Pour le meilleur et pour le pire

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Par Leslie Doumerc
mardi 7 décembre 2010
Pour le meilleur et pour le pire

Que ne ferait-on pas par amour…

Voilà comment je me suis retrouvée un dimanche enneigé au Boudoir de la Mariée, un salon du mariage « différent, chic et glamour », au musée Juste pour rire (et ce n’est pas une blague). Au milieu des fiancées en tailleur et talons hauts qui préparaient le plus beau jour de leur vie, j’ai distingué une grosse paire de bottes de neige familière. Kodak à la main, mon amie dénichait les tendances 2011 en matière de robe de mariée en prévision d’un papier pour Elle Québec. Ma quête personnelle : m’inspirer de ce monde glamour où amour rime avec toujours pour ce dernier édito de la session universitaire. Déception ! Je n’ai pas trouvé l’effervescence de sentiments attendue auprès de ces demoiselles, bien trop occupées à déguster des mignardises, gagner leur lune de miel en Jamaïque et fréquenter l’open bar à ongles pour une manucure écarlate. En les regardant aller, j’essayais de me rappeler quelle personnalité avait dit à propos des mariages d’aujourd’hui qu’ils n’étaient ni union, ni multiplications, mais des additions en attendant la division*. Je me suis sauvée rapidement, écoeurée par le trop peu d’amour et le trop plein de cupcakes.

Pourtant, le sentiment amoureux est partout, et pour ce « Spécial Amour », l’équipe de Quartier Libre n’a pas eu à trop se forcer pour faire les liens. Il y a ceux qui le pratiquent à plusieurs (p. 19), ceux qui l’écrivent (p. 22 et 23), ceux qui le lisent (p. 23), ceux qui le chantent (p. 24) et même celles qui en font leur affaire comme la love coach Léa Stréliski (p. 17) et Louise Deschâtelets la plume derrière le « Courrier du coeur» (p. 27). Dans nos pages centrales (p. 14 et 15), nous avons osé le photo-roman expérimental : une histoire « fleur bleue» dans les lieux les moins romantiques de Montréal (échangeur Turcot, rues en travaux, Belle Province, dépanneur, chambre étudiante de 9 m2). Dans cet univers contrasté, nos deux tourtereaux parviendront-ils à conclure ?

Mais trêves de mièvreries, trêves de quétaineries, car, on le sait bien, les histoires d’amour finissent mal en général (copyright Les Rita Mitsouko). Entre les associations étudiantes et le gouvernement, le divorce est consumé (dossier en p. 4 à 7). Lundi 6 décembre dernier, vous étiez presque 60000 étudiants québécois à faire grève et plusieurs milliers à manifester à Québec pour protester contre la hausse des droits de scolarité. À l’extérieur comme à l’intérieur de l’hôtel Hilton, la tension était aussi palpable que les énormes flocons de neige. «Comme avec un adolescent, quand il boude et qu’il s’en va dans son coin, c’est dur de trouver une solution», dira notre recteur Guy Breton, déçu par le départ précipité des étudiants de la table de négociations. «Hors de question de négocier notre appauvrissement!», scanderont ces derniers. Bilan: les parties, campées sur leur position, semblent irréconciliables, et les négociations à l’amiable sont dans l’impasse.

Seule « bonne nouvelle»: si, pris dans vos révisions, vous avez été terriblement frustrés de rater la mobilisation, gageons que vous aurez l’occasion de vous reprendre à maintes reprises en 2011, pour faire la guerre, pas l’amour.

*Maurice Donnay, dramaturge français (1859-1945)