiver », explique-t-il.

Trouver le coupable

Établis grâce aux techniques de profilage criminel, les profils n’ont pas vocation à prévenir les agressions sexuelles. « On peut difficilement prévenir le passage à l’acte de ces prédateurs », explique le professeur. Il rappelle par ailleurs que quelqu’un qui possède les caractéristiques d’un profil n’est pas nécessairement un agresseur. « Établir un profil grâce aux informations recueillies sur la scène de crime priorise les individus qui y correspondent, sans pour autant négliger les autres », développe-t-il. Les antécédents judiciaires, les témoignages et la proximité avec la victime restent les informations prioritaires pour aider les enquêteurs à trouver le coupable.

Les profils facilitent le travail des soignants. « Ils permettent d’ajuster les traitements en fonction des besoins de chacun », commente M. Proulx. Les sujets apprennent à gérer la colère et à développer des habiletés sociales grâce aux traitements de type cognitifs comportementaux. « La récidive passe alors de 17 à 10 % », souligne-t-il. Pour les individus les plus dangereux, la castration chimique reste l’ultime recours s’ils sont volontaires selon M. Proulx.

Face à l’agresseur

Pour le spécialiste, difficile de reconnaître le profil d’un agresseur lorsqu’on se fait attaquer. « La victime est en état de panique, elle n’a pas les idées assez claires pour reconnaître un profil, affirme-t-il. Si elle se soumet à un sadique en pensant avoir à faire à un opportuniste, elle se met encore plus dans le trouble, car c’est exactement ce qu’il recherche. »

M. Proulx rappelle que la meilleure option, face à l’agresseur, reste la fuite. « Si vous pouvez crier, faites-le, quelqu’un pourrait vous entendre et venir à votre secours », conseille-t-il. Il recommande aussi aux femmes, qui représentent près de neuf victimes d’agressions sexuelles sur dix, de sécuriser leur logement et d’éviter de se retrouver seules dans des endroits peu familiers.

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