Prévenir la maladie mentale à l’UdeM

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Par Ursule Ferland
mardi 29 janvier 2013
Prévenir la maladie mentale à l'UdeM
Le commissaire adjoint à la santé et au bien-être du Québec, jacques e. Girard, reconnaît le travail des centres de soutien psychologique en milieu scolaire.
Le commissaire adjoint à la santé et au bien-être du Québec, jacques e. Girard, reconnaît le travail des centres de soutien psychologique en milieu scolaire.

Les étudiants de l’UdeM sont de plus en plus nombreux à avoir recours aux services du Centre de santé et de consultation psychologique de l’UdeM (CSCP). Pour répondre à cette demande, le CSCP a effectué en 2012 près de 680 entrevues individuelles de plus que l’année précédente. L’objectif du centre est de maintenir cet accroissement des consultations à un taux de 10 % par année.

La directrice du CSCP, France McKenzie, affirme que le Centre n’est pas en manque de ressources financières. « Pour le moment, la cotisation que les étudiants payent sur leur facture de droits de scolarité aux Services aux étudiants (SAE) et l’autofinancement du Centre suffisent aux besoins financiers du CSCP », soutient-elle.

L’équipe du CSCP compte 16 psychologues permanents, 10 en résidence et 18 contractuels. Elle a tenu un stand d’information lors de la rentrée automnale, afin que davantage d’étudiants soient au courant de son existence. L’étudiante au certificat en traduction, Alice (nom fictif), qui n’a jamais consulté un psychologue au CSCP, affirme qu’elle n’hésiterait pas à les contacter si le besoin se faisait sentir. « Leurs tarifs préférentiels sont très intéressants, affirme-t-elle. Un suivi psychologique dans le secteur privé est inabordable pour moi. »

L’étudiante au baccalauréat en études classiques, Sophie (nom fictif), n’avait, quant à elle, jamais eu vent des services du CSCP. « Mon programme d’études est exigeant, reconnaît-elle. Ça peut m’arriver d’avoir besoin de parler à quelqu’un de mes soucis.» Sophie a déjà eu recours à un psychologue dans le système privé auparavant. Elle ne met pas de côté la possibilité d’aller vers le CSCP.

Le commissaire adjoint à l’appréciation et à l’analyse du Bureau du Commissaire à la santé et au bien-être du Québec, Jacques E. Girard, reconnaît le travail qu’effectuent les centres de soutien psychologiques en milieu scolaire.

Il pense que l’accès gratuit aux soins psychologiques dans le privé est un excellent moyen pour venir en aide à ces centres. « Une personne sur cinq aura un trouble mental au cours de sa vie, affirme M. Girard. Soixante-dix pour cent de ces troubles se manifesteront avant l’âge de 25 ans. » C’est la raison pour laquelle le commissaire adjoint pense qu’il faut mettre les moyens nécessaires pour prévenir la maladie mentale chez les jeunes.

Huit semaines pour une thérapie

« Nous sommes satisfaits des services que nous offrons aux étudiants, affirme

Mme McKenzie. Cependant, nous pouvons toujours mieux faire.» La directrice du CSCP comprend que le temps d’attente avant d’avoir une place en consultation peut sembler long pour un étudiant dans le besoin. « Actuellement, il se chiffre à huit semaines d’attente après l’entrevue d’introduction, déclare-t-elle. Cette entrevue d’introduction s’obtient rapidement et sert de référence aux intervenants afin qu’ils ciblent bien les besoins des étudiants et qu’ils les dirigent vers la bonne personne-ressource. »

L’équipe du CSCP est actuellement en période de planification pour l’année 2013-2014 afin d’améliorer et d’optimiser ses services. Elle tente de développer de nouveaux projets, comme la mise en place d’ateliers thérapeutiques de groupe, qui pourraient, de ce fait, réduire les consultations individuelles. Ce programme n’est toutefois rendu qu’à l’étape de l’étude.

« Ce n’est pas normal qu’un étudiant attende huit à dix semaines pour amorcer une thérapie, regrette M. Girard. Rendre la psychothérapie gratuite dans le privé permettra de désengorger les centres de soutien universitaires. » Selon M. Girard, les psychothérapeutes qui travaillent actuellement dans les centres de santé où les soins sont gratuits représentent à peine le quart de toutes les ressources en psychothérapie disponibles sur le territoire québécois.

Étudiants assaillis de problèmes

Selon MmeMcKenzie, il est difficile de faire l’association entre l’augmentation des demandes en soins psychologiques et la probable détresse grandissante dans la communauté étudiante. Elle constate par contre que « les difficultés des patients sont plus diversifiées qu’autrefois » et que « les étudiants se présentent avec une multiplication de problèmes, plutôt qu’avec un seul tracas précis à régler. » C’est ce que le jargon médical nomme « comorbidité », soit la présence simultanée de plusieurs troubles. Selon M. Girard, il faut trouver de nouveaux moyens d’amener les jeunes qui ont une maladie mentale à aller chercher de l’aide. C’est pourquoi il se réjouit que le nombre de consultations augmente dans les centres de soutien psychologique en milieu scolaire.

Des activités tenues par des bénévoles formés par des professionnels de la santé sont déjà proposées pour tenter de répondre à différents malaises récurrents chez certains étudiants. Il s’agit souvent de problèmes d’anxiété et de solitude traités dans les stands Écoute- Référence du CSCP. «Le bien-être d’une communauté, qu’elle soit étudiante ou autre, doit passer, entre autres, par la prévention», conclut MmeMcKenzie. Deux périodes de garde d’urgence sont mises à la disposition des étudiants qui réclament de l’aide pressante. Le CSCP, en collaboration avec le SAE, a également comme objectif de concevoir de nouvelles activités de prévention pour accompagner celles qui existent déjà.

En collaboration avec Elom Defly