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L’Institut Simone de Beauvoir a été fondé il y a 35 ans.
Crédit photo : Isabelle Bergeron

Plus qu’un programme, un mouvement

«À ce jour, aucune discussion formelle ne s’est tenue à ce sujet, explique le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion. Plusieurs aspects doivent être pris en consi­dération avant de créer un nouveau programme. Par exemple, le fait que d’autres universités offrent ce même programme. »

L’idée n’est toutefois pas écartée. « C’est dans les plans d’en discuter lorsqu’il sera question de la création de programmes », précise M. Filion . En mars dernier, l’UdeM accueillait son premier colloque sur le fémi­nisme. Des professeures et des étudiantes y ont souligné l’intérêt de chercheuses envers un programme sur le féminisme à l’Université.

Une façon de voir le monde

Les études féministes offrent une formation interdisciplinaire sur les rapports so­ciaux entre les sexes, ainsi que sur les enjeux culturels et historiques qui en découlent. « On ne forme pas de spécia­listes, mais surtout des gens qui ont un esprit critique et des outils d’analyse dans leur trousseau féministe », affirme la professeure et responsable du programme Women’s studies de l’Université Concordia, Geneviève Rail.

En 2014, l’Institut Simone de Beauvoir de Concordia a reçu 303 demandes d’inscription et compte actuellement 180 étudiants. « L’Institut a récemment connu une plus grande visibilité et a vu son nombre d’étu­diants augmenter de 4 % par année dans les cinq dernières années », constate Mme Rail. L’Institut compte quatre programmes dans ce domaine au premier cycle, dont deux bacca­lauréats, une mineure et un certificat.

L’Institut de recherches et d’études féministes de l’UQAM (IREF), de son côté, attire environ 1 500 étudiants chaque année dans des programmes basés sur la pluridisciplinarité. La secrétaire de gestion de l’Université rapporte en moyenne une soixantaine d’admissions par année pour le certificat en études féministes, le total en 2014 étant de 83 admissions. L’UQAM enregistre annuellement environ une dizaine d’inscriptions pour la concentration de premier cycle en études féministes.

Un emploi en tout sauf en études des femmes

Parmi les carrières récurrentes dans lesquelles se dispersent les diplômés en études des femmes, Mme Rail cite les domaines liés au filet social, les organisations communautaires et à but non lucratif (OBNL), les organismes sociaux, l’éducation, les sciences humaines et sociales . « Quand on termine des études féministes, on trouve un emploi dans n’importe quoi sauf en études des femmes », soutient Mme Rail, qui vient de rédiger une dizaine de lettres de recommandation pour des étudiantes qui comptent exercer le droit.

Diplômée d’une mineure en Women’s studies à McGill lorsque le programme était encore à ses débuts vers la fin des années 1990, Holly-Gauthier-Frankel est doubleuse et donne aujourd’hui des cours de danse burlesque. « C’est vraiment le seul domaine dans lequel je trouve que mes études féministes m’ont aidé, mais je ne trouve pas que mon diplôme m’a rapporté sur le plan d’un travail rémunéré », perçoit-elle.

Même si les programmes existants ne sont pas conçus pour répondre à la demande du marché du travail, l’étudiante en philosophie à l’UdeM qui fait partie de plusieurs groupes féministes Hind Fazazi évoque pourtant l’importance de cet enseignement. « Habituelle­ment quand on étudie en Women’s studies ou en Critical race and gender studies on se destine à une carrière de professeur, avec l’objectif d’enflammer des étudiants, plus tard, sur des enjeux féministes, qui sont transversaux », affirme Hind.

En 1969, l’Université Cornell située dans l’État de New York devenait la première institution universitaire à offrir un programme d’études sur le féminisme.

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