L’Université sous le signe du libre

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Par Arthur Juchereau
mardi 7 octobre 2014
L’Université sous le signe du libre
Professeur et étudiants. Source: Université de Montréal- Relations de presse - http://urlz.fr/BVp - http://urlz.fr/IU3
Professeur et étudiants. Source: Université de Montréal- Relations de presse - http://urlz.fr/BVp - http://urlz.fr/IU3

Alors que les coupes budgétaires obligent l’Université à compresser ses dépenses, faisant disparaître parfois certaines enveloppes, une plus grande adoption de logiciels libres ne semble pas être une priorité. Pourtant, l’UdeM aurait beaucoup à y gagner, et ce,  sur de nombreux tableaux.

Le logiciel libre (voir encadré) offre de nombreux avantages par rapport aux logiciels propriétaires. Tout d’abord, il permet d’économiser sur le prix d’achat des logiciels dont le montant est difficile à estimer grâce aux informations disponibles publiquement, mais il paraît raisonnable de le chiffrer à plusieurs million de dollars.

Également, la disponibilité des fichiers sources ouvre l’accès à un nombre important de développeurs potentiels, pouvant proposer des solutions, optimisations ou de nouvelles technologies librement. Finalement, les logiciels libres sont en général fiables, optimisés et répondent aux attentes du public en termes de fonctionnalités.

 

– Logiciel libre: on parle d’un logiciel libre, par opposition aux logiciels propriétaires, quand le code source de ce logiciel est disponible publiquement. Celui-ci est écrit par les programmeurs au moment de la conception du logiciel, un peu comme l’ADN du programme, puis est ensuite compilé* vers un fichier binaire, compris par l’ordinateur. Si l’on devait faire une analogie simple, le « code source » serait un peu comme un texte écrit grâce à un logiciel de traitement de texte, modifiable alors que le fichier binaire serait un PDF.

– Gratuit = libre ? c’est souvent la conception que l’on a du libre, mais la gratuité n’est pas un facteur pour savoir si un logiciel est libre ou pas. Dans les faits, beaucoup de logiciels propriétaires sont gratuits.

*Les langages de programmation dit « de script »  ne passent pas par l’étape de compilation. Le code source est lu par un logiciel « interprète » qui le traduit en langage machine à chaque exécution. Par exemple, « Python » est un langage de script. 

L’interopérabilité, un concept qui consiste à s’assurer que tout le monde peut accéder aux données produites par de tels logiciels sans discrimination quant à la plateforme utilisée, est également une grande force du monde libre. C’est une notion importante, car elle permet une plus grande indépendance face aux éditeurs de logiciels. Il est alors possible de changer de logiciel sans perdre tout le travail que l’on a fait auparavant à cause de données formatées pour ne fonctionner qu’avec un seul logiciel.

Cependant, les logiciels libres sont souvent considérés comme de mauvaises copies des logiciels propriétaires, surtout à cause de leur interface moins attrayante et leur fourmillement de développements et de modifications, qui ne suivent pas une ligne directrice claire.

 À quoi ressemblerait une migration

Certaines migrations peuvent être plus simples que d’autres, par exemple de la suite de bureautique Office vers la suite Libre-office, celles-ci étant relativement semblables. À l’opposé, une migration de Windows vers Linux demanderait beaucoup plus d’ajustement de la part des utilisateurs, mais surtout pour la DGTIC qui devrait revoir ses sections d’aide et former son personnel à la résolution des problèmes utilisateurs.

Les dépenses liées à cette formation doivent être comparées aux économies réalisées sur l’achat des logiciels propriétaires. Un plan de migration vers des solutions libres mériterait d’être mûrement réfléchi, comme cela a été le cas pour la ville de Munich, qui a réalisé sa migration avec de bons résultats au début des années 2000, à l’instar de la gendarmerie française.

Pour les étudiants

Bien qu’une migration ait davantage d’impact sur l’administration de l’UdeM, les étudiants pourraient également voir des changements. Une utilisation plus large des documents interopérables faciliterait leurs échanges avec l’Université, ne les forçant plus à utiliser un logiciel en particulier. On pourrait également rêver d’un site internet offrant à chacun le loisir de synchroniser son calendrier avec ses équipements électroniques.

D’un autre côté, il faut faire attention à une doctrine du tout libre. Certains logiciels spécialisés ne peuvent être remplacés. C’est particulièrement vrai dans le cas des logiciels enseignés en cours. Il serait illusoire, par exemple, de penser que Photoshop pourrait être remplacé par des cours sur son équivalent libre The Gimp, car les employeurs exigent régulièrement des préalables en maîtrise d’un logiciel précis. En matière informatique, l’Université devrait également permettre aux étudiants d’utiliser plusieurs solutions, libres comme propriétaires, afin de ne pas les rendre dépendants vis-à-vis d’un seul logiciel.