Le français n’est plus à la mode

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Par Cindy Cyr
lundi 24 septembre 2018
Le français  n’est plus  à la mode
L’étude a été réalisée en collaboration avec l’équipe de recherche Jeunes et visionnement connecté de l’UQAM. Crédit kconcha via Pixabay.
L’étude a été réalisée en collaboration avec l’équipe de recherche Jeunes et visionnement connecté de l’UQAM. Crédit kconcha via Pixabay.
Le Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO) vient de dévoiler dans une étude* que les jeunes internautes ont tendance à délaisser les contenus francophones en veillissant. Le doctorant en sociologie de la culture, réseaux et communication à l’UdeM Alban Thomas tente d’expliquer ce phénomène.

Quartier Libre : Savez-vous pourquoi les jeunes délaissent les médias francophones en vieillissant ?

Alban Thomas : Je pense qu’il peut y avoir plusieurs raisons. Au cours de la vie, il y a différents cercles de socialisation. Quand on est jeune, nos cercles sociaux sont centrés sur notre environnement, comme la famille ou la ville où on habite. Quand on se développe, des cercles « étrangers » se rajoutent, comme le travail ou les études. Donc, plus on a de cercles sociaux, plus on a d’influences différentes.

Q.L. : Comment expliquez-vous cette tendance ?

A.T. : Puisque nous sommes dans un contexte de mondialisation, l’anglais est amené à apparaître dans davantage de composantes de la vie de tous les jours. L’anglais étant également une langue très connue au niveau mondial, on finit par l’assimiler socialement.

Q.L. : Donc, quelle serait la raison du changement d’intérêt du contenu francophone vers le contenu anglophone ?

A.T. : Plus on vieillit, plus on peut développer une affinité avec une langue, car apprendre une deuxième langue prend du temps. Les gens vont finir par rechercher l’authenticité des œuvres culturelles et aller les chercher dans leurs langues originelles.

Q.L. : Comment expliquez-vous que les plus jeunes se tournent en majorité vers des contenus en français ?

A. T : C’est souvent une question d’accessibilité. Quand on est jeune, on connaît souvent la langue qu’on pratique (langue maternelle) et on va se diriger soit vers des contenus français, soit vers des contenus doublés en français. C’est en général pour être davantage en confort avec ce que l’on va consommer. L’exemple parfait est le cinéma.

Q.L. : Qu’est-ce que les producteurs québécois (ou francophones) devraient faire pour rester attractifs ?

A. T : Ils devraient peut-être essayer d’avoir une autre approche que celle utilisée en ce moment. On voit, par exemple, le cinéma asiatique qui utilise beaucoup de techniques différentes pour arriver à développer un style unique. Parfois, les produits culturels marqués, qui se différencient de la culture anglophone, donnent envie de chercher d’autres œuvres avec cette différence.

*Les 12-15 ans ont tendance à moins consommer de contenus en français en vieillissant, passant de 76 % à 49 % dans cette tranche d’âge.

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