Polluer…

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Par Marie-Ève Brassard
lundi 3 février 2020
Polluer...
En une heure, vingt-deux étudiants membres du groupe Éco-leaders de l’UdeM ont ramassé plus de quatre kilos de mégots de cigarette sur la place Laurentienne. Photo : Jacob Côté
En une heure, vingt-deux étudiants membres du groupe Éco-leaders de l’UdeM ont ramassé plus de quatre kilos de mégots de cigarette sur la place Laurentienne. Photo : Jacob Côté
En une heure, vingt-deux étudiants membres du groupe Éco-leaders de l’UdeM ont ramassé plus de quatre kilos de mégots de cigarette sur la place Laurentienne. Les substances chimiques relâchées dans la nature par les résidus de cigarette engendrent des répercussions environnementales. L’Université cherche actuellement des solutions.
LE FILTRE DES CIGARETTES EST FAIT DE FIBRES D’ACÉTATE DE CELLULOSE, UN PLASTIQUE NON BIODÉGRADABLE QUI PREND EN MOYENNE 12 ANS À SE DÉGRADER.

Ce qu’on désigne communément au Québec comme des butchs de cigarette trônent parmi le palmarès des déchets les plus fréquemment retrouvés dans la nature1. Le campus de l’UdeM ne fait pas exception à cette règle.

Petit déchet, grosses conséquences

Malgré la petite taille d’un mégot, un seul suffit pour polluer approximativement 500 litres d’eau, selon Info-tabac2. Dans un rapport datant de 2018, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) conclut que les produits chimiques relâchés mettent en péril la survie de nombreux organismes vivants3.

La Société pour l’action, l’éducation et la sensibilisation environnementale de Montréal (SAESEM) précise quant à elle que c’est environ 4 000 substances chimiques qui se retrouvent dans l’environnement lorsqu’un mégot se dégrade. Toujours selon la SAESEM, le filtre apposé à l’extrémité des cigarettes pour protéger le fumeur de certaines substances toxiques est fait de fibres d’acétate de cellulose, un plastique non biodégradable qui prend en moyenne 12 ans à se dégrader.

Un geste banalisé

Pour la présidente de l’Association des éco-leaders de l’UdeM, Catherine Tremblay, si l’on retrouve toujours autant de mégots par terre, c’est parce que le geste de se débarrasser de sa cigarette n’importe où est banalisé. « C’est tellement devenu une habitude, même quand tu regardes un film, tu vois le personnage jeter sa cigarette sur le trottoir, explique-t-elle. Quand tu as passé toute ta vie à voir des gens qui font ça dans la rue, ça devient un comportement normal. »

Cette attitude ne signifie pas pour autant que les gens n’ont pas de conscience environnementale, selon Catherine. « Beaucoup de fumeurs savent que c’est nocif pour l’environnement, mais le font quand même, parce qu’ils ne connaissent pas l’ampleur des conséquences de ce geste », affirme-t-elle.

Des pistes de solution ?

Selon la porte-parole de l’UdeM, Genevière O’Meara, le campus n’est pas régi par un règlement spécifique sur la disposition des mégots. Les agents de sécurité peuvent donner des avertissements aux étudiants qui seraient pris en flagrant délit, mais il n’y a pas d’autre conséquence à ce geste. D’après elle, bien que le campus soit équipé de plusieurs cendriers à des endroits stratégiques, le problème des mégots de cigarette persiste.

Afin de faire face à la situation, l’administration a pris en compte la solution proposée par la SAESEM dans le cadre du programme Mégot Zéro (voir encadré), qui consiste en l’implantation de cendriers permettant de recueillir les mégots pour ensuite les recycler.

Les pourparlers entre l’UdeM et la SAESEM n’ont cependant pas été concluants. « Nous n’avons pas eu de réponses à certaines de nos questions qui concernaient notamment le lieu de recyclage des mégots aux États-Unis et la disposition de matière combustible dans la cigarette, qui est une matière dangereuse », affirme Mme O’Meara.

Le directeur général de la SAESEM, Vincens Côté, n’était pas en poste lors des discussions. Il est cependant confiant quant à l’efficacité de son programme.

« Partout où nous sommes implantés, les cendriers sont de plus en plus pleins, constate-t-il. Le premier objectif du programme est de faire en sorte que les mégots ne se retrouvent pas par terre, afin d’éviter la contamination des sols et des cours d’eau. Le deuxième objectif, qui est la cerise sur le sundae, c’est que les mégots puissent être recyclés. »

L’UdeM demeure donc à la recherche de solutions afin de s’attaquer au problème des mégots qui parsèment le sol du campus.

1. Green, D. S., Boots, B., Carvalho, J. D. S. et Starkey, T. (2019) : Cigarette butts have adverse effects on initial growth of perennial ryegrass and white clover. Ecotoxicology and environmental safety, 182, 109418.

2. Info-. tabac.ca (2018) : Les nuisances environnementales du Tabac, [https://info-tabac.ca/les-nuisances-environnementales-du-tabac/], consulté le 20/01/2020.

3. Zafeiridou, M., Hopkinson, N. S. et Voulvoulis, N. (2018) : Cigarette smoking : an assessment of tobacco’s global environmental footprint across its entire supply chain. Environmental science & technology, 52(15), 8087-8094.

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