Le temps d’être pédagogue

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Par Dominique Cambron Goulet
mercredi 12 novembre 2014
Le temps d’être pédagogue
Illustration : Melaine Joly
Illustration : Melaine Joly
Quel étudiant n’a pas déjà ragé après un professeur qui redonnait des copies de travaux avec simplement une note et aucun commentaire pour comprendre les raisons de son B ou pour progresser dans son apprentissage? Certains enseignants manquent de pédagogie. Ils connaissent bien la matière, mais n’ont pas assez d’astuces afin de la transmettre aux étudiants.

L’UdeM n’exige pas de ses professeurs qu’ils aient une formation didactique (p. 12). Par contre, des ateliers complémentaires sont offerts aux nouveaux enseignants ainsi qu’à ceux qui désirent se perfectionner en pédagogie. Une formation pertinente, mais qui ne peut suffire à elle seule.

À qui incombe donc la tâche de faire évoluer les compétences pédagogiques des professeurs, si ce n’est aux étudiants? Les évaluations de l’enseignement seront bientôt remplies par tous les étudiants de l’UdeM. De la même manière que les professeurs ou chargés de cours qui ne donnent aucun commentaire sur les travaux, les étudiants qui n’écrivent pas de recommandations aux professeurs sur leur formulaire d’évaluation ne permettent pas aux enseignants de progresser. Faire preuve de pé­dagogie se fait à tout âge et n’est pas une qualité qui doit être réservée à ceux qui enseignent. Un étudiant qui se plaint des lacunes d’un professeur sans lui en faire part est encore moins bon pédagogue que celui contre qui il chiale.

Il ne faut pas oublier que les commentaires, tant positifs que négatifs, sont souvent la seule rétroaction que reçoit un chargé de cours ou un professeur sur son enseignement. Alors que les résultats des questions à choix multiples du formulaire d’évaluation vont au département d’abord, les commentaires, eux, sont directement retransmis au professeur. Le rôle des étudiants est donc primordial à ce stade. On pourra exiger des futurs professeurs d’université toutes les formations en pédagogie existantes, celles-ci ne remplaceront jamais un retour accru de la part des étudiants.

Dans l’article de ma collègue Katy Larouche «De l’acétate à StudiUM», le titulaire de la Chaire de recherche sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) et professeur à l’UdeM, Thierry Karsenti, suggère que les étudiants ont aussi une grande responsabilité quant au succès d’un cours. Voilà un point de vue tout à fait pertinent. Lorsque les étudiants ont les yeux rivés sur leur ordinateur, comment est-ce possible de créer une ambiance favorable à l’apprentissage?

Avec les technologies que nous avons aujourd’hui, nous avons tendance à penser que l’interaction doit passer par des forums et des plateformes web. Pourtant, le contact humain d’un professeur passionné et dynamique reste encore la méthode la plus éprouvée. Si l’interaction en classe est primordiale à l’apprentissage des élèves, le retour sur l’enseignement en fin de session l’est tout autant pour la formation du professeur.

S’améliorer dans un domaine sans un regard extérieur est extrêmement difficile. Alors que l’université est le plus haut niveau de scolarisation que nous ayons dans notre société, qui d’autres que les étudiants peuvent être les professeurs des enseignants universi­taires?