Le Révizor arrive en ville

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Par Valerie Charest
mardi 5 avril 2011
Le Révizor arrive en ville

Avis aux amateurs de théâtre et de science politique, la pièce Le Révizor, présentée par des étudiants de l’UdeM, offre cette fin de semaine une comédie satirique sur le thème de la corruption. Comme quoi, plus ça change, plus c’est pareil…

Lorsque dix étudiants de la troupe du Théâtre de l’Université de Montréal (TUM) ont été sélectionnés en septembre dernier, nul ne savait quelle pièce serait montée pour la production de fin de saison. C’est avec l’arrivée de Zach Fraser à la mise en scène en début janvier que la pièce satirique Le Révizor de Nicolas Gogol a été choisie. Cette décision n’est pas anodine. « C’est un clin d’oeil à la situation sociale et politique que l’on vit ici, dit M. Fraser. Gogol est un grand esprit ludique, qui est encore très actuel. »

Est-ce dire que la pièce sera modernisée et qu’elle sera dépaysée de sa bourgade russe ?« Quand Shakespeare situait l’intrigue de l’une de ses pièces à Rome, il s’agissait d’une Rome de fantaisie, explique M. Fraser. C’est un peu ce que nous faisons avec Le Révizor. » L’action se déroule donc toujours en Russie, mais dans une ambiance qui relève davantage des années folles que d’un pays sous la tutelle du tsar Nicolas 1er.

Lors de la venue du «révizor», un vérificateur du gouvernement, les conspirations et les pots-de-vin, camouflés par les habitudes des résidents d’une petite ville de campagne, apparaissent au grand jour. Pour les interprètes de la troupe, qui étudient dans des domaines aussi diversifiés que la médecine, l’anthropologie et le cinéma, le défi était de consolider les traits psychologiques de leur personnage avec un jeu très caricaturé. À cet effet, l’accent est mis sur le dynamisme des chorégraphies entre les personnages. Marionnettiste à ses heures, le metteur en scène avoue s’être beaucoup inspiré de la commedia dell’arte, dans laquelle les aspects corporels de la théâtralité sont fortement investis par le comique.

« Le Centre d’essai de l’Université de Montréal nous permet de prendre des risques et de transcender les limites que l’on fixe normalement dans le monde du théâtre par le budget qui nous est alloué, explique M. Fraser. Ce que l’on propose ici, c’est la joie de faire revivre un texte par l’expérimentation d’un style de jeu plus éclaté qu’à l’habitude. » Il y a fort à parier que cette grande liberté d’expression aurait plu à Gogol. Un vent de fraîcheur garanti en cette fin de session imminente.

Le Révizor, une critique du pouvoir.

Nicolas Gogol est considéré comme l’un des pères de la littérature moderne en Russie. Le Révizor, qu’il a écrit en 1836 à la suite d’une proposition de Pouchkine, a fait scandale lors de ses premières représentations. Pourquoi ? En raison de ses observations ludiques et détractrices de la société, la pièce attaquait toutes les classes sociales.

Sous le couvert de la comédie, Gogol s’attaque ouvertement aux instances administratives du pouvoir. Cependant, à la lecture de la pièce, une critique plus générale s’installe, pointant du doigt la mesquinerie et les quiproquos qui font loi dans les rapports humains.