Paroles d’artistes

icone Culture
Par Romeo Mocafico
mercredi 12 décembre 2018
Paroles d’artistes
(Crédit Benjamin Parinaud).
(Crédit Benjamin Parinaud).
Les sept finalistes du concours UdeM en Spectacle ont investi la scène du Centre d’essai le 29 novembre dernier. En respectant la consigne du français imposée par l’organisme Univers-Cité en Spectacle lors de leurs représentations, les étudiants sont revenus sur l’influence du choix de la langue dans leurs trajectoires artistiques.
Photos Benjamin Parinaud


1re place – J.A.M. (rap)

Jamil Assoum – étudiant en littérature de langue française et en musiques numériques

La langue que tu choisis pour performer influence ta carrière. Certaines personnes pensent que c’est un désavantage d’y aller en français parce qu’on dit toujours, surtout dans le rap, que les gros noms sont en anglais. Je parle et j’écris aussi très bien cette langue, mais je manie mieux les mots en français. Je trouve qu’il y a quelque chose de plus poétique.

Aussi, je trouve que je suis au bon moment à la bonne place pour faire du rap en français. Ça a pris du temps pour que ça arrive, mais là, c’est vraiment en train d’exploser. Bien que ça puisse être un désavantage pour certains, je pense que dans le rap, en 2018, 2019, et les quelques années à venir, c’est en train d’aller à des places que personne n’attendait.


 

2e place – Titelaine (électro-pop)

Gabrielle Legault – étudiante en composition et arrangement jazz

Avant, j’avais un projet anglophone, et je trouvais que ça n’avait pas de sens de m’exprimer en anglais dans ma musique alors que je parle français dans ma vie de tous les jours. J’écris aussi des choses très personnelles et émotives, donc je tenais à ce que mon écriture soit aussi proche. Je pense que les salles de spectacles sont aussi différentes, elles ont chacune leur signature. Y’a des places où c’est vraiment plus anglophone, même si ce n’est pas tout noir et tout blanc.

 

Paroles d'artistes (Titelaine)

Loukas Perreault – étudiant en musique de film

La francophonie c’est l’fun parce que tu as un appui financier au Québec. Ce n’est pas automatique, mais tu peux appliquer, et c’est beaucoup plus facile d’avoir du financement. C’est fou aussi à quel point tu es plus accepté. Tu as tout de suite du support qui vient d’un peu partout. C’est bien, parce que ça motive encore plus à continuer et préserver notre langue. Admettons, en anglais, t’as beaucoup moins de chances de réussir parce qu’il y a un gros bassin, et c’est bien plus difficile. Mais finalement, c’est juste différent, il n’y a pas de meilleur ou de moins bon.


 

3e place – Dardia Joseph (slam)

Étudiante en droit

La langue dans laquelle tu performes, c’est plus qu’un simple outil de communication. Ça traduit plus que simplement des mots. Ça peut changer la façon dont tu te définis en tant qu’artiste, quels thèmes tu es prêt à aborder.

Il y a des flexibilités, et certaines langues te permettent plus de possibilités juste par le nombre de mots que tu as à ta disposition. Tu as moins besoin de créer d’images. C’est le français qui me donne le plus de manières d’écrire ma réalité parce que je me sens à l’aise avec les mots qu’il donne.

C’est intéressant car les slams et les spoken words, c’est très anglophone au départ. Avec ce que je fais, la rythmique, l’idée du son, et cette construction-là, je m’inspire de choses qui sont américaines. Quand je consomme ce médium, je consomme des slams qui sont américains dans la livraison et dans la manière de le faire.

(Crédit Benjamin Parinaud).