Philanthrope sans argent

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Par Marine Bercovy
mardi 18 février 2020
Philanthrope sans argent
Photo : Association des jeunes philanthropes de l’UdeM (AJPUM)
Photo : Association des jeunes philanthropes de l’UdeM (AJPUM)
L’Association des jeunes philanthropes de l’UdeM (AJPUM) propose aux étudiants de démystifier la philanthropie. Le 6 février dernier, ses membres ont organisé une conférence sur les différentes pratiques altruistes à adopter autres que financières.
«  C’est juste la définition que les gens se sont appropriée, comme si donner son argent était assez. »
Léa Poitout, membre de l’Association des jeunes philanthropes de l’UdeM (AJPUM)

Faire don de soi, par son temps et non par de l’argent, telle est la vision de la philanthropie que l’AJPUM souhaite promouvoir auprès de la communauté étudiante. L’association fait le pont entre des organismes caritatifs et les étudiants qui désirent offrir leur aide. « Juste en participant à nos activités, les étudiants comprennent la vision que l’on veut donner à la philanthropie, déclare la membre de l’AJPUM Léa Poitout, également étudiante en sciences infirmières. Notre but est de faciliter les activités bénévoles pour les étudiants. »

L’AJPUM propose des événements de bénévolats de manière hebdomadaire dans plusieurs organismes montréalais, comme la préparation et la distribution de nourriture à l’association Accueil Bonneau.

Un mythe à déconstruire

Pour l’AJPUM, le fait que la philanthropie soit réservée aux personnes fortunées est un mythe. Dans l’imaginaire collectif, faire don de soi revient à donner de l’argent. Pour la conseillère aux relations avec les diplômés à l’UdeM et intervenante pendant la conférence du 6 février, Lindsay-Dora Germain, ce stéréotype relève de l’histoire. « Beaucoup de religieux faisaient la charité et on leur donnait de l’argent, car on considérait que c’était leur mission d’aider les gens », détaille-t-elle. Elle ajoute également que la valeur de l’aide se mesurait alors financièrement.

« C’est juste la définition que les gens se sont appropriée, comme si donner son argent était assez », rappelle de son côté Léa. Selon elle, il n’est donc pas surprenant que la communauté étudiante puisse mal s’identifier au domaine de la philanthropie.

Un changement des mentalités

Mme Germain estime que les mentalités autour de la philanthropie ont tendance à changer. D’après elle, la relation que les gens entretiennent avec l’argent évolue et le désir d’avoir une réelle influence sur la société s’accentue.

Ainsi, la plupart des personnes qui effectuent un don d’argent souhaitent renforcer leur participation dans la cause qu’ils défendent. « Quand on donne de l’argent, on est beaucoup plus conscient lorsqu’on sait à quoi il a concrètement servi », témoigne-t-elle. D’après la conseillère aux relations avec les diplômés de l’UdeM, s’engager dans les dons aide à élargir la définition de philanthropie. Un don aurait davantage d’effet si l’investissement financier était accompagné d’un suivi dans le temps et d’un appui plus concret.

Le bénévolat comme philanthropie

Selon Léa, la philanthropie est généralement associée à l’argent, ce qui explique que les individus aient tendance à ignorer que le bénévolat est aussi une application concrète de cette philosophie. « On ne distingue pas les deux : si tu fais beaucoup de bénévolat, tu fais partie du domaine de la philanthropie », affirme-t-elle.

« Il ne faut pas hésiter à faire preuve de spontanéité et à contacter des organisations qui nous parlent », estime Lindsay-Dora Germain. D’après elle, si les étudiants comprennent qu’investir un peu de temps peut affecter positivement la vie d’une personne, ils pourront retirer beaucoup de satisfaction en s’impliquant bénévolement, même de manière ponctuelle.

L’étudiante en relations industrielles, Maëlle Reveau, affirme avoir découvert le sens du mot philanthropie grâce à l’AJPUM. Selon elle, si les étudiants se reconnaissent mal dans cette pratique, c’est surtout par peur de l’inconnu. « Peut-être parce qu’ils n’ont jamais vraiment vécu d’expériences de bénévolat et ne savent pas du tout ce qu’ils peuvent recevoir des autres », témoigne celle qui a participé à la conférence du 6 février dernier.

C’est en s’impliquant dans une cause qui lui est chère qu’elle a vraiment pris goût à l’implication bénévole. « Une chose est sûre, c’est qu’une fois que tu commences à t’engager et à t’impliquer, tu ne peux plus t’arrêter ! », affirme-t-elle. D’après son expérience, il s’agit donc surtout d’une question de volonté et d’organisation.

Une diversité d’implications

La communauté étudiante possède divers moyens d’aider son prochain, sans impliquer d’argent. Selon Mme Germain, prendre part à des organismes à but non lucratif constitue l’un des engagements possibles.

Participer au conseil d’administration d’une organisation serait une précieuse façon d’aider. « Cela aide des organismes qui n’ont pas les moyens de grandir, explique-t-elle. S’engager dans les associations étudiantes est une première introduction à l’implication dans quelque chose auquel on croit. »

L’Université contient un large ensemble d’associations et d’organisations œuvrant pour des causes variées, telles que Greenpeace, l’Unicef ou l’ONU Femmes. Mme Germain précise que leur nombre permet aux étudiants de trouver plusieurs causes inspirantes.