Liberté, égalité, féminité

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Par Lou Curien
mercredi 17 octobre 2018
Liberté, égalité, féminité
Quatre Québécoises se sont rendues en France pour participer au premier Parlement des écrivaines francophones. Crédit photo : Benjamin Parinaud.
Quatre Québécoises se sont rendues en France pour participer au premier Parlement des écrivaines francophones. Crédit photo : Benjamin Parinaud.
Le mois dernier, le premier Parlement des écrivaines francophones s’est tenu en France. L’union des voix de 70 auteures venues des quatre coins du monde a donné naissance à un Manifeste pour « sortir du silence ».
« Notre littérature n’est pas, comme on l’insinue souvent, une littérature qui se complaît dans le subjectivisme et les larmes. »
Extrait du manifeste du Parlement des écrivaines francophones

«Nous, écrivaines francophones, réunies ce 28 septembre à Orléans pour notre première session parlementaire, avons décidé de parler ensemble, d’une seule voix et dans la même langue », déclarent d’emblée les femmes de lettres dans leur Manifeste. Elles écrivent ne plus vouloir que d’autres parlent à leur place et elles souhaitent rendre distincte la voix des femmes écrivaines francophones.

Selon la professeure au Département des littératures de langue française de l’UdeM Lise Gauvin, le Parlement a offert un lieu de rassemblement permettant justement de définir cette « voix distincte ». Elle précise que celle-ci tient compte des disparités de situations que connaissent les écrivaines. « Il n’existe pas une langue française, mais des langues françaises », illustre celle qui fait partie du groupe de quatre québécoises s’étant déplacé en France pour assister au Parlement.

Le témoignage d’expériences singulières ainsi que de réalités politiques et géographiques différentes a été enrichissant, relève l’écrivaine québécoise Audrée Wilhelmy. « Ce fut un dialogue avec d’autres cultures, d’autres réalités », expose-t-elle. Elle raconte notamment avoir été plus intéressée par les enjeux écologiques, tandis que pour d’autres, la question migratoire prévalait.

Faire résonner la voix des femmes

Dans le Manifeste, les signataires présentent pourquoi elles jugent la voix des écrivaines comme étant importante dans le débat public. « Notre littérature est notre voix du monde, notre choix du monde, avancent-elles. Oui, il y a bien une littérature réinventée au féminin, qui entend être au rendez-vous de l’Histoire et engagée dans les batailles, toutes les batailles. Celle qui consiste d’abord à affirmer la solidarité des écrivaines entre elles et ne craint pas de parler de sororité*. »

Les écrivaines disent souhaiter faire résonner les voix des auteures dans les prochaines années et se réuniront de nouveau annuellement pour assurer la pérennité du projet. Un ouvrage collectif est en préparation, dans lequel chaque écrivaine pourra transmettre sa vision d’un des cinq thèmes évoqués, soit l’éducation, le corps, l’environnement, les questions migratoires et la guerre. À cela s’ajoute la publication prochaine des comptes rendus des différents ateliers s’étant déroulés lors du Parlement, ainsi qu’une charte.

*Provient du latin soror, qui signifie sœur ou cousine.

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