Lecture du tournant technologique

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Par Marie-France Mercier
samedi 27 septembre 2014
Lecture du tournant technologique
Crédit photo: Isabelle Bergeron
Crédit photo: Isabelle Bergeron
Sur les tablettes des librairies et des bibliothèques se multiplient les livres sur les mutations dans le monde de l’éducation et plus particulièrement sur l’apport des technologies de l’information des communication (TIC ou TICE). Depuis ces dernières années, les recherches en ce domaine constituent un sujet chaud, car la diffusion et la construction du savoir prennent de nouvelles formes. Saisissons-nous toute la portée du tournant technologique alors qu’il est déjà à nos portes?
Si le courant technologique s’est bien étendu aux États-Unis, nous ne pouvons dire que nous sommes en reste du côté de l’Université de Montréal. Emmanuel Davidenkoff Auteur français

Le tsunami numérique est un titre qui attire bien le regard. L’auteur français Emmanuel Davidenkoff a piqué ma curiosité avec une telle formulation. Il soutient d’emblée que les technologies opèrent de profondes transformations dans le système d’éducation.

Si le courant technologique s’est bien étendu aux États-Unis, nous ne pouvons dire que nous sommes en reste du côté de l’UdeM. Les bibliothèques mettent à disposition des périodiques électroniques, des dictionnaires, des objets numériques (Calypso), les thèses et mémoires (Papyrus) et des bases de données en ligne. Aussi, à partir de 1999, l’Université a eu recours à la plateforme d’apprentissage WebCT, avant de la remplacer par StudiUM en 2011.

Comme nous le savons, les potentialités de StudiUM sont nombreuses : mise en ligne de documents, création de forums, mise en place de bases de données, etc. Enfin, depuis lundi dernier, les bibliothèques de l’UdeM travaillent en partenariat avec les Presses de l’UdeM (PUM) afin de mettre en libre accès des livres numériques.

Beaucoup à mettre en balance

Davidenkoff n’a d’ailleurs de cesse de vanter les mérites de la conjugaison entre enseignement et technologies. Il consacre un chapitre entier aux Cours en ligne ouverts et massifs (CLOM).

Ces derniers sont économiques et accessibles pour un grand nombre de personnes. De plus, les CLOM ont plusieurs avantages pour les étudiants et les professeurs ou encore sur les plans de l’apprentissage et de l’enseignement.

D’une part, les étudiants peuvent recentrer leur travail personnel à l’extérieur des cours et se préparer adéquatement à leurs cours avec tous les documents disponibles, dans le temps dont ils ont besoin. D’autre part, les enseignants ont la possibilité de gagner du temps ou de réorganiser leurs cours plus efficacement, par exemple, en réduisant la partie magistrale.

Ceci donne alors du jeu pour adopter d’autres méthodes pédagogiques, autant du côté théorique que pratique. Les professeurs peuvent aussi enseigner à plus d’étudiants en moins de temps à l’aide de tutoriels ou de présentations préalablement faites.

« Les universités pourront se concentrer sur tout ce qui touche à l’expérience universitaire : tutorat, travaux pratiques, labos de recherche, vie associative, imprimante 3D, logement, activités culturelles et sportives », écrit l’auteur. Outre les avantages apportés par les CLOM, les technologies permettent selon Davidenkoff de rejoindre d’autres communautés d’étudiants plus reculées ou moins développées et brisent le modèle « méritocratie élitiste » des universités.

Que des avantages ?

Seuls quelques rares bémols sont soulevés par l’auteur dans son livre. Par exemple, les TICE transforment le rapport enseignant-élève dans lequel les sources de savoir ne viennent plus de l’enseignant seul. Le rôle de l’enseignant, celui de « donner des raisons d’apprendre, d’insuffler l’envie », s’amenuise aussi dans ce contexte. L’enseignant se transforme simplement en guide.

Puis, le « tsunami numérique » n’est pas sans conséquences, lorsqu’on pense que la future formation des futurs enseignants sera à réformer. Plusieurs professeurs actuels éprouvent des difficultés et ne savent pas comment faire des formations en ligne.

Outre ces défauts, Davidenkoff reste convaincu de l’apport positif des TICE. « Ouverture » et « innovation » se lisent dans sa pensée et dans son argumentation. Doit-on suspecter chez l’auteur un trop grand enthousiasme? Sans doute. Toutefois, on ne peut nier la part de plus en plus large des TICE dans le système d’éducation d’aujourd’hui.