Payer avec des milles

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Par Michelle Paquet
mercredi 11 décembre 2013
Payer avec des milles

L’Université du Nouveau-Brunswick (UNB) permet maintenant à ses étudiants de payer leurs frais de scolarité avec des milles depuis le 7 novembre dernier. Toutefois, les étudiants n’utilisent pas cette méthode exclusivement pour payer ces frais.

L’UNB est l’un des premiers établissements postsecondaires au Canada à avoir pris part au programme. «C’est durant mon emploi chez Air Miles que j’ai commencé à penser à quel point ce serait formidable pour les étudiants et leurs familles de pouvoir amasser des milles pour les aider à payer leur scolarité », explique la fondatrice d’Higher Ed Points, Suzanne Tyson. Pendant ses années de travail avec le programme StudentAwards, elle a remarqué la difficulté pour les étudiants de classe moyenne de financer leurs études universitaires. Notamment ceux qui n’ont pas droit à des prêts élevés ou qui n’arrivent pas à obtenir des bourses par exemple.

Le nouveau programme Higher Ed Points fait le pont entre les établissements scolaires et les étudiants. Il leur permet d’utiliser leurs points Aéroplan, une entreprise spécialisée dans la gestion de la fidélisation, pour aider à payer entre autres leurs frais de scolarité. Les étudiants s’inscrivent gratuitement sur le site internet et peuvent, par la suite, commencer à utiliser leurs milles. Les étudiants obtiennent des points lorsqu’ils dépensent chez les partenaires d’Aéroplan comme la compagnie aérienne Air Canada, le magasin de location de voitures Avis ou encore la station Esso.

Rallier toutes les universités

La directrice de l’aide financière à l’UNB, Shelley Clayton, explique que l’initiative d’instaurer le programme à l’université vient d’un partenariat entre l’établissement et Mme Tyson. «L’université a donné son support au projet depuis le début, assure Mme Clayton. Ce fut un plaisir d’instaurer le programme ici.» Le but de Higher Ed Points est de voir toutes les institutions postsecondaires canadiennes adhérer au programme. «J’ai eu des conversations avec plus de 24 établissements au Canada depuis le lancement du programme et partout la réponse est très enthousiaste, affirme la fondatrice du programme. Les étudiants peuvent eux-mêmes remplir le formulaire Get my school on board! (disponible en anglais seulement pour le moment) pour encourager la participation de leur école.»

Toutefois, certains étudiants utilisent ces points pour d’autres achats. « Personnellement, je préfère ne pas les utiliser pour payer ma scolarité, indique l’étudiant en sciences politiques à l’UNB Vincent Clavette. Je les dépense déjà pour aider à payer mon épicerie, ce qui est tout aussi indispensable.» Il faut 35000 points Aéroplan pour payer 250 $ de frais de scolarité. Le nombre de points obtenus dépend toujours du commerce ou de l’institution, ainsi que des achats faits et des promotions en cours.

Il n’est pas nécessairement plus avantageux de faire des achats pour obtenir des points et les utiliser par la suite. Le programme met plutôt l’accent sur l’utilisation des points que l’étudiant ou sa famille obtient en faisant des achats de tous les jours. «Je cherchais une façon innovante et gratuite pour aider les étudiants avec le financement de leurs études, déclare la fondatrice du programme. Maintenant, avec les points de fidélité, ils ont une nouvelle option pour payer leurs frais de scolarité.»

Si les étudiants ne peuvent pas récolter assez de points par eux-mêmes, le site web de Higher Ed Points met à leur disposition un canevas de lettre à envoyer à leurs amis ou à leur famille pour leur demander une donation de points afin de les aider à payer leur scolarité. «Je trouverais très déplacé de demander des points à mes parents, car ils m’ont déjà aidé à payer une partie de mes frais de scolarité, déclare l’étudiant en science politique. Par contre, quelqu’un qui se ficherait totalement de ses points et qui serait prêt à en cumuler pour aider d’autres étudiants, pourquoi pas?»

Les milles à l’UdeM?

À ce jour, l’UdeM n’a pas encore mis en place ce système de milles, mais elle n’exclut pas de l’établir si le besoin se fait ressentir chez les étudiants. «Nous devons enquêter et voir si cela peut avoir du potentiel pour l’Université et ses étudiants», indique le porte-parole de l’Université, Mathieu Filion.

Certains étudiants de l’UdeM se montrent intéressés par la possible implantation d’un système identique à celui de l’UNB. « L’installation d’un programme semblable à l’UdeM m’intéresserait vraiment!», souligne l’étudiante en kinésiologie Caroline Lebrun. Pour plusieurs étudiants rencontrés sur le campus, toutes les options sont bonnes pour les aider à payer leur scolarité, même s’ils ne pensent pas dépenser plus pour accumuler des milles Aéroplan. Toutefois, lorsqu’il est demandé aux étudiants de solliciter leurs parents ou leurs amis pour donner une partie de leurs points, ils sont mitigés. « J’utiliserais mes propres points accumulés en faisant des achats avec mon argent pour aider mes parents à payer mes frais de scolarité », soutient l’étudiante en optométrie Myriam Nadeau. Pour d’autres, comme l’étudiante en criminologie Almendra Hernandez, ce n’est qu’une autre façon pour leurs proches de les aider financièrement, «Si cela peut aider à payer une partie des frais de scolarité, pourquoi pas?», explique cette dernière.

Higher Ed Points est présentement en place dans trois établissements postsecondaires au Canada, dont le Centennial College et le Canadore College en Ontario. Ces établissements comptent aussi parmi les premiers participants. Avec quelques centaines de membres après quelques semaines d’existence et un nombre croissant d’adhésions, Higher Ed Points espère aussi pouvoir ajouter d’autres programmes de points de fidélité en 2014.