Le train suspendu ne tient qu’à un fil

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Par Marie Bernier
mardi 1 novembre 2011
Le train suspendu ne tient qu'à un fil

Étudier à l’UdeM le jour, dormir à Québec le soir ? Il faudra être patient. Près d’un an après la publication d’un rapport favorable de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC), le projet d’un monorail ultrarapide qui relierait la métropole et la capitale nationale est encore au point mort. Mais il fait toujours rêver son promoteur Jean-Paul Marchand, qui le présentait au Collège de Bois-de-Boulogne le 26 octobre.

Des cabines suspendues à 10 mètres du sol et qui filent à 250 km/h au-dessus de l’autoroute 20 avec à bord une soixantaine de personnes : voilà le projet de monorail défendu par le promoteur de TrensQuébec et ancien d é p u té d u Bloc Québécois , Jean-Paul Marchand. M. Marchand sait que son projet est ambitieux. « C’est plus gros que la baie James ! », s’est-il exclamé avant de commencer son exposé.

Deux villes, un rail, 16 moteurs-roues par navette et un promoteur du projet de plus en plus isolé. Crédit : TrensQuébec

Depuis septembre , l’ École Polytechnique, HEC Montréal et l’École de design de l’UdeM étudient conjointement divers aspects du projet de monorai  défendu par TrensQuébec, dont l’infrastructure, le design des navettes et la rentabilité. Les résultats sont attendus en mars 2012.

C’est que l’idée qui paraissait futuriste est devenue une option concrète avec le dépôt en décembre 2010 d’une étude de l’IREC. Intitulé L’électrification du transport collectif : un pas vers l’indépendance énergétique du Québec, le rapport démontre qu’un monorail du type proposé par TrensQuébec serait non seulement réalisable, mais coûterait trois fois moins cher qu’une ligne de TGV, trois milliards de dollars plutôt que neuf.

Malgré l’aval enthousiaste de l’IREC, les appuis au monorail sont demeurés très faibles face au TGV, qui gagne du terrain. «Le gouvernement Charest est bloqué là-dessus parce qu’il y a des intérêts particuliers qui veulent favoriser le TGV, dont Bombardier», déplore M. Marchand.

Le gouvernement du Québec espère voir Montréal raccordée au réseau de TGV américain de 53 milliards annoncé par le président Obama en février. L’ancien ambassadeur du Canada à Washington, Raymond Chrétien, a d’ailleurs été nommé pour piloter le dossier ferroviaire que plusieurs surnomment désormais le Plan Sud. Le monorail n’a pas été inclus dans les négociations.

La mairie de Québec croit également que le projet de TrensQuébec fait fausse route. « Le maire Labeaume m’a claqué la porte au nez quand je lui ai proposé le monorail », raconte M. Marchand.

Cela fait maintenant trois ans que le docteur en philosophie des sciences prêche pour la construction d’un train suspendu entre Montréal et Québec. Au coeur du projet : le moteur-roue inventé par l’ancien chercheur d’Hydro-Québec Pierre Couture, « l’une des plus grandes inventions du XXe siècle » selon Jean-Paul Marchand.

Parmi la soixantaine de monorails en activité à travers le monde, les plus rapides atteignent à peine 60 km/h. Jean-Paul Marchand croit que le moteur-roue pourrait révolutionner le transport collectif en propulsant à grande vitesse le TrensQuébec, tout en étant entièrement électrique et très léger. Bien qu’il soit exploité par une douzaine de multinationales à travers le monde, le moteur-roue n’a jamais connu d’utilisation au Québec, un dossier sensible qu’a mentionné Jean-Paul Marchand au passage : « Hydro-Québec a laissé aller les brevets du moteur-roue. »