L’e-sport sous les projecteurs

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Par Félix Lacerte-Gauthier
mercredi 6 avril 2016
L’e-sport sous les projecteurs
Le LAN ÉTS 2015 s'est déroulé à l'École de technologie supérieure, rassemblant 2000 personnes. Crédit : Courtoisie Pierre Yves Laroche/LAN ÉTS
Le LAN ÉTS 2015 s'est déroulé à l'École de technologie supérieure, rassemblant 2000 personnes. Crédit : Courtoisie Pierre Yves Laroche/LAN ÉTS
Du 15 au 17 avril aura lieu à la Place Bonaventure le tournoi de LAN ÉTS, la plus importante compétition d’e-sport au Canada. Après des débuts modestes, le LAN ÉTS, un club étudiant de l’École de technologie supérieure (ÉTS), est devenu un incontournable dans le domaine.
Qu'est-ce qu'un LAN? L’acronyme anglais LAN, pour « Local Area Network », désigne un réseau informatique local reliant plusieurs ordinateurs dans un espace limité. Le terme « LANparty» est également utilisé pour parler d’un tournoi en réseau dans le but de jouer à des jeux vidéo.

L’évènement propose 12 tournois de jeux différents, parmi lesquels se retrouvent des incontournables tels Starcraft, Super Smash Bros ou encore NHL 16. Avec des joueurs provenant non seulement du Québec, mais également du reste du Canada et des États-Unis, l’évènement remet jusqu’à 45 000 $ en prix aux gagnants et propose même une finale sur scène devant un public de 1 000 personnes. « Il y en a beaucoup qui sont connus dans la communauté : des semi-pros, des anciens professionnels. La compétition devrait être rehaussée d’un cran à ce niveau », explique le responsable des partenariats du LAN ÉTS et étudiant au baccalauréat en génie des technologies de l’information, Max St-Onge.

Pour l’étudiant au baccalauréat en informatique à l’UdeM Éric Morneau-Lépine, qui a participé à l’édition 2015 de l’évènement et qui va concourir au tournoi du jeu League of Legends cette année, le LAN permet de s’améliorer dans cette discipline tout en passant des moments agréables. « C’est une bonne occasion de faire une compétition amicale avec beaucoup de monde qui a le même intérêt pour les jeux vidéo que moi, de se rassembler avec un groupe d’amis, de faire des rencontres et d’avoir du plaisir dans un endroit fait pour ça », indique-t-il.

La première journée donne l’occasion au joueur de se familiariser avec l’évènement, avant que les tournois ne débutent le lendemain, pour une durée de 48 heures La dernière journée est consacrée aux finales de chaque jeu. « Il y a des joueurs qui ne dorment pas pendant 48 heures, ils ne font que jouer, s’exclame Max St-Onge. On essaie cependant de faire en sorte que les tournois se terminent avant minuit, pour que les joueurs aient un certain temps pour se reposer. » Des dortoirs seront également aménagés sur place afin de laisser un espace de repos aux joueurs.

D’autres iront à l’évènement en tant que spectateur, comme l’étudiant au baccalauréat en psychosociologie à l’UdeM Alexander Tanasie. « Ce qui m’intéresse, c’est surtout de rencontrer mes amis, de les voir jouer et de voir les compétitions, à cause de l’ambiance », dit-il.

Une référence au Québec

D’un petit club étudiant d’une cinquantaine de personnes à sa fondation en 2002, le LAN ÉTS en compte désormais 2 000. Les bourses offertes ont également augmenté en proportion, passant de 1 500 $ au début pour monter à 45 000 $ aujourd’hui. « Ça été le premier, et pendant longtemps, le seul évènement universitaire de ce type au Québec, résume l’étudiant au doctorat en études cinématographiques Simon Dor dont la thèse porte sur les jeux de stratégies. Tous ceux qui jouent à des jeux vidéo au niveau compétitif en ont entendu parler, c’est central et extrêmement important dans la culture du jeu vidéo à Montréal. »

Cette augmentation de la fréquentation peut s’expliquer par un plus grand engouement pour les jeux vidéo. « Les jeux vidéo sont devenus extrêmement importants culturellement ; les gens jouent beaucoup plus qu’avant et ça devient une pratique courante pour la majorité, indique Simon Dor. Il y a tellement de types de jeux vidéo de nos jours, la plupart des gens y jouent sous une forme ou une autre. »

Il en coûte environ 200 000 $ pour organiser un évènement d’une telle envergure. « Notre plus grande source de revenus, c’est la vente de billets, qui à elle seule devrait rapporter près de 160 000 $, dévoile Max St-Onge. On a également des personnes qui travaillent pour tenter d’obtenir des commandites, que ce soit de l’ÉTS, de compagnies de jeux vidéo, ou encore de compagnies qui voudraient être sur place ». Il en coûte entre 45 $ et 85 $ pour participer à l’événement. Entre 10 $ et 15 $ en tant que spectateur. Auparavant situé dans les locaux de l’ÉTS, l’évènement a dû déménager cette année parce que les capacités de l’école ne suffisaient plus à la demande.

Cet engouement pour l’e-sport pourrait amener cette discipline à occuper une place plus importante au sein des universités, de l’avis de Simon Dor. Il compare l’impact que pourraient avoir les sports électroniques à ceux des sports traditionnels. « Les sports ont une place assez importante à l’Université, ça lui donne une certaine image et lui permet de faire parler d’elle, explique-t-il. Je pense que l’e-sport va développer une image semblable. C’est aussi une façon pour l’Université de s’engager dans sa communauté et de s’investir dans l’avenir ». Le développement de la discipline pourra ainsi s’effectuer en collaboration entre les différents clubs universitaires du Québec.

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