Miles 101

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Par Dominique Cambron Goulet
mardi 16 octobre 2012
Miles 101
Miles Davis est à la base de plusieurs styles de jazz, dont le cool jazz, le hardbop et le jazz fusion.
Miles Davis est à la base de plusieurs styles de jazz, dont le cool jazz, le hardbop et le jazz fusion.

Miles Davis est un des plus grands musiciens de l’histoire du jazz, mais est-ce que son influence demeure la même 20 ans après sa mort ? «Oui », répond sans équivoque Stanley Péan, animateur de l’émission Quand le Jazz est là à Espace Musique. Il sera à l’UdeM le 18 octobre prochain afin d’entamer une série de trois conférences sur ce musicien qui est à la base de plusieurs styles de jazz.

La vie du trompettiste de jazz américain est séparée en trois rencontres de deux heures qui suivent les différentes périodes de sa carrière (voir en bas de la page). «Nous voulions approfondir sur les grands musiciens de jazz et nous avons décidé de commencer par la légende numéro un: Miles Davis », explique Helena Urfer, directrice des Belles Soirées de l’UdeM, qui organise les conférences.

Un choix logique selon Stanley Péan, qui a présenté l’an dernier une série sur l’histoire du jazz. «S’il y a une personne qui a toujours été au centre de tout dans l’histoire du jazz, c’est bien Miles.» Un des styles dont Miles Davis est l’instigateur est le cool jazz – un style épuré où la qualité du timbre des instruments prime la virtuosité technique mise de l’avant par le bebop.

Il lance ce style en 1949 avec un album au titre prétentieux : Birth of the Cool. « Il crée le cool en réaction au bebop, mais il participera également à l’essor du hardbop, un courant en réaction au cool jazz, observe M. Péan. C’est un musicien qui cherchait toujours à aller plus loin. » Avec le hardbop, il rejette lui-même ses innovations en contribuant à populariser une esthétique qui prône le retour aux sources du blues.

L’innovation de Davis se poursuit en tant que bandleader (meneur de groupe). «La force de Miles Davis, c’est de comprendre et de mettre en valeur les forces des autres. C’est ce qui en fait, avec Duke Ellington, l’un des plus grands bandleaders de l’histoire du jazz», souligne M. Péan.

Grâce à ses deux quintettes principaux, le jazzman a permis l’émergence d’autres musiciens d’envergure tels que John Coltrane et Bill Evans dans les années 1950, puis Herbie Hancock dans les années 1960. «J’ai toujours eu l’impression qu’être bandleader était l’instrument de Miles, encore plus que la trompette», affirme l’étudiant en écriture jazz à l’UdeM, Bruno Masse-Harinen, croisé dans un corridor de la Faculté de musique.

Miles Davis a également été pionnier du jazz fusion, un hybride entre le rock et le jazz amenant l’électrification des instruments. Avec l’album Bitches Brew en 1969, il crée une vraie révolution dans le monde de la musique. Par contre, ce style n’a vraiment pas fait l’unanimité au sein du milieu jazz. «On a revisité tout récemment la période électrique de Miles, note M. Péan. Elle avait été rejetée du revers de la main par plusieurs qui la jugeaient trop commerciale. Mais on se rend compte que c’est très innovateur, même par rapport à ce qui se fait aujourd’hui.»

Vers le hip-hop

Chaque décennie, Miles s’est renouvelé presque entièrement. Dans les années 1980 et vers la fin de sa vie, le trompettiste s’en allait vers le hiphop, selon M. Péan. «L’album posthume Doo-Bop est un album avec des rappeurs, et je crois que c’est dans cette direction qu’il s’en allait, dit-il. Il voulait plonger dans le hip-hop et il aurait sûrement influencé ce genre, puisqu’il est à la fois initiateur et récupérateur de modes.»

L’influence de Miles Davis est encore bien présente aujourd’hui, selon Bruno Masse-Harinen. «C’est plutôt une influence indirecte, explique-t-il. Il a fait bouger tellement de choses et a baigné dans tellement de styles. Mais en bout de ligne, il n’a pas écrit beaucoup, et ce n’était pas un virtuose. » «Miles, c’est quelqu’un d’innovateur et d’inspirant au niveau créatif », ajoute l’étudiante en chant jazz à l’UdeM, Mikhaëlle Salazar, également croisée à la Faculté de musique. L’héritage du musicien vit donc à travers les musiciens dont il a lancé la carrière. «C’est un peu comme s’il n’était jamais mort », résume Stanley Péan.

Trois conférences sur Miles Davis, et un concert :

Du be-bop au hard-bop

La première période de la vie de Miles Dewey Davis III à partir du contexte social de sa naissance en 1926 jusqu’aux années 1950

18 octobre, 19h30, 3200, rue Jean-Brillant

Le leader alchimiste

Les qualités de bandleader de Miles Davis et les deux principaux quintets qu’il a dirigés

25 octobre, 19h30, 3200, rue Jean-Brillant

Electric Miles

La période plus tardive de la production de Davis, à partir de l’album Bitches Brew paru en 1969

1er novembre, 19h30 3200, rue Jean-Brillant

CONCERT! Hommage à Miles

La série de conférences se termine par un concert d’un quintette dirigé par Dave Watts.

Upstairs Jazz Club, 1254, rue MacKay