Le vieux au goût du jour

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Par Ambre Sachet
lundi 6 octobre 2014
Le vieux au goût du jour
Félix the Cat, The Otto Messmer Classics 1919/1924 a été présenté lundi 29 septembre au Carrefour des arts et des sciences, salle C-1017-2.
Félix the Cat, The Otto Messmer Classics 1919/1924 a été présenté lundi 29 septembre au Carrefour des arts et des sciences, salle C-1017-2.
Une sélection de longs métrages et de films de fiction anciens sera proposée par le Carrefour des arts et des sciences du 1er octobre au 1er décembre. Projetés en grande partie dans le cadre du cours Mouvements de l’histoire du cinéma (CIN1101), mais ouverts au public, ces grands classiques du cinéma ont été choisis par le chargé de cours en études cinématographiques, Gwenn Scheppler.

On retrouve parmi les films proposés par le Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques neuf œuvres issues des années 1920 à 1950, dont Umberto D de Vittorio De Sica, Pépé le moko de Julien Duvivier ou Quai des brumes de Marcel Carné.Ainsi, c’est une palette de longs métrages retraçant l’évolution des principaux courants du cinéma, dont la Nouvelle Vague, le néoréalisme italien et l’expressionnisme allemand, qui est proposée. « Il est important de parler des mouvements qui ont un manifeste, de percevoir le cinéma comme un déplacement qui s’inscrit dans une histoire organique faite d’évolutions », explique Gwenn Scheppler.

Pour l’étudiante en cinéma Yasmine Mahjoubi, connaître les films plus anciens, notamment ceux des années 1940, est essentiel.« Ils constituent la base de l’art cinématographique moderne, juge-t-elle. Des chefs-d’œuvre comme Citizen Kane ou Le dictateur ont été créés à cette époque.Mais je crois que mon film préféré reste Casablanca [1942], c’est juste un classique qui a inspiré tellement de gens, comme Woody Allen pour Manhattan [1979]. » L’étudiante évoque aussi Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini et Le Voleur de bicyclette de Vittorio de Sica comme des films qui la marqueront à vie, même si elle avoue préférer la période des années 1950-1960.

« Ne pas visionner de tels films, c’est comme si vous hésitiez à lire Balzac alors que vous faites un baccalauréat en littérature », croit le professeur agrégé du Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques et auteur de plusieurs livres sur le cinéma, Germain Lacasse.

Repenser l’histoire du cinéma

Moins populaires que The Hobbit ou d’autres superproductions, les films présentés cet automne représentent une façon de penser propre à un contexte historique et politique. La période de l’entre-deux-guerres marque une nouvelle esthétique cinématographique. « Toute œuvre s’inscrit dans un contexte, et lorsque l’on porte un regard sur le monde cinématographique, il ne s’agit pas d’y voir une histoire linéaire et hermétique , précise-t-il. Pépé Le Moko en est une parfaite illustration. » Ce film français de 1937 du réalisateur Julien Duvivier avec l’acteur Jean Gabin, montre la Casbah d’Alger des années 1930.

Cinéma 2.0

Malgré l’intérêt des étudiants pour les films anciens, M. Lacasse déplore le faible nombre d’étudiants assistant aux projections sur grand écran, et ironise sur le sujet. « Visionner un film sur une tablette, c’est comme regarder le plafond de la chapelle Sixtine sur un timbre-poste, croit-il. Le cinéma consiste en une présence active avec l’œuvre, une relation privilégiée et émotionnelle avec le film. »

Une vision que ne partage pas l’étudiante en cinéma Léa Nachman. « Quel que soit le support sur lequel le cinéma est diffusé, les émotions qu’un film nous apporte relèvent de l’intime. » Les films présentés sont également étudiés dans le cadre d’un cours, et doivent être, selon les deux professeurs, perçus comme une invitation au débat et aux réactions groupées.

Quelques films des années 1920 à 1950
présentés à la session d’automne 2014 :

Le cabinet du docteur Caligri(1920) de Robert Wiene • 1er octobre à 19 h 45

Nosferatu (1922) de Friedrich Wilhelm Murnau • 8 octobre à 20 heures

Le dernier des hommes (1924) de Friedrich Wilhelm Murnau • 8 octobre à 20 h 30

Pépé le Moko (1937) de Julien Duvivier • 15 octobre à 19 heures

Quai des brumes (1938) de Marcel Carné • 15 octobre à 20 h 30

Rome, ville ouverte (1945) de Roberto Rossellini • 12 novembre à 19 heures

Le voleur de bicyclette (1948) de Vittorio de Sica • 19 novembre à 19 heures