Peser sur pause

icone Societe
Par Catherine Morin
mercredi 28 novembre 2018
Peser sur pause
Selon l’organisme de recherche et d’innovation à but non lucratif CEFRIO, 87 % des 18-24 ans au Québéc possèdent un téléphone intelligent. Crédit photo : Pxhere.com.
Selon l’organisme de recherche et d’innovation à but non lucratif CEFRIO, 87 % des 18-24 ans au Québéc possèdent un téléphone intelligent. Crédit photo : Pxhere.com.
Les Québécois de 18 à 24 ans passent en moyenne 33 heures par semaine sur le Web, selon Capsana. Avec sa campagne PAUSE, l’organisation à vocation sociale souhaite sensibiliser les jeunes aux risques liés à l’hyperconnectivité. Pour les étudiants, un équilibre entre études et loisirs est à privilégier.
Selon les études de la docteure Magali Dufour, 17 à 18 % des Québécois courent le risque de développer des problèmes liés à leur utilisation d’Internet. Ils sont donc dans le spectre de l’hyperconnectivité. Deux pour cent de la population est cyberdépendante, donc diagnostiquée comme ayant perdu le contrôle de ses connexions.

La coordonnatrice de campagnes sociétales chez Capsana, Carolanne Campeau, explique qu’une utilisation excessive des appareils numériques peut avoir des répercussions sur la performance scolaire. « Le cerveau se développe jusqu’à environ 24 ans, ce qui rend les jeunes plus impulsifs et moins en mesure de se contrôler », précise-t-elle. Mme Campeau ajoute que les jeunes, qui ont grandi avec l’omniprésence d’Internet, présentent un plus grand risque d’adopter des comportements problématiques.

Prisonniers des notifications

« Les récentes études sur la fréquence d’utilisation des appareils mobiles montrent que les jeunes sont toujours connectés, et qu’ils consultent leur téléphone chaque fois qu’ils reçoivent une notification, comme s’il y avait une urgence absolue d’aller voir de quoi il s’agit », explique Le titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation et professeur à l’UdeM, Thierry Karsenti. Il ajoute que les professeurs d’université voient fréquemment des étudiants passer des cours entiers connectés aux réseaux sociaux.

L’aspect accrocheur du numérique peut rendre l’autocontrôle difficile. « Les petites pastilles rouges de notification ont un effet physiologique sur le corps humain qui nous rend heureux, explique le professeur. Nous sommes tentés d’aller voir, et nous avons toujours hâte aux prochaines notifications. »

Une question d’équilibre

M. Karsenti estime que la technologie peut grandement aider les étudiants s’ils l’utilisent de façon responsable. « Le problème n’est pas d’être connecté, mais plutôt de ne pas arriver à trouver un équilibre entre les jeux, les réseaux sociaux et les travaux scolaires », explique-t-il.

Ses recherches sur l’intégration pédagogique des nouvelles technologies montrent d’ailleurs que le fait de développer de bonnes habitudes d’usage du numérique dès le primaire peut contribuer à la réussite scolaire. Il conclut qu’en apprenant à limiter les connexions aux moments où elles ne nuisent pas aux activités, il devient beaucoup plus facile de tirer profit des technologies que de se retrouver dans un contexte de dépendance.

   12