L’UQAM pour la liberté académique

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Par Michel Hersir
vendredi 21 avril 2017
L’UQAM pour la liberté académique
Bonnie Campbell et Mirja Trisch, enseignantes à l'UQÀM et fière membre de la première section francophone de Scholars at risk. Crédit photo : Marie Isabelle Rochon
Bonnie Campbell et Mirja Trisch, enseignantes à l'UQÀM et fière membre de la première section francophone de Scholars at risk. Crédit photo : Marie Isabelle Rochon
L’Université montréalaise prend les dispositions pour recevoir un chercheur en danger. Elle s’est récemment jointe à l’organisme Scholars at risk (SAR), dont la mission est, entre autres, d’héberger des chercheurs victimes de persécution en pratiquant leur profession dans leur pays d’origine.
« Ce n’est pas toutes les universités membres qui doivent héberger un chercheur. »
Nandini Ramanujam, représentante de SAR-McGill

Depuis l’été 2016, l’UQAM est membre de SAR, un réseau de plus 200 universités à travers le monde qui défend la liberté académique depuis 1999. C’est l’organisme qui a fait appel à l’UQAM, car très peu d’universités francophones font partie du regroupement. L’établissement devient ainsi la premier unilingue francophone au Canada à joindre SAR

« L’objectif de SAR est d’abord d’aider les chercheurs en danger à l’étranger, de les aider à trouver refuge où ils peuvent continuer à faire leur travail intellectuel sans menaces, explique la professeure au département des sciences juridiques et membre de SAR-UQAM Mirja Trilsch. C’est l’occasion pour eux d’avoir les conditions pour se retrouver, publier et reprendre confiance. »

En trois temps

L’accueil des chercheurs étrangers est l’un des trois volets de l’organisme. Il existe également un volet de plaidoyer, où SAR propose des campagnes de sensibilisation à la population, des productions de rapports et l’écriture de lettres dénonçant des situations qui menacent la liberté académique. Le troisième volet en est un de formation et d’éducation, dont le but est d’organiser des conférences et d’impliquer les étudiants dans leurs projets.

« Les étudiants peuvent s’engager dans des groupes de travail, des campagnes de sensibilisation ou simplement former un groupe SAR dans leur université », affirme l’ancien président de SAR de l’Université Carleton Patara McKeen. Les étudiants pourraient, par exemple, documenter la situation explosive de certains pays précis.

Pas d’obligation

« Ce n’est pas toutes les universités membres qui doivent héberger un chercheur parce qu’au moment où tu en reçois un, ça te prend des ressources pour payer l’hébergement du chercheur, des assurances », indique la représentante de SAR-McGill Nandini Ramanujam, ce que ne peuvent se permettre toutes les institutions. Héberger un chercheur implique également de trouver des arrangements administratifs pour qu’un statut de professeur ou d’étudiant soit reconnu à l’intérieur des murs de l’Université. Il n’y a ainsi aucune obligation pour les membres de SAR d’accueillir un chercheur puisqu’il est possible de travailler uniquement sur les deux autres volets de l’organisme. La seule obligation lorsqu’une université rejoint SAR est de payer le tarif de membre, qui est de 1 000 $ par année, assumé par l’institution.

Un premier événement à l’UQAM

La première action de SAR-UQAM a été d’organiser une conférence le 30 mars dernier avec une chimiste syrienne accueillie par l’Université Western, Hanadi Ibrahim. « Le but était de faire connaître le réseau à la communauté uqamienne, exprime la professeure en science politique et membre de SAR-UQAM Bonnie Campbell. On ne veut pas que SAR-UQAM reste confiné à un petit groupe, mais que la direction, les étudiants, les syndicats y prennent part aussi. »

Mme Campbell affirme que la présence de la chimiste a rendu plus concrets les problèmes en Syrie auprès de la communauté. « On a tous entendu parler de la Syrie directement ou indirectement, mais de recevoir un témoignage de première main nous a ouvert les yeux, ajoute-t-elle. Avec SAR, il y a donc une immédiateté avec l’information de régions dont on entend parler vaguement ou de façon imprécise dans les journaux. »

Une collaboration avec différents organismes étudiants est à prévoir pour SAR-UQAM, mais le réseau est encore récent à l’UQAM. « Il n’y a pas vraiment eu d’écho à propos de SAR de notre côté pour le moment », explique la représentante du comité étudiant Amnistie UQAM et étudiante au baccalauréat en relations internationales Justine Lalonde. Les professeurs de SAR-UQAM mettent présentement un comité de coordination en place pour pouvoir impliquer ces parties prenantes dans l’avenir. En plus de McGill et de l’UQAM, Concordia est également membre du réseau SAR. En ce qui concerne la participation de l’UdeM, la porte-parole de l’Université, Geneviève O’Meara, affirme que le dossier est présentement à l’étude par la direction.

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