La doctorante en sciences biomédicales, option Orthophonie, et fondatrice du programme, Sabah Meziane, a travaillé en collaboration avec la professeure à l’École d’orthophonie et d’audiologie Andrea MacLeod pour concevoir le projet. « Je voulais faire quelque chose dans le communautaire avec les réfugiés syriens, expose-t-elle. J’en ai parlé à Mme MacLeod, qui m’a expliqué que ces enfants étaient plus à risque de développer des difficultés langagières de façon précoce. » Le programme a démarré en novembre 2015.
Pour l’étudiante à la maîtrise en orthophonie à l’UdeM Manar Jaber, les motifs pour participer à cette aventure sont nombreux. « Je voulais vraiment aider les réfugiés, et le fait de pouvoir le faire dans mon domaine m’a également apporté une expérience pratique », explique-t-elle. Manar s’est impliquée dès la rentrée 2016, par une présence hebdomadaire aux activités de l’association.
Les séances auxquelles participe l’étudiante durent deux heures, au cours desquelles les activités sont variées afin de stimuler les enfants. « Au début, on les accueille, on chante des chansons, c’est toujours très ludique, détaille Manar. On essaie d’avoir le même thème pendant deux semaines, par exemple les parties du corps, et on va leur raconter des histoires sur ce thème. »
Désormais orthophoniste à la Commission scolaire de Montréal, Wadad Hashash, s’est investie dans le projet depuis sa mise sur pied. Elle pense que les difficultés de ces enfants émanent de leurs d’expériences de vie traumatisantes. « Ce sont souvent des enfants qui ont vécu dans des tentes, sans télévision ni entourage, et qui ont eu très peu d’interactions sociales », indique-t-elle.
Plutôt que de favoriser un apprentissage prioritaire du français, le programme utilise une méthode différente, mais tout aussi efficace, selon Manar. « On cherche dans un premier temps à renforcer la langue maternelle des enfants et, sur cette base solide, on essaie d’améliorer la langue seconde qui est le français », précise-t-elle.
Afin de trouver des enfants adaptés au projet, le programme StimuLER fait plusieurs démarches, comme joindre des centres d’accueil pour personnes réfugiées. « On en parle également à notre entourage, notamment aux autres orthophonistes, dévoile Mme Hashash. On fait aussi des séances d’accueil dans les centres communautaires où, on explique aux parents notre rôle. »
Impliquer les parents
Le programme cherche à jouer un rôle d’éducation auprès des enfants, mais certains membres comme Mme Hashash n’hésitent pas à apporter de l’aide aux familles. « On est une sorte de pont entre les parents et l’école, raconte-t-elle. Par exemple, je peux les accompagner à l’école de leurs enfants s’ils ont besoin d’un interprète. Comme ils me font confiance, je vais traduire ou expliquer certaines procédures qu’ils ne comprennent pas. » L’organisme souhaite mettre de l’avant ce type d’interaction prochainement, d’après Sabah.
L’équipe veut désormais organiser des ateliers de toutes sortes pour les parents afin de créer une communauté. La fondatrice aimerait mettre en place cette initiative dès le mois d’octobre.