Pirates du cyberspace

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Par Renaud.Manuguerra
mercredi 12 janvier 2011
Pirates du cyberspace

Tenu chaque année à Québec, le Hackfest est une compétition de piratage informatique où s’affrontent les meilleurs hackers du Québec en toute légalité pour leur plus grand plaisir et celui d’éventuels employeurs.

De la musique techno poussée au maximum. Un éclairage tamisé parsemé de voyants bleus, verts et rouges des ordinateurs. Du Red Bull qui coule à flot. Nous ne sommes pas dans un bar clandestin, mais bien dans un événement unique au XXIe siècle : une compétition de pirates informatiques. Dans cet univers particulier, différents clans se livrent bataille au milieu du cyberespace pour déterminer lequel défendra le mieux son système informatique.

Le Hackfest de Québec, organisé en novembre par une communauté du même nom, est l’un des points de rencontre obligés des pirates informatiques québécois. Il s’agit du plus gros événement de sécurité au Québec et de la deuxième plus grande compétition de piratage (hacking games) après le Hackus de Sherbrooke.

« Pirate » n’est pas vraiment un terme apprécié par cette communauté composée en grande majorité d’hommes entre 20 et 45 ans. Ces derniers se considèrent plutôt comme des testeurs d’intrusion, titre plus professionnel et moins s t i gma t i s é dans l ’ indus t r i e . D’ailleurs, la plupart des compétitions qui se déroulent au Québec sont axées sur les demandes de l’industrie. Les joueurs présents sont davantage de futurs employés de sécurité informatique qu’une menace sur le Web.

Attrape-moi si tu peux

Les épreuves sont nombreuses et étalées sur les trois journées de l’événement. Il y a d’abord une séance d’espionnage industriel fictif où il faut rassembler une équipe de joueurs qui doit défendre ses ordinateurs tout en attaquant ceux des autres. On retrouve aussi une épreuve de piratage de site Web et une épreuve de «capture du drapeau » où les équipes doivent s’approprier une ligne de code spéciale dans un ordinateur central pour ensuite la protéger des autres équipes. Une dernière épreuve peut sembler plus saugrenue : une séance de crochetage de serrure. «C’est plus facile de pirater un ordinateur quand on y a directement accès, sans avoir à passer par Internet, explique l’un des compétiteurs. Savoir faire sauter des serrures est un atout dans ces cas-là et c’est parfaitement légal, dans la mesure où on agit au nom d’une entreprise et uniquement pour qu’elle puisse tester sa propre sécurité.»

Sur les lieux, en dehors des participants, on retrouve surtout des entreprises qui sont présentes pour vendre de l’équipement informatique et des jeunes avides d’appr endr e l e s t e chnique s de s meilleurs compétiteurs. Toutefois, on ne trouve aucune entreprise faisant officiellement du recrutement auprès de ces spécialistes de la d é f e n s e e t d e l ’ i n t r u s i o n . Pourquoi ? « Question d’image des entreprises », relate un autre participant. S’il y a des embauches ou des contrats qui sont signés, cela se fait dans les couloirs de l’hôtel, en coulisse du Hackfest. On se croirait presque dans La Matrice. En effet, cet univers, empreint de technologie futuriste et de secret professionnel, est un monde rapide qui carbure à la musique techno et à la connexion haute vitesse.