Le stop-motion s’anime à Montréal

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Par Timothée Beurdeley
mercredi 16 septembre 2015
Le stop-motion s'anime à Montréal
« Il faut être très concentré. Pendant les tournages, tu rentres dans ta grotte, c'est un peu comme un transe. » Lydia Lorrain, ancienne étudiante au baccalauréat ès beaux-arts en cinéma d'animation à Concordia. Crédit : Courtoisie Erik H. Goulet
« Il faut être très concentré. Pendant les tournages, tu rentres dans ta grotte, c'est un peu comme un transe. » Lydia Lorrain, ancienne étudiante au baccalauréat ès beaux-arts en cinéma d'animation à Concordia. Crédit : Courtoisie Erik H. Goulet
Gumby, L’étrange Noël de M. Jack, ou encore Wallace & Gromit, les succès populaires du stop-motion sont nombreux. Du 25 au 27 septembre, le Festival du film de stop-motion de Montréal mettra cette technique d’animation en volume à l’honneur au sein de l’Université Concordia. Alors que le stop-motion suscite un engouement croissant, Quartier Libre s’intéresse à sa relève étudiante à Montréal.
« L’objectif est de mettre Montréal sur la carte du stop-motion. La ville dispose des technologies et des talents nécessaires pour créer sa propre industrie. » Érik Goulet
Directeur du Festival du film de stop-motion de Montréal (FFSMM) et professeur d’animation de stop-motion à la Faculté des Beaux-Arts de l’Université Concordia

Montréal peut se targuer d’accueillir le tout premier festival entièrement dédié au stop-motion. « J’ai créé le festival en 2009 en sentant venir un regain d’intérêt, et en constatant l’engouement de mes étudiants, explique le directeur du Festival du film de stop-motion de Montréal (FFSMM) et professeur d’animation de stop-motion à la Faculté des Beaux-Arts de l’Université Concordia, Érik H. Goulet. Durant trois jours, plus de 80 films internationaux seront en compétition. « Le festival réunit la crème de la crème du stop-motion mondial », affirme M. Goulet.

Des étudiants animeront des ateliers d’initiation pour le public. « J’ai conçu le festival comme une extension du Département de cinéma d’animation de l’Université », poursuit le directeur. Chaque année, plusieurs étudiants présentent également leurs productions dans la compétition académique du festival, à l’image de l’ancienne étudiante au baccalauréat en cinéma d’animation à Concordia Lydia Lorrain, sélectionnée en 2014 pour son film Simply a nordic day, également lauréat du Concordia University Stop Motion Animation Award.

« Il faut être très concentré, explique Lydia. Pendant les tournages, tu rentres dans ta grotte, c’est un peu comme une transe. » Le stop-motion est un procédé complexe qui demande de la patience, un esprit pratique affûté et une bonne dose d’inventivité. La technique consiste à déplacer légèrement des objets immobiles dans un décor, image après image, créant une impression de mouvement lorsque le film est projeté à vitesse normale. « Avec le stop-motion, tu as le bonheur d’utiliser ton imagination, poursuit-elle. Il faut créer une ambiance, fabriquer les décors et les marionnettes, régler l’éclairage… C’est très manuel ! »

Du stop-motion à l’UdeM ?

Sur le campus de la montagne, il existe un cours théorique au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques consacré au cinéma d’animation qui permet de découvrir le stop-motion parmi d’autres techniques. « Le cours présente les courants, l’histoire, les créateurs, et les techniques d’animation », explique le professeur au même Département Dominic Arsenault.

L’enseignement pratique du stop-motion est plus compliqué à mettre en place. « L’UdeM n’a pas les infrastructures nécessaires, explique le responsable de formation professionnelle au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, Bruno Philip. Et puis le stop-motion décuple le temps de travail des étudiants. » Les activités culturelles de l’UdeM proposent également un atelier de stop-motion en trois séances.

Quelques étudiants de l’UdeM s’y sont tout de même essayés, à l’image de l’ancien étudiant au baccalauréat en cinéma François Guay et son film de fin d’études Pogo et ses amis réalisé en 2008. « Je voulais faire quelque chose de différent, avec un look particulier, explique le réalisateur. Le tournage était intense. Si je me souviens bien, la première journée a duré 18 heures ! » Un pari couronné de succès puisque son court-métrage a remporté les prix du jury et du public lors de la Rétro­spective cinéma de l’UdeM de sa promotion cette année-là.

Emergence d’une production locale

Les films de stop-motion semblent impressionner par leur fougue et leur créativité et les studios multiplient les projets. « L’anima­tion en volume connaît un âge d’or, selon M. Goulet. Quand je vois le potentiel de certains élèves, je me dis qu’il faut que je les aide à trouver des emplois. » L’an dernier, les studios ToutEnKartoon de Montréal ont supervisé le tournage des séquences de stop-motion du Petit Prince, du réalisateur américain Mark Osborne. M. Goulet a participé au tournage avec six anciens étudiants qu’il a recommandés. « Les projets de cette importance sont exceptionnels à Montréal, explique Lydia. Ce premier emploi a mis la barre haute. »

En attendant de grandir, la petite communauté du stop-motion et du cinéma d’animation se serre les coudes. Depuis 2012, les anciens étudiants au baccalauréat en cinéma de l’UdeM Mathieu Dubois et Gabriel Martin-Meilleur organisent les soirées P’tit Pain, dédiées à toutes les formes du cinéma d’animation, dont le stop-motion. « Depuis deux ans, j’invite le Festival de stop-motion à être présent aux soirées P’tit Pain, par solidarité entre passionnés et pour que les deux évènements gagnent en visibilité », explique Mathieu. Autant d’initiatives qui rappellent la place historique du Québec dans le cinéma d’animation et qui visent à alimenter l’essor local du stop-motion.