Les arrêtés de la grève étudiante parlent

icone Societe
Par Dominique Cambron Goulet
mardi 19 mars 2013
Les arrêtés de la grève étudiante parlent
Près de 238 arrestations ont été faites (dont beaucoup d'étudiants) lors de la manifestation contre la brutalité policière du 15 mars dernier. (Crédit photo : Pascal Dumont)
Près de 238 arrestations ont été faites (dont beaucoup d'étudiants) lors de la manifestation contre la brutalité policière du 15 mars dernier. (Crédit photo : Pascal Dumont)

Deux étudiants de l’UdeM, Myriam Tardif et Nadim Émond, ont réalisé le film ethnographique On a gagné : regards sur une victoire amère qui entre dans le quotidien de militants étudiants arrêtés lors du printemps érable.

Réalisé dans le cadre d’un cours,  On a gagné : regards sur une victoire amère est plus qu’un documentaire engagé : « C’est un film qui est accompagné d’une recherche anthropologique, explique l’étudiante en anthropologie Myriam Tardif. Il s’agit de montrer le point de vue de l’intérieur d’un groupe. »

Le film montre comment vivent les étudiants pris avec des conditions de libération ou de prévention durant leurs procédures judiciaires. « On voulait montrer une facette différente, ajoute Myriam. Après la grève, tout le monde disait qu’on avait gagné, qu’on avait bloqué la hausse, mais d’autres ne célébraient pas. » On y apprend, entre autres, que certains étudiants ne peuvent pas se trouver à proximité de certains lieux aussi répandus qu’une école ou qu’une station de métro. 

« On ne voulait pas montrer ces gens comme des exemples », spécifie Myriam. C’est pour cette raison que personne n’est nommé ou identifié dans le film. 

En général, dans la réalisation d’un film ethnographique, l’établissement d’un lien de confiance entre les chercheurs et les sujets peut prendre beaucoup de temps. Ce n’a pas été le cas ici. « Pour plusieurs personnes, nous avions des relations déjà existantes et un lien de confiance déjà bâti, confie Myriam. Mais malgré cela, ils ne nous ont pas tout dit, car ils ont fait de l’autocensure et nous en sommes bien conscients. »

Myriam Tardif assure que sa démarche avec Nadim Émond se voulait loin du documentaire engagé, malgré leur implication dans le mouvement étudiant. « C’est sûr que nos questions sont orientées, mais n‘importe quelle recherche prend position, juge-t-elle. À trop vouloir tendre vers l’objectivité, on finit par déformer la réalité. Il suffit d’être capable de reconnaître notre part de subjectivité pour que la démarche reste honnête. »

Présenté dans le cadre du Festival international du film ethnographique du Québec (FIFEQ) samedi dernier à l’UdeM, On a gagné : regards sur une victoire amère sera présenté le 23 mars à 19 h à L’espace Valois (1407, rue Valois) au lancement d’Écho : un arrêt sur un mouvement, deux recueils de textes sur les événements politiques du printemps 2012.