L’heure existentielle

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Par Jolène Ruest
mercredi 14 mars 2018
L’heure existentielle
À deux heures du matin est la quatrième production de la saison 2017-2018 du TUM. (Photo : Courtoisie Bonyata Paradon)
À deux heures du matin est la quatrième production de la saison 2017-2018 du TUM. (Photo : Courtoisie Bonyata Paradon)
Tard dans la nuit, quel bilan feriez-vous de votre vie ? Voilà la question que se posent les personnages de la pièce À deux heures du matin de Falk Richter. Présentée par la troupe Théâtre Université de Montréal (TUM) les 16 et 17 mars prochains, cette œuvre suscite réflexions profondes et rires grinçants.

Dans des bureaux modernes rappelant ceux d’Ubisoft ou de Google, 11 employés remettent en question leur propre existence dans un grand remue-méninges, lorsque leur patron disparait. Il a décidé, à deux heures du matin, de fermer ses comptes Facebook et Skype avant de s’enfermer dans une chambre d’hôtel pour s’isoler du monde. Le comédien du TUM et étudiant à la maîtrise en traduction Julien-Claude Charlebois décrit le texte de Richter comme tragique. « C’est vrai qu’à la première lecture, ça peut avoir l’air sérieux, affirme la metteuse en scène, Mireille Camier. Mais jouée, la pièce se veut très ironique. »

Parmi les scènes marquantes, le personnage joué par Julien-Claude passe un entretien d’embauche. L’entrevue devient complètement absurde lorsque le personnage est interrogé sur ses relations amoureuses et ses amitiés et qu’on exige de lui que sa personnalité corresponde à un certain standard, dans le but d’engager uniquement des employés modèles.

Nombreuses réflexions

Le public rira, mais l’ironie de Richter suscite avant tout des réflexions, selon Mme Camier. « À deux heures du matin s’avère surtout un prétexte pour se questionner sur le travail, la performance et la solitude à notre époque, explique-t-elle. La pièce rejoint des thèmes larges et profondément humains. »

Si le texte pullule de remises en question, la scène est aussi chargée. Un chœur de comédiens est présent tout au long de la pièce et un bureau complet en plexiglas déborde d’accessoires. Ciseaux, piluliers et piles de paperasse dévient de leur usage premier et deviennent, entre autres, des instruments de musique. « Les accessoires servent à créer des images, des sons, de la poésie », précise la metteuse en scène.

Allemagne-Québec

Tout comme l’auteur allemand Falk Richter le fait avec l’écriture, Mireille Camier a procédé par improvisation avec ses comédiens pour monter la pièce. « Les répétitions laissaient place à l’exploration », se rappelle Julien-Claude Charlebois, qui en est à sa cinquième expérience théâtrale avec le TUM.

La metteuse en scène maîtrise le style de Richter puisqu’elle a eu l’occasion de travailler avec lui l’été dernier grâce à une bourse de perfectionnement professionnel du Conseil des arts du Canada. « Cette expérience m’aide à travailler le texte dans une perspective où on révèle l’absurdité de notre mode de vie », confie Mme Camier.

Falk Richter est considéré comme l’un des dramaturges contemporains les plus influents, mais il reste méconnu au Québec. Ses pièces ont été jouées à quelques reprises, dont au Festival TransAmériques en 2011 et à la Société des arts technologiques en 2012.

À deux heures du matin
16 mars à 20 h | 17 mars à 15 h et à 20 h
Centre d’essai de l’UdeM
2332, boulevard Édouard-Montpetit
Billets de 7 $ à 15 $