Culture

L’exposition tente de faire découvrir aux visiteurs le lien entre l’artisanat et le grand art de l’azulejo.
Crédit photo : Isabelle Bergeron

Le Portugal mur à mur

«J e veux partager mon intérêt pour l’azulejo comme forme de décoration, mais aussi comme véhicule pour transmettre des idées intéressantes, complexes et sophistiquées», expliquele commissaire de l’exposition, professeur titulaire au Départe­ment d’histoire de l’art et d’études cinéma­to­graphiques à l’UdeM et titulaire de la Chaire sur la culture portugaise, Luís de Moura Sobral.

C’est à la suite de la réalisation en 2012 d’un documentaire intitulé Azulejos. Une utopie céramique que le professeur a souhaité montrer les découvertes qui l’ont mené au Portugal, au Brésil et aussi à Montréal. Tel un explorateur, il a filmé des heures d’images de ces œuvres. «Comme le documentaire ne dure que 52 minutes, je voulais en montrer plus avec cette exposition», précise-t-il.

L’endroit propose un plongeon dans une tradition portugaise qui traverse les siècles et qui est au cœur de différents lieux, du métro de Lisbonne à l’église d’Almancil, en Algarve au sud du Portugal. «J’ai apprécié ce moment dans une salle calme, qui permet de découvrir une forme d’art et un aspect de la culture portugaise, commente l’étudiant en première année à HEC Marcouf Collin. Je recommande cette exposition à quiconque souhaite s’oxygéner l’esprit entre deux révisions d’examen.»

L’exposition propose des œuvres anciennes et modernes, des reproductions photographiques, des affiches et des capsules vidéo. «L’idée est de donner aux visiteurs l’impression d’être dans un environnement totalement recouvert d’azulejos», soutient Luís de Moura Sobral. On peut y admirer aussi les œuvres de plusieurs artistes montréalais tels que Joseph Branco, Carlos Calado, Joe Lima et Miguel Rebelo, notamment des carreaux de céramique que l’on retrouve sur 12 bancs commémorant la culture portugaise, le long du boulevard Saint Laurent.

Art populaire et savant

«L’exposition a changé mon regard en mettant en valeur le côté artistique, souligne l’étudiante au doctorat en psychologie de l’UdeM Sandra Jacinto. Je suis Portugaise et dans la région où j’ai grandi, l’azulejo tapisse presque toutes les maisons, donc je le voyais plutôt comme une technique et non comme un art .» Les formes et les couleurs des azulejos ont évolué au cours des siècles, mais la technique est restée la même: un carreau de terre cuite peint à la main et recouvert d’émail.

C’est le lien entre l’artisanat et le grand art que l’exposition tente de faire découvrir aux visiteurs. «Au départ, il s’agissait d’une tradition artisanale, un moyen de revêtement mural extraordinaire, qui est devenu un véritable art typique du monde lusophone», indique Luís de Moura Sobral.

Malgré sa taille modeste, l’exposition permet de traverser plus de cinq siècles de traditions portugaises par le biais de cette technique particulière de revêtement en céramique. «L’espace est réduit, mais c’est un bon résumé», estime Sandra Jacinto. Sur les murs, le sol et même le plafond, on retrouve les couleurs typiques de la faïence portugaise, le bleu et le blanc, initialement adoptées pour imiter la porcelaine d’Asie dont seule la Chine détenait le secret de fabrication. Utiliser ces deux couleurs était donc synonyme de prestige.

L’art de l’azulejo. Entre artisanat et culture savante

Carrefour des arts et des sciences

3150, rue Jean-Brillant

Laboratoire Marius-Barbeau (C-2081, C-2083)

Gratuit

Partager cet article