Les luttes de demain

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Par Zacharie Routhier
lundi 30 avril 2018
Les luttes de demain
La personne secrétaire aux communications de l’ASSÉ, Dorian Desjardins- Leclerc, croit que les universités sont mal financées. (Crédit photo : Benjamin Parinaud)
La personne secrétaire aux communications de l’ASSÉ, Dorian Desjardins- Leclerc, croit que les universités sont mal financées. (Crédit photo : Benjamin Parinaud)
À quelques jours de la fin de la session d’hiver, Quartier Libre trace un portrait des luttes et défis du mouvement étudiant pour l’année à venir.
L’université est complice de l’exploitation des étudiants en mettant des programmes de stage obligatoires [non rémunérés].
Rami Yahia, Secrétaire général de l’AVEQ

L’Union étudiante du Québec (UEQ), dont la FAÉCUM est membre, a établi le 6 avril dernier ses grandes orientations politiques pour l’année prochaine. Le développement d’un discours sur la compensation des stages obligatoires en fait partie. En enseignement, l’annonce de l’ajout de 15 millions de dollars pour les stagiaires en éducation dans le dernier budget provincial est un pas dans la bonne direction, selon le président de l’association, Simon Telles. « On a atteint une première étape importante, qui est de s’assurer que les fonds soient dans le budget, mais le travail n’est pas terminé, tempère-t-il. Tant que les étudiants n’auront pas la bourse [revendiquée de 576 $ par semaine] entre les mains, on ne pourra pas crier victoire. »

Pour Simon, c’est la principale bonne nouvelle du budget, puisque le réinvestissement d’environ 100 millions de dollars dans le réseau universitaire est nettement inférieur aux coupes subies depuis 2012. « Ça ne prend pas un doctorat en mathématiques pour voir que ça ne fonctionne pas », illustre-t-il. Au programme pour l’an prochain, on retrouve également la poursuite de la lutte contre les violences sexuelles et la reconnaissance du droit de grève.

Pour sa part, l’Association pour la voix étudiante au Québec (AVEQ) est heureuse des gains des étudiants en éducation, mais insiste sur le fait qu’elle se bat pour la rémunération de tous les stages. « C’est de l’exploitation de ressources humaines, que ce soit de la part de compagnies privées ou de la part du gouvernement, pointe le secrétaire général de l’AVEQ, Rami Yahia. L’université est complice de l’exploitation des étudiants en mettant des programmes de stage obligatoires [non rémunérés]. »

C’est le 23 mai, lors de l’élection d’un nouveau conseil exécutif, qu’il sera possible de mieux connaître les prochaines luttes de l’association. Rami croit que la lutte contre les violences sexuelles sur le campus sera mise de l’avant. Selon lui, la question de la dérégulation des droits de scolarité devrait aussi être sur la table en vue d’une obtention éventuelle de la gratuité scolaire.

Renouveau envisagé pour l’ASSÉ

L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), représentante de 70 000 membres, est actuellement en campagne contre le harcèlement sexuel dans le milieu scolaire. Elle affichait plusieurs postes vacants au sein de son exécutif cette année. « Il y a eu un creux de mobilisation dans les dernières années, on ne va pas se le cacher, admet la personne membre de l’équipe nationale Dorian Desjardins-Leclerc. Mais en ce moment, il existe quand même un regain d’intérêt. »

En réaction au budget, l’ASSÉ a publié un article sur sa plateforme interne, s’inquiétant notamment de l’implantation du privé au collégial. Le texte dénonce une hausse de la publicité visant le recrutement d’étudiants internationaux dans les universités, craignant que ceux-ci deviennent d’abord et avant tout une source de revenus pour les universités.

Lors de son congrès des 21 et 22 avril, les membres de l’Association nationale se sont prononcés en faveur d’une campagne contre la marchandisation de l’éducation. « Plusieurs réformes inquiétantes en éducation supérieure semblent passer sous le radar et l’ASSÉ compte les exposer et mobiliser ses membres à ce sujet », précise Dorian.

Un avis de motion de dissolution a été déposé par l’Association du Cégep de Sherbrooke en septembre dernier, sans qu’il ne soit traité. Selon Dorian, le processus n’a pas été complété au congrès hivernal malgré plusieurs discussions et réflexions qui ont eu lieu sur le sujet. Cette personne membre ajoute que l’engagement au sein de l’ASSÉ se poursuit, malgré la houle créée par la question de la dissolution. « Il y a davantage de personnes se présentant sur l’exécutif pour l’année prochaine qu’il n’y a de personnes sur l’équipe nationale en ce moment », ajoute la personne membre. Le congrès a vu l’éléction de quatre nouveaux exécutants qui débuteront leur mandat en juin dont Dorian au poste de secrétaire aux communication.

Communication difficile

L’UEQ dit avoir de la difficulté à joindre les autres grandes associations universitaires. « Il n’y a pas beaucoup d’interactions en ce moment, regrette le président de l’UEQ. Quand on essaie d’appeler [l’ASSÉ et l’AVEQ], ça ne répond pas. »

Les membres de l’ASSÉ se sont dotés d’un mandat de méfiance à l’égard de l’UEQ, explique Dorian. « On ne collabore pas particulièrement avec eux, précise cette personne. On essaie de se démarquer en faisant davantage du syndicalisme de combat. »

L’AVEQ a elle aussi une approche différente de l’UEQ, selon Rami. « On lutte contre le gouvernement au lieu de travailler main dans la main avec eux, explique le secrétaire général. Parfois, c’est difficile de travailler avec des groupes étudiants qui ont des positions qui ne reflètent pas vraiment les valeurs du mouvement étudiant. » Il donne l’exemple de la gratuité scolaire sur laquelle l’UEQ n’a pas de position.


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