Professeur, encore un métier d’homme?

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Par Eva Nelly Melli Jessy
mercredi 26 novembre 2014
Professeur, encore un métier d’homme?
La présence de femmes dans le corps professoral, permet de fournir un modèle à des étudiantes qui aimeraient se spécialiser dans l’enseignement.
Crédit photo : Isabelle Bergeron
La présence de femmes dans le corps professoral, permet de fournir un modèle à des étudiantes qui aimeraient se spécialiser dans l’enseignement.
Crédit photo : Isabelle Bergeron
Malgré la politique de parité en matière d’embauche instaurée par l’UdeM en 2009, les femmes sont encore largement minoritaires au sein du corps professoral de l’Université. Selon les données officielles de l’UdeM pour l’année 2013-2014, elles représentent 38 % des effectifs chez les professeurs.

La politique de parité en matière d’embauche instaurée par la direction des ressources humaines garantit l’équité entre les genres.« Les salaires sont identiques pour les femmes et pour les hommes, indique la directrice de l’École de service social de l’UdeM, Dominique Damant. Il n’y a pas de discrimination et nos tâches sont les mêmes : nous devons enseigner, faire de la recherche et encadrer des étudiants. »

Ce programme de parité pourrait être la cause de la légère hausse de la représentativité des femmes professeures à l’UdeM qui est passée de 36 % à 2011 à 38,3 % en 2014. Pourtant, l’écart entre leur représentativité et celle des hommes reste considérable au fil des années. « Ce qui est plus difficile, c’est la conciliation travail-famille, croit Mme Damant. Toutes les recherches indiquent que même chez les professeurs d’université, les tâches ménagères sont encore effectuées davantage par les femmes que par leurs conjoints. »

Concilier travail et famille

La professeure titulaire au Département de sociologie de l’UdeM, Claire Durand, estime que le métier de professeur comporte des horaires chargés, un poids qui pèse lourd dans la balance. « Il faut être déterminé pour pouvoir faire ce métier, assure-t-elle. Après le doctorat, il faut attendre qu’un poste se libère ou soit créé pour être embauché. Aussi, les professeurs travaillent environ 50 heures par semaine et c’est beaucoup. » La présence de femmes dans l’enseignement permet pourtant de manière plus large de fournir un modèle aux étudiantes qui souhaiteraient éventuellement se lancer dans un doctorat.

Une approche et des méthodes différentes ?

Du côté des étudiants, on estime que la présence des deux genres dans le corps professoral permet de promouvoir les forces de chaque sexe. « Il y a des sujets mieux traités par des femmes et d’autres par des hommes », estime l’étudiante au baccalauréat en psychologie, Emmanuelle Beaulieu.

Toutefois, certains ont une préférence pour un genre. « J’ai l’impression que la femme est beaucoup plus empathique et abordable, juge l’étudiant au baccalauréat en psychologie, Alexandre Assouad. Durant mes années de baccalauréat, les professeures que j’ai eues étaient mieux organisées. Par exemple, leurs présentations PowerPoint étaient mieux structurées, comparées à celles de leurs homologues masculins qui ne contenaient souvent qu’une seule phrase par diapositive. »

Pour l’étudiante au certificat en relations publiques, Chloé Bumalys, c’est l’inverse qui se produit.« Je trouve que les contacts sont plus faciles entre les étudiants et les professeurs masculins, dit-elle. Les femmes sont plus difficiles d’accès. »

Selon Service Canada, l’âge moyen des professeurs d’université est plus élevé que celui de l’ensemble des travailleurs. Sur le site internet de Service Canada, on peut lire que « la proportion de professeurs d’université âgés de 55 ans et plus était en 2006 beaucoup plus élevée que dans l’ensemble des professions (32 % par rapport à 15 %, selon les données du recensement). » Reste donc à déterminer si la sous-représentativité des femmes dans le corps professoral n’est plus qu’une histoire de temps.