Les poissons de janvier

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Par Etienne Galarneau
jeudi 1 février 2018
Les poissons  de janvier
(Photo: Flickr.com | Gage Skidmore)
(Photo: Flickr.com | Gage Skidmore)
Sans figurer sur la liste des communiqués officiels de l’UdeM, ni même sur le site de la FAÉCUM, l’annonce qu’un bar étudiant ouvrira au pavillon Roger-Gaudry à l’automne 2018 a tout de même réussi à se répandre comme une traînée de poudre. Sur Facebook, on compte plus de 1 500 publications de l’article. L’information a même été repartagée par le site Narcity et celui du Journal de Montréal.

Mais le rêve ne dure pas longtemps. Le compte Facebook officiel de la Fédération publie un démenti le lendemain midi : il s’agit d’une fausse nouvelle créée dans le cadre d’un défi du Carnaval. Déçues, les personnes flouées par la nouvelles iront noyer leur peine avec une bière vendue au café de kinésiologie, où il y a un permis d’alcool permanent.

Les fleurs et le pot

Que celui ou celle qui n’a jamais initié une blague qui a tourné au vinaigre lance la première pierre aux organisateurs du Carnaval. Il fallait bien s’attendre à ce que l’expression de 2017 selon le dictionnaire Collins* soit de la liste des défis de la grande compétition interfacultaire.

Et il faut dire qu’une fois dans le coup, c’est très drôle. Si vous avez connaissance de la liste des défis à accomplir dans le cadre du Carnaval pour faire gagner des points à votre programme, vous devez vous bidonner devant l’enchaînement de fausses informations concernant l’UdeM qui circule sur les réseaux sociaux en ce moment. Des pages comme Spotted : UdeM partagent des informations qui vont de la capture d’écran modifiée annonçant que l’Université proposera la moitié de ses cours en anglais à une invasion de punaises de lit au pavillon Roger-Gaudry.

Le bonheur des uns…

L’humour d’une bonne fausse nouvelle, c’est quand tout le monde fait partie de la blague. Le Journal de Mourréal et The Onion sont connus pour leurs textes satiriques. On rit bien des textes, mais aussi un peu de celles et ceux qui tombent dans le panneau. Les bienfaisants signalent qu’ils se sont fait piéger et on n’en parle plus. Le 1er avril, c’est le même scénario.

Par contre, une fausse nouvelle créée pour répondre à une liste qui est distribuée à une délégation d’étudiants présents à la soirée de lancement du Carnaval, ça manque un peu de contexte pour certains. Personne ne peut espérer qu’avec plus de 40 000 membres, la FAÉCUM puisse concevoir une activité à laquelle tous puissent participer.

On a pourtant vu par le passé des efforts considérables pour s’approcher de l’objectif de cette tâche pratiquement insurmontable. Notons les positions en faveur du véganisme votées lors de leur dernier congrès ou encore les efforts considérables pris pour que tout ce qui figure à leur calendrier soit estampillé « Sans oui, c’est non! », sécuritaire pour toutes et tous.

Bien sûr, les défis du Carnaval sont appréciables. C’est une bonne manière de fortifier l’esprit de communauté au sein des programmes et à travers les différentes facultés. Si tout le monde fait partie de la blague, c’est encore mieux, sinon l’unité des uns se fait au détriment de l’information des autres.

Au moins, tout n’est pas perdu. Les personnes dupées pourront sans doute se consoler en assistant à la conférence du président américain, Donald Trump, qui aura lieu sur le campus dans la foulée du G8. Du moins, c’est ce que j’ai lu sur Facebook…

Etienne Galarneau


* « De l’information à la désinformation », Quartier Libre, volume 25, no 7.