L’excellence malgré le TDAH

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Par Raphaelle.Corbeil
mercredi 27 février 2013
L'excellence malgré le TDAH
La coordonnatrice et psychologue au cesar, dania ramirez, et sa collègue josée sabourin aident les étudiants atteints du TdaH à développer leur potentiel intellectuel. (Crédit photo: Pascal Dumont)
La coordonnatrice et psychologue au cesar, dania ramirez, et sa collègue josée sabourin aident les étudiants atteints du TdaH à développer leur potentiel intellectuel. (Crédit photo: Pascal Dumont)

Les étudiants atteints du trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ont dû traverser un long parcours semé d’embuches. Les divers centres d’accompagnement disponibles sur le campus de l’UdeM aident ces étudiants à composer avec ce handicap et même à devenir un modèle de réussite scolaire.

 Le TDAH est un problème neurologique qui se manifeste dès l’enfance sous forme d’inattention  avec ou sans hyperactivité-impulsivité.

 Hélène (nom fictif), une étudiante de l’UdeM qui a souhaité garder l’anonymat, a vécu 21 ans sans savoir qu’elle avait un TDAH. Après une scolarité difficile au primaire, elle a redoublé sa deuxième année de secondaire, et passé toutes les autres de justesse. Au cégep, elle devait prendre des cours de rattrapage pendant l’été. Ce n’est qu’à la toute fin de son parcours collégial que la conseillère en aide pédagogique de son école lui a parlé du déficit de l’attention et lui a recommandé d’aller voir un médecin. Juste à temps pour son arrivée à l’UdeM. 

 « Ni moi ni mes parents ne savaient ce qu’était un déficit de l’attention. J’étudiais énormément et ma mère me poussait beaucoup, mais je n’avais jamais de bonnes notes, raconte-elle. Au cégep, une conseillère en aide pédagogique m’a même conseillé d’abandonner l’école. On m’a dit que ce n’était pas pour moi. »

 Déterminée, Hélène a tout de même poursuivi ses études. Sa première année à l’UdeM a été difficile, car elle a dû essayer plusieurs sortes de médicaments avant de trouver le bon. « J’étais vraiment découragée, je n’avais même pas 2.0 de moyenne générale. Je me suis dit que je n’étais tout simplement pas intelligente », précise-t-elle.

Petit à petit, avec la bonne médication, et grâce au soutien des employés du Bureau des étudiants en situation de handicap (BESH) et de ceux du Centre étudiant de soutien à l’apprentissage et à la réussite (CESAR), elle a réussi à remonter la pente.

 Développer son potentiel

 Hélène a d’abord rencontré un conseiller au BESH qui l’a accompagnée tout au long de sa scolarité. Des mesures d’accommodement ont été mises en place afin qu’elle puisse faire ses examens dans un local séparé et avoir du temps supplémentaire. « Le fait de pouvoir faire mes examens seule m’aide énormément puisque je ne suis pas déconcentrée par les bruits autour de moi, explique-t-elle. En plus, ça diminue mon anxiété de moitié, car je ne panique pas de voir tout le monde terminer avant moi ! »

 Le coordonnateur au BESH Nicolas Fortin souligne l’importance d’accorder des accommodements aux étudiants atteints de TDAH pour leur réussite scolaire. « C’est comme si ces étudiants ne voyaient pas et n’avaient pas de lunette, explique-t-il. Nous, on leur en donne afin qu’ils soient sur le même pied d’égalité que tous les autres. »

 Si le BESH agit à titre de conseiller et s’occupe de tout ce qui est pratico-pratique, le CESAR joue, quant à lui, un rôle clé en offrant aux étudiants des suivis psychologiques personnalisés, ainsi qu’une vaste gamme d’ateliers qui permettent d’acquérir de bonnes stratégies d’étude.

 « Mes rencontres avec la psychologue du CESAR m’ont beaucoup aidée parce que j’ai appris à étudier efficacement, se réjouit Hélène. Je me suis rendue compte que je ne m’y prenais pas du tout de la bonne façon! »

En plus d’offrir des services qui permettent d’acquérir des techniques d’étude, le CESAR aide les étudiants à mieux gérer leur temps et leurs moments de concentration. Selon la psychologue en aide à l’apprentissage au CESAR Josée Sabourin, la transition du cégep vers l’université peut s’avérer particulièrement difficile pour les personnes avec un TDAH. « Une des difficultés pour ces étudiants est la gestion de temps, explique-t-elle. À l’université, il y a encore moins d’encadrement qu’au cégep et les étudiants doivent apprendre à gérer leur horaire. »

 Plusieurs activités du CESAR se penchent justement sur la régularisation des études personnelles, de l’activité physique, des activités sociales et du sommeil, afin de trouver un bon équilibre d’hygiène de vie.

 L’UdeM : une des universités les mieux outillées

 Avec son équipe de médecins, de neuropsychologues, de psychologues spécialisés en problèmes d’apprentissage, ses suivis personnalisés et ses ateliers de groupes, l’UdeM peut se vanter d’offrir un service complet aux étudiants souffrant de TDAH. « On est probablement l’université du Québec qui est la mieux outillée pour venir en aide à ces étudiants », explique la psychologue et coordonnatrice au CESAR, Dania Ramirez.

Plusieurs étudiants se présentent au CESAR parce qu’ils ont des difficultés sans toutefois savoir qu’ils ont un déficit de l’attention. « Il arrive qu’après une ou deux rencontres avec le psychologue en apprentissage, l’étudiant soit référé en neuropsychologie pour avoir une évaluation complète », explique Mme Ramirez.

Si l’étudiant reçoit le diagnostic de TDAH, il peut alors prendre rendez-vous avec un médecin de la clinique de l’UdeM et obtenir un traitement médical. Le tout dans le même bâtiment. « C’est très rare que des institutions offrent des services d’évaluation, se félicite Mme Ramirez. On réfère le plus souvent les étudiants à l’extérieur, et ça peut être très long avant d’avoir un diagnostic. Chez nous, on peut aider ces étudiants de A à Z ! »

Selon Josée Sabourin et Dania Ramirez, la médication à elle seule ne suffit pas à bien vivre avec ce problème. « La médication aide énormément à mieux composer avec le TDAH, surtout au niveau de la concentration, explique Mme Sabourin. Par contre, la médication n’aide pas tout, et les suivis au CESAR et au BESH sont essentiels pour permettre à ces étudiants de développer leur potentiel intellectuel. »

Aujourd’hui, Hélène a remonté la pente. Après avoir obtenu un premier baccalauréat avec une bonne moyenne, elle a été acceptée l’année dernière en criminologie, un programme qu’elle avait toujours voulu suivre. « Si je n’avais pas eu les services de l’UdeM, je n’aurais jamais été capable de me rendre jusqu’ici. », confie-t-elle. Elle est maintenant sur la liste du doyen, avec une moyenne exemplaire de 4.0 sur 4.3, et projette de poursuivre ses études à la maîtrise.