Culture

« Le but, c'est de rejoindre le grand public et qu'il se sente interpellé. » - D. Kimm, fondatrice du nouveau festival Phénoména (Crédit photo : Courtoisie D. Kimm)

Phénomena : marginal mais accessible

Les non-initiés à l’art indépendant et marginal sont invités à venir à la rencontre des artistes du nouveau festival Phénomena, réincarnation de Voix d’Amériques. C’est dans les bars du Mile End que le public a rendez-vous du 16 au 26 octobre prochains pour cet évènement créé et dirigé par l’artiste interdisciplinaire D. Kimm.

Phénomena ouvre la porte à toutes les formes d’expression artistique, que ce soit le théâtre, la danse, la musique, la performance, le multimédia. «Je voulais assumer notre côté interdisciplinaire, que l’on puisse se permettre d’être exubérants en faisant des spectacles dehors, par exemple, indique D. Kimm. Le but, pour moi, c’est de rejoindre le grand public et qu’il se sente interpellé.»

D. Kimm assiste à tous les spectacles de son festival. «Moi, je suis là tout le temps, les gens peuvent me parler et je tiens à ça», dit-elle.

Parmi les incontournables de cette année, elle note « Le combat contre la langue de bois » qui réunit 14 débatteurs, allant de Gabriel Nadeau-Dubois à Gilles Proulx. Ils disposeront de cinq minutes chacun pour s’exprimer sur le sujet de leur choix. L’évènement a lieu le 24 octobre prochain au Cabaret du Mile End.

D. Kimm voue également une affection toute particulière aux micros ouverts qui auront lieu tous les soirs à 23 heures à la Casa del Popolo. «Pendant cinq minutes, tout est possible, poésie, chanson, performance…» Accompagnés sur scène par deux musiciens d’expérience prêts à improviser, les participants peuvent s’inscrire sur le site internet du Festival ou sur place le soir même.

Ce sera aussi l’occasion pour plusieurs de découvrir l’invité d’honneur du festival, l’artiste transgenre Genesis Breyer P-Orridge, indique la directrice artistique. Le performeur, écrivain et musicien britannique a provoqué beaucoup de controverses dans les années 1970. Membre du groupe Throbbing Gristle, il est un des précurseurs de la musique industrielle centrée autour de thématiques déviantes comme la prostitution, la pornographie ou les tueurs en série. «C’est intéressant de présenter quelqu’un d’aussi radical dans son art, mentionne D. Kimm. Genesis s’inscrit parfaitement dans la démarche artistique à contre-courant du festival. Je veux qu’on vive notre vie comme si c’était un film, une aventure, un livre dont on est le héros.»

Festival accessible

Pour arriver à garder son festival le plus accessible possible, la créatrice s’assure que ses évènements affichent des petits prix. Les séries Les corps conducteurs et Les turbulences, présentées respectivement à la Casa del Popolo et au Divan Orange, sont gratuites alors que le coût des autres spectacles varie entre 10 $ et 20 $.

«J’aime travailler avec des gens qui ont de petits budgets et qui font tout», mentionne la directrice artistique. Adepte du do-it-yourself, D. Kimm écrit des livres, compose de la musique et réalise des films depuis la fin des années 1980.

En 2002, elle fait un détour par HEC Montréal, mais ne termine pas sa formation. «Au même moment, je lançais Les filles électriques, ma compagnie de création d’évènements interdisciplinaires», raconte-t-elle.

L’année suivante, elle prend les rênes du festival de spoken word Voix d’Amériques, l’ancêtre de Phénomena. «Dans les dernières années du festival, on travaillait de manière interdisciplinaire de toute façon, alors je voulais me libérer d’un certain carcan et m’ouvrir à plus de formes d’arts, indique-t-elle. J’avais besoin de réaliser d’autres choses. »

 

Spectacles à ne pas manquer (par Julie Mathieu et Valentine Bourgeois)

Danse – La valeur des choses

Le chorégraphe Jacques Poulin-Denis présentera au festival Phénomena une version inachevée de son nouveau spectacle, dont la version intégrale ne sortira qu’en 2014. «La valeur des choses veut reconnaître ce qui est essentiel, explique M. Poulin-Denis. Si on partait en voyage avec les trois valeurs les plus importantes à nos yeux, qu’est-ce que ce serait?»

Le chorégraphe, compositeur et interprète en est encore à se questionner sur le sujet et sur la façon d’aborder son spectacle. «Je vais offrir une version cabaret où tout peut arriver, où tout doit arriver, dit-il. Il n’y a pas beaucoup d’espace pour danser sur la scène de la Casa, alors je vais devoir exploiter d’autres aspects.» La présence de l’auteur-compositeur- interprète Francis d’Octobre reste à confirmer pour l’accompagnement musical.

Présentement en résidence de création à Berlin, M. Poulin-Denis a présenté une première ébauche en août de La valeur des choses lors du Festival international de danse «Danse en août» à Berlin.

Casa del Popolo, 4873, boul. St-Laurent

19 octobre, 22 heures

Entrée libre (V.B.)

Théâtre – Erika Weisz disparue Dans un Montréal des années 1930, l’illusionniste Erika Weisz est portée disparue. Serait-ce un tour de magie ou le coup d’un macabre meurtrier ? Les membres du collectif de théâtre Pourquoi Jamais tentent de recoller les morceaux du casse-tête et de démystifier la disparition subite de cette pionnière fictive de la magie.

Habillez-vous chaudement, le spectacle a lieu à l’extérieur, dans le stationnement de la Sala Rossa. «Ce sera un spectacle poétique et créatif qui évoque la disparition de la magicienne, mais aussi le jeu entre le visible et l’invisible, entre le rêve et la réalité, entre hier et aujourd’hui», explique Julie Aubin, une des artisanes de la pièce.

À leur entrée, les spectateurs reçoivent une copie du journal qui relate la disparition de la magicienne. «Il s’agit d’écrits inspirés de la poésie de l’absurde ou du surréalisme dans le but de servir d’appui à la pièce», explique la comédienne Myriam Boivin-Comtois, aussi diplômée en sociologie à l’UdeM.

Fondé en 2008, le collectif Pourquoi Jamais favorise le travail entre artistes professionnels et amateurs. «Nous trouvons le désir de développer notre créativité par la création collective, communautaire et engagée», mentionne Mme Boivin-Comtois. Le collectif commencera, cet automne, un projet conjoint avec l’Association des locataires du quartier Villeray.

Stationnement de la Sala Rossa, 4848, boul. St-Laurent

Du 19 au 26 octobre, 19h30 (annulé en cas de pluie)

Entrée libre (J. M.)

Conférence / ThéâtreLes Phénomènes inexpliqués

Hypnotisme, magnétisme, esprits frappeurs, voyage astral, planète manquante, quatrième dimension, enlèvements par les extra-terrestres : ne soyez pas craintifs, le Regroupement d’entraide aux contactés (REAC) vous attend pour sa prochaine assemblée générale annuelle.

Créé par la directrice artistique D. Kimm, ce spectacleconférence se tient loin de la parodie. «C’est surtout de l’invention et de la fabulation, explique-t-elle. Les personnages et les décors sont surréalistes. » Faux chercheurs et faux docteurs de renommée internationale feront part des plus récentes recherches sur les phénomènes paranormaux.

«Travailler autour de l’inexpliqué, c’est une idée que j’avais depuis longtemps, mentionne D. Kimm. Je voulais maintenant une approche ludique qui mêle l’histoire et la littérature populaire ou pseudo-scientifique.» Le spectacle s’adresse à tous les types de public, mais requiert «un esprit aventureux».

«Ce n’est pas une pièce de théâtre. Nous nous adressons directement au public», précise l’artiste. 

La Sala Rossa, 4848, boul. St-Laurent

22 octobre, 20 heures

12 $ (J. M.)

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