Relations fictives pour gens ouverts

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Par Louis-Philip Pontbriand
vendredi 25 octobre 2019
Relations fictives pour gens ouverts
L'auteure Emilie Nantel privilégie l'étiquette « autrice » pour désigner sa nouvelle vocation, qu'elle a rêvé d'exercer durant toute sa jeunesse. Photo : Simon Bonnalie
L'auteure Emilie Nantel privilégie l'étiquette « autrice » pour désigner sa nouvelle vocation, qu'elle a rêvé d'exercer durant toute sa jeunesse. Photo : Simon Bonnalie
Une diplômée de l’UdeM, Emilie Nantel, a publié en auto-édition son premier roman, Open, A Tale of Love, Mermaids, Bassists, & Creepy Dudes, une comédie romantique très librement inspirée de sa vie. Le livre trace l’évolution d’une relation ouverte qui se métamorphose, par la force des choses, en relation polyamoureuse. Ce genre littéraire est à ce jour peu exploité, voire inexistant, selon l’auteure.

« En grandissant, la société m’a enseigné que mon rêve de devenir écrivaine n’était pas valide, que je devais avoir une vraie job », relate Emilie. Elle a donc fait un baccalauréat en histoire à l’UQAM avant d’entreprendre à l’UdeM un certificat en traduction, qu’elle a terminé en 2012. « En publiant ce premier roman, j’ai réalisé mon rêve de petite fille », se réjouit-elle.

Emilie ajoute que si la protagoniste d’Open lui ressemblait passablement dans le premier jet du roman, le personnage s’est défini et détaché de sa créatrice au fil du processus d’écriture. « J’ai puisé dans mes expériences personnelles pendant six ans, mais l’histoire du livre et son personnage ressemblent assez peu à ma vie réelle, précise-t-elle. Amy [la protagoniste] est vraiment devenue un personnage à part entière. »

Le roman relate l’évolution d’Amy Evans, une Montréalaise bilingue et bisexuelle de 25 ans, qui vit une relation ouverte avec son amoureux. Allant d’amant en amante pendant la première partie du livre, elle finit par tomber amoureuse d’une de ses fréquentations, ce qui la contraint, avec son mari, à revoir et à redéfinir les termes de leur relation. « Tout le monde change au cours d’une vie, expose Emilie. Pour qu’une relation soit saine, il est important que celle-ci puisse aussi évoluer. »

Un thème inusité

L’auteure explique qu’elle a cherché d’autres comédies romantiques traitant du thème de polyamour dans les librairies. « Il y a beaucoup de “ménages à trois” dans la littérature érotique, mais c’est là un seul genre, précise-t-elle. Des comédies romantiques sur le polyamour, j’en ai cherché longtemps et je n’en ai pas trouvé. S’il y en a, elles sont bien cachées ! »

Emilie estime que l’auto-édition a ouvert la voie aux auteurs qui, comme elle, souhaitent sortir des sentiers battus et des genres littéraires établis. Ce processus signifie que l’écrivain traite directement avec les imprimeurs, libraires et autres distributeurs plutôt que de passer par des maisons d’édition. « Depuis l’avènement des livres électroniques, c’est devenu super facile de s’auto-éditer, dit-elle. L’impression sur demande élimine les frais d’entreposage et le risque de rester pris avec des livres invendus : lorsqu’un client commande un livre, il est imprimé et envoyé. C’est vraiment rendu super accessible. »

L’auteure offre quelques conseils aux écrivains en herbe qui rêvent de faire publier leur création littéraire. « Si tu as une histoire à raconter, raconte-la, exhorte-t-elle. C’est sûr que tu vas trouver quelqu’un qui a besoin de lire ton histoire. » Elle mentionne que la parution d’Open lui a valu une invitation à l’émission télévisée torontoise On the Couch, qui traite des enjeux LGBTQ.