Le développement durable, trente ans plus tard

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Par Zacharie Routhier
jeudi 1 novembre 2018
Le développement durable, trente ans plus tard
Le professeur au Département de physique de l’Université de Montréal et directeur de l’Institut Trottier à Polytechnique Montréal, Normand Mousseau, a agit à titre de modérateur pour la soirée. (Crédit photos : Zacharie Routhier)
Le professeur au Département de physique de l’Université de Montréal et directeur de l’Institut Trottier à Polytechnique Montréal, Normand Mousseau, a agit à titre de modérateur pour la soirée. (Crédit photos : Zacharie Routhier)
Mardi dernier, les trois invités de la sixième Conférence de la montagne ont été appelés à faire le procès du développement durable, concept phare du mouvement écologiste. Si un accord quant à l’urgence d’agir face aux changements climatiques a été le point d’ancrage des discours, chacun des intervenants a exposé des perspectives différentes de la question environnementale.

Sur le site de la conférence, un texte d’introduction place le développement durable au pied du mur, argumentant qu’après trente ans, plusieurs problèmes environnementaux majeurs demeurent. « Si la pauvreté mondiale a considérablement reculé, les changements climatiques s’accélèrent, la biodiversité s’étiole, l’ensemble des indicateurs environnementaux sont au rouge, pouvait-on y lire. Et l’on ne semble pas avoir appris de la crise financière de 2008. Doit-on en conclure que le concept de développement durable était une utopie ou une façon de cacher notre inaction ? Doit-on suivre d’autres voies ? »

Pour y répondre, l’UdeM a fait appel au biologiste et écologue français Bernard Chevassus-au-Louis, à la directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE), Lucie Sauvé, ainsi qu’à l’ancien ministre de l’Environnement et professeur au Département de science politique de l’UdeM Thomas Mulcair.

Innover avec la nature

« Je suis un biologiste, toujours un peu naïf. Vous savez, les biologistes, a lancé d’emblée M. Chevassus-au-Louis, sourire en coin. Moi, je vais répondre oui : le développement durable est possible. » Il a enchaîné en expliquant que le temps où les indicateurs de bonheur suivaient la croissance économique est révolu, demandant si le moment est venu de faire du bien-être un objectif en soi.

« Le vivant, c’est une énorme bibliothèque d’information que nous n’avons que très partiellement commencé à lire, s’est enthousiasmé M. Chevassus-au-Louis. Si on est capable effectivement de décrypter cette information, on peut en déduire toute une série d’éléments de bien-être. » Le biologiste est demeuré optimiste tout au long de sa présentation par rapport à la capacité d’innovation avec la nature, dont l’humain est capable.

S’ouvrir à de nouvelles idées

« Je vais tenter d’apporter un regard différent, dissident », a débuté Mme Sauvé. Pour elle, le développement durable a ses avantages, mais est également un produit et un moteur de la mondialisation, qui pourrait faire partie du problème.

Elle a dénoncé le fait que le compromis offert par le développement durable entre les sphères sociales, économiques et environnementales a été confondu avec un projet de société. « L’éducation devient un instrument au service du développement durable, s’est désolée la directrice du Centr’ERE. Et sans inviter à jeter un regard critique sur un tel projet, sans inviter non plus à examiner d’autres cadres de références qui pourraient inspirer mieux encore notre rapport au monde contemporain. »

Pour Mme Sauvé, il est important de considérer des alternatives au développement durable, sans nécessairement s’en départir. « Il n’y a pas de dogme, pas de catéchisme, mais des propositions complémentaires dont on peut s’inspirer », a-t-elle précisé, mentionnant des courants écologiques et sociaux comme la décroissance.

Démocratie, droit et développement durable

« En quittant la colline pour venir m’établir sur la montagne, je ne pouvais pas m’imaginer la richesse et l’envergure du travail en environnement et développement durable qui se fait ici », s’est réjoui M. Mulcair en s’installant au micro. Quelques minutes plus tard, il a posé la question centrale de son intervention. « Une fois qu’on s’est entendu qu’il faut agir, qui décide ? Et qui est là pour veiller à ce que ce qui a été décidé à être réellement appliqué ? », a-t-il demandé. La réponse réside selon lui dans la trinité démocratie, droit et développement durable.

Au fil d’un discours ponctué de pointes dirigées vers le gouvernement fédéral en place, qu’il a affronté aux dernières élections à titre de chef du Nouveau Parti démocratique, M. Mulcair a, à plusieurs reprises, fondé son espoir sur les jeunes. « Pour moi, ce sont eux, l’espoir, a-t-il avancé. Des gens pour qui 2040 et 2050 ne sont pas au-delà de leur espérance de vie, mais qui sont de vrais jalons sur la planète, qui la connaîtront, et sur laquelle ils devront vivre. »

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Quelques extraits audios de la discussion ayant suivi les présentations :

 

Le biologiste et écologue français Bernard Chevassus-au-Louis sur les externalités économiques de la pollution.

La directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE), Lucie Sauvé, sur les alternatives au développement durable.

L’ancien ministre de l’Environnement et professeur Thomas Mulcair sur les jeunes et l’environnement.

 

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Il est possible de visionner l’entièreté de la conférence sur la page Facebook de l’UdeM.