Mené au surmenage

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Par Élom Defly
mardi 17 avril 2012
Mené au surmenage
(Crédit : Pascal Dumont)
(Crédit : Pascal Dumont)

L’année universitaire s’achève, et de nombreux finissants s’apprêtent à intégrer le marché du travail. Ils devront apprendre à garder la tête froide vis-à-vis de leur nouveau poste, car trop s’accrocher à un emploi, c’est augmenter la chance de le lâcher, conclut une étude conjointe de l’Université Concordia et de l’UdeM.

 « Les recherches ont montré qu’il y a des motivations qui sont plus bénéfiques que d’autres, affirme Alexandra Panaccio, professeure de management à l’Université Concordia et coauteure de l’étude. Les gens qui restent parce qu’ils partagent les valeurs d’une organisation sont plus performants que ceux qui restent parce qu’ils ont de bons salaires et de bons avantages sociaux. » L’étude montre que les employés qui restent dans une organisation parce qu’ils n’entrevoient aucune autre perspective d’emploi ou pour des raisons strictement matérielles sont plus enclins à développer l’épuisement émotionnel.

« L’épuisement émotionnel, c’est l’aspect le plus important du burnout, un sentiment d’être à bout, de n’avoir plus de ressources à mettre dans son travail. » Pour en diminuer les risques, Mme Panaccio estime que l’employé et surtout son employeur doivent faire des efforts. « Les organisations doivent mettre l’accent sur la formation et le développement des employés pour maintenir à jour leurs compétences. Un tel employé va se percevoir comme ayant une valeur sur le marché de l’emploi, explique-t-elle. Paradoxalement, ce salarié [plus employable] est moins susceptible de ressentir l’épuisement émotionnel et donc de quitter volontairement l’organisation. »

Si l’entreprise ne joue pas son rôle, Mme Panaccio pense que c’est à l’employé d’aller chercher de la formation continue.

Réussir son entrée

Au moment de choisir leur employeur, les étudiants finissants ont intérêt à tenir compte de ses valeurs, explique Mme Panaccio.

Jean-Sebastien Boudrias, professeur agrégé au Département de psychologie à l’UdeM, les exhorte à se préparer psychologiquement, car ils seront dans une situation particulièrement à risques. « Les étudiants qui entrent sur le marché du travail arrivent sur une autre planète ! Ils vont éprouver le choc de la réalité. Ils vont se rendre compte qu’ils n’ont pas les compétences pour performer tout de suite alors qu’ils souhaiteront éviter la contre-performance à tout prix, prévient-il. Accrochez-vous ! L’efficacité ou la performance n’arrive pas dans la même journée. »

Si le choix de l’employeur est déjà fait, le nouveau travailleur peut toujours se prémunir contre l’épuisement émotionnel en demandant régulièrement des retours sur son travail à ses chefs, en sollicitant l’aide de ses collègues et en recherchant le soutien « d’un conjoint, d’une conjointe ou d’enfants qui [le] valorisent », explique M. Boudrias.

Thierry Sangare termine un baccalauréat en communication et politique à l’UdeM. Il avoue n’avoir jamais entendu parler de l’épuisement émotionnel. Il prend acte des conseils de Mme Panaccio, mais souligne tout de même que « la force d’un travailleur, c’est aussi sa capacité à s’adapter à toute situation ». Il est conscient que « travailler dans une compagnie qu’on aime nous permet de donner le meilleur de nous-mêmes, peu importe la pression », mais il estime aussi qu’il faut rester réaliste. « Au début, nous sommes souvent prêts à accepter n’importe quel poste qui nous est offert. C’est dommage, mais je pense qu’il faut prendre toute chose comme une expérience », ajoute-t-il.