Manger sans se ruiner

icone Societe
Par Sarah-Eden Dadoun
mercredi 26 février 2014
Manger sans se ruiner
en 2014, est-il encore possible de se nourrir avec 50 $ par semaine ? (crédit photo : Adil Boukind)
en 2014, est-il encore possible de se nourrir avec 50 $ par semaine ? (crédit photo : Adil Boukind)

Dépenser 50 $ par semaine pour son épicerie est possible selon le livre Étudier à Montréal sans se ruiner paru en 2010. Si ce montant permettait d’allier capital santé et petit budget, est-il encore concevable de se nourrir avec une telle somme en 2014 à la suite d’une augmentation de l’indice des prix à la consommation (IPC) ?

«Dépenser 50$ par semaine ? Ce n’est vraiment pas suffisant si on compte les cafés pris à la cafétéria, les sorties et les restaurants, déclare l’étudiante en sciences économiques Yasmine Gass. Quant au budget supermarché, je dirais qu’il faudrait plutôt 100 $/semaine. » Selon Statistiques Canada, l’IPC pour les aliments a augmenté de 13,7 % entre 2008 et 2013 au Québec.

L’auteur du livre Étudier à Montréal sans se ruiner, Jean-François Vinet, explique qu’il est possible de vivre avec un budget nourriture de 200 $/mois en étudiant à Montréal. À travers les 128 pages du livre, il donne des conseils pour se nourrir en magasinant intelligemment. Si déjeuner à l’Université s’avère être une option pratique pour certains, ce n’est pas celle qui permet d’optimiser au mieux son budget. Afin de réduire ses dépenses au maximum, M. Vinet recommande dans son livre de planifier son alimentation en fonction des promotions disponibles chez l’épicier du coin.

Le conseiller au Bureau des étudiants internationaux, Fréderic Léveillé, est toutefois sceptique. « C’est certain, il est possible de ne dépenser que 50 $/semaine en nourriture, remarque le conseiller. Lorsque les étudiants vivent en colocation, ils peuvent partager les courses et profiter des promotions. Mais lorsqu’ils habitent seuls ou en résidences universitaires, la somme de 50 $ me semble un peu serrée pour obtenir un panier équilibré.» Le Bureau international des étudiants recommande dans son guide d’allouer un budget de 350 $ par mois à l’alimentation [environ 85 $/semaine]. « Certains étudiants ne savent pas cuisiner, d’autres ne savent pas organiser leur budget, soutient M. Léveillé. Prévoir large permet d’éviter les mauvaises surprises. »

Penser son budget

L’étudiante en année préparatoire en arts et sciences à l’UdeM, Hind Hicham, a compris comment gérer son budget nourriture. « Je planifie mon budget chaque semaine en prenant bien soin de repérer les produits qui m’intéressent dans les circulaires, affirme l’étudiante. En plus, je vis en collocation, alors nous cuisinons pour deux, ce qui réduit considérablement nos dépenses. »

Si l’étudiante en année préparatoire en arts et sciences estime qu’un budget alimentation de 50 $/semaine est une somme tout à fait raisonnable, elle soulève un problème engendré par un petit budget. « Il est vrai que je ne mange pas tous les jours de façon équilibrée, avoue-t-elle. Je m’efforce de faire un maximum pour essayer d’avoir une alimentation saine, mais lorsque les légumes viennent à manquer, je les remplace par d’autres choses, qui ne sont pas forcément bonnes pour la santé. »

La nutritionniste au Centre de santé et de consultation psychologique de l’UdeM (CSCP) Chantal Riopel ne semble pas surprise du budget annoncé. « 50 $ par semaine en respectant une alimentation équilibrée, c’est possible, certifie-t-elle. Le Dispensaire diététique de Montréal [organisme à but non lucratif qui promeut la santé, particulièrement auprès de femmes enceintes] prévoit d’ailleurs un budget de 58,51 $ pour un étudiant contre un budget de 50,49 $ pour une étudiante. » Quatre ans après Étudier sans se ruiner à Montréal, il peut donc encore être possible, pour certains étudiants, de se nourrir avec un budget de 200 $/mois.

Toutefois, cette somme ne garantit pas automatiquement une épicerie équilibrée en 2014. Il est de la responsabilité de l’étudiant de s’assurer de la valeur nutritionnelle de son panier alimentation. En effet, pour confectionner un repas sain, Mme Riopel estime qu’il faut respecter certaines proportions et certains apports. « L’assiette équilibrée la plus appropriée à notre clientèle étudiante se compose d’un tiers de produits céréaliers, d’un tiers de protéines et d’un tiers de fruits et légumes », affirme la nutritionniste du CSCP. Elle rappelle que le site internet du CSCP propose des exemples de menus étudiants types pour mieux manger à petits prix.