L’Ours et sa croustille chaude

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Par Victor Klein
mercredi 12 janvier 2011
L'Ours et sa croustille chaude

«Oui, si nos intros sont un peu difficiles, mais il y a toujours un bonbon après, une pépite ! Bear with us ! ». Autour d’une poignée de biscuits à la citrouille avec en bandes-son quelques réalisations du jazzman sud-africain Abdullah Ibrahim, je rencontre L’Ours avec nous. Le duo est composé de Mathieu Charlebois et Frédéric Malouin, deux explorateurs des contrées sonores. Ils m’accueillent en pleine séance d’enregistrement dans leur studio, qui se définit aussi comme un salon.

Mathieu manie toutes sortes d’instruments, de la guitare au trombone. Frédéric compose sur son ordinateur. De cette fusion se cristallise une oeuvre qu’ils disent ne pas appréhender totalement. Leur création commune, «l’ours», est une entité propre. Les sources d’inspirations et les filons d’or sonore de «l’ours» sont nombreux. Une réinterprétation de la Maudite machine d’Octobre est en ligne sur leur page Facebook avec comme titre : Le satané engin. De même, le nom du groupe anglais Hot Chip a inspiré le titre d’une chanson: La croustille chaude.

Que fait l’ours ?

Après deux ans de répétitions et d’essais, un premier maxi, Verdun66, est maintenant en ligne sur le site du groupe. Il comprend deux chansons du duo: Spout et Ours, tigre, enfant, fruits d’expérimentations forcenées. Le maxi comporte aussi deux séries de compositions personnelles. Verdun, de Mathieu (une ode à son quartier !) et 66, de Frédéric, qui a composé ses six morceaux sur une Nintendo DS, à l’aide d’un synthétiseur sous forme de cartouche de jeu édité par Korg. Un exploit ! Frédéric explique que le principal obstacle lié à la machine a été la limitation de presque toutes les fonctions à six : le nombre de pistes, de pièces et de synthétiseurs.

Les deux musiciens définissent leur musique comme de «l’électro pop trashy d’ici». Ils chantent en français et Mathieu mentionne que leur son a une couleur du Québec. Il ne pense pas que leurs créations auraient eu la même teinte s’ils avaient enregistré dans un garage de Milwaukee ou une cave de Chicago.

Pour la nouvelle année, ils relâchent un autre spécimen depuis la faune musicale : Les échinodermes*. Un maxi de trois titres, «beaucoup plus digeste que ne l’était le premier». Étrange, car les oursins ne semblent pas commodes. Avec leur piquant, ils dérangent et offrent une expérience peu commune.

Mathieu et Frédéric se sont rencontrés au baccalauréat en journalisme à l’UQAM. Ils ont tenu durant deux saisons l’émission L’oreille du tigre à CIBL 101,5 Radio-Montréal. Leur programme passait de minuit à deux heures du matin, échappant aux quotas. À ces moments de liberté, toutes leurs découvertes musicales et leurs joyaux lyriques ont ainsi pu être diffusés sur les ondes montréalaises.

* Les échinodermes, dont le nom signifie à peau épineuse en grec ancien, forment un groupe très ancien d’animaux marins. Il compte 7 000 espèces vivant actuellement, dont les plus connues sont les oursins et les étoiles de mer. Treize mille ont par contre disparu.