Métier culturel: Lumière sur… le scénariste de jeu vidéo

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Par Catherine Poisson
vendredi 12 février 2016
Métier culturel: Lumière sur... le scénariste de jeu vidéo
Dominic Arsenault, professeur adjoint spécialisé en narration et scénarisation interactive à l'UdeM. Crédit photo: Guillaume Villeneuve.
Dominic Arsenault, professeur adjoint spécialisé en narration et scénarisation interactive à l'UdeM. Crédit photo: Guillaume Villeneuve.
Souvent qualifiée de Hollywood du jeu vidéo, Montréal est reconnue internationalement comme une plaque tournante de l’industrie. Or, contrairement aux acteurs de cinéma, les artisans du jeu vidéo travaillent loin des projecteurs. Pour faire lumière sur l’envers du décor, Quartier Libre s’est intéressé à la profession de scénariste de jeu vidéo.

«C’est beaucoup plus difficile d’écrire pour l’interactivité que ce qu’on pourrait croire, exprime le professeur adjoint spécialisé en narration et scénarisation interactive à l’UdeM Dominic Arsenault. L’industrie du jeu vidéo est à l’ère de ce qu’on appelle le studio system. Les producteurs et directeurs financiers du studio décident des projets qui seront développés en fonction des demandes du marché. » C’est ensuite au designer de jeu vidéo de créer selon ces contraintes. Le scénariste joue un rôle auxiliaire. Le designer du jeu lui présente les grandes lignes du jeu, les principales actions que le joueur doit accomplir et c’est à lui d’ajouter les personnages, les dialogues et la structure narrative du jeu pour que le tout s’enchaîne de façon cohérente.

« Ce qui est plus complexe qu’au cinéma, c’est que les jeux vidéo d’aujourd’hui sont beaucoup plus vastes, précise l’étudiante à la majeure en études cinématographiques à l’UdeM Marie-Gabrielle Plante. Le joueur a une plus grande liberté de choix, ce qui fait que les dialogues peuvent complètement changer d’une personne à l’autre, au contraire d’un film qui restera toujours le même. » L’étudiante, qui a également complété une mineure en études du jeu vidéo à l’UdeM, ajoute toutefois que la profession n’est pas très demandée dans l’industrie. « On va souvent attribuer la tâche à quelqu’un qui fait déjà partie de l’équipe plutôt que de recruter un scénariste », illustre-t-elle.

De son côté, M. Arsenault déplore l’hypocrisie de plusieurs grandes entreprises du milieu. « Elles misent tout sur leur discours de vente pour que les employés se pressent à leur porte, explique le professeur. On nous dit : “Vous allez vivre votre passion, on va vous donner des croissants le matin, ça va être génial.” Il faut offrir un contre discours à ça, éclairer sur la réalité des faits. On est un rouage dans une grosse industrie. »

L’avenir se trouve plutôt chez les développeurs indépendants, selon le professeur qui a lui-même travaillé comme directeur de la scénarisation pour le développeur Evillusion. L’étudiant au DESS en arts, création et technologies à l’UdeM Lucas Lomuscio croit également que cette voie offre une plus grande liberté créative. « C’est un vent de fraîcheur dans le milieu, témoigne l’étudiant. Les développeurs indépendants n’hésitent pas à prendre des risques, à innover. »

Lucas prévient cependant qu’un nombre trop élevé de développeurs indépendants risquerait de surcharger le marché, ce qui pourrait entraîner le désintérêt du public. « Et il reste tout de même que les grands studios produisent des perles, des jeux de grande qualité », conclut-il.

L’UdeM propose une mineure en études du jeu vidéo ainsi qu’un baccalauréat en écriture de scénario et création littéraire qui permet de toucher à certains aspects du jeu vidéo. « Le plus important est de trouver un équilibre entre la formation universitaire et l’expérience pratique », estime l’enseignant. M. Arsenault recommande également de parfaire ses connaissances de la langue anglaise pour maîtriser les termes créatifs et techniques du milieu et, surtout, de se monter un portfolio.