Pourquoi lire ce qu’on lit ?

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Par Rose Carine Henriquez
mercredi 2 novembre 2016
Pourquoi lire ce qu’on lit ?
Illustration : Adriane Paquin-Côté.
Illustration : Adriane Paquin-Côté.

L’automne est la saison idéale pour découvrir le lecteur en nous. Ou se réconcilier avec lui s’il s’est égaré entre le rythme effarant de la vie et les journées qui n’ont pas assez d’heures. Cette saison de la lecture débute à Montréal avec le Festival international de littérature et se clôt un peu après le Salon du livre, sous le thème « Pourquoi lis-tu ? ».

Deux diplômées de l’UdeM se sont lancées dans un projet atypique, celui de dresser le portrait du lecteur souterrain par le biais de la photographie. Sur leur blogue lancé au mois d’octobre s’illustrent une diversité littéraire et des visages absorbés par les mots. Des gens qui absorbent. Des gens un peu ailleurs.

Pourquoi lire ? La question est vaste et mille raisons existent, toutes légitimes. Et si la question était pourquoi lire ce qu’on lit. Selon une étude* parue en septembre dernier dans le magazine Social Science & Medicine, lire 30 minutes par jour réduirait de 17 % le risque de mourir dans les 12 années suivantes. Cette diminution serait plus visible chez les lecteurs de fiction par opposition aux lecteurs de non-fiction, de périodiques et de quotidiens.

Est-ce qu’il est plus difficile de s’échapper des drames qui se jouent dans les pages de l’actualité ? Allons-nous mourir plus vite en nous informant ? Il y a dans cette idée une aura de vérité, car notre coeur se brise un petit peu plus chaque jour en lisant les journaux. Pourtant, cette lecture est un acte de connexion et d’ouverture essentielle sur un monde beau et laid en même temps.

Un monde lointain, mais aussi tout près, qui peut se retrouver dans le journal du campus. Le journal du quartier. De la ville. Du monde. Cette chaine d’informations et de connaissances – car ces auteurs du quotidien ne font pas qu’annoncer la mort – vient de pair avec la liberté qu’ils ont de s’exprimer. Liberté fragile et menacée par l’ambiance d’intimidation qui règne envers les médias par les temps qui courent.

La presse a besoin de ses lecteurs et de la confiance qui se dégage du geste de se procurer un journal, de vouloir être « conscient » de ce qui nous entoure. Il est normal aussi de se sentir coupable, responsable, impuissant face à ce flot d’informations. Il arrive parfois, d’être émerveillé par ce qui se trouve dans l’actualité. Parfois, cela ressemble à de l’espoir.

Et bien sûr, cet espoir peut se retrouver dans une oeuvre fictionnelle ou vraie, classique ou contemporaine, graphique ou en actes. Dans une autre langue que la nôtre.

En fin de compte, on lit ce qu’on lit, car cela s’accorde avec notre désir d’être remués, touchés, confrontés. Et pour apprendre. Toujours apprendre parce que l’ignorance ne peut que nous perdre. Lire nous donne l’occasion de ressentir, de s’indigner, d’inspirer nos actions citoyennes et humaines. Briser la solitude en créant cette communauté connectée par les mots d’où qu’ils proviennent et peu importe leur mission. Pourquoi lis-tu ? La créatrice du blogue québécois Sophielit.ca, Sophie Gagnon donne une réponse qui sonne comme une évidence. « Pourquoi je lis, quel drôle de question, est-ce que vous me demandez pourquoi je respire ? »

*Étude menée par des chercheurs à l’école de santé publique de l’Université Yale. Source : Radio-Canada.ca