Le coût de un dollar

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Par Etienne Galarneau
jeudi 21 septembre 2017
Le coût de un dollar

«Mais avec 1$, qu’est-ce que t’as de nos jours, on se le demande », est-il indiqué dans une publication Facebook émise par la page officielle de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM).

Ils ont choisi, pour le Spectacle de la rentrée du 14 septembre, d’offrir un système de location de verres réutilisables Ecocups. Une méthode différente des autres activités offertes par la Fédération durant le mois de septembre, alors que le Pub proposait, pour les mêmes gobelets, un dépôt de 2$ récupérable à la fin de la journée.

Cette initiative est certainement louable, car elle a permis de réduire à zéro le nombre de verres en plastique jetables présents pour les festivités. Cependant, on peut se demander ce que la Fédération peut faire, de nos jours, avec 1$.

Avec ce montant, le bureau exécutif de la Fédération a souhaité conscientiser ses membres à rapporter les verres, éviter la création de déchets et recycler ce qui peut l’être. Lorsque questionné au sujet de la location des verres pour notre dossier sur les mesures socio-environnementales de la rentrée (voir page 5), le secrétaire général de la FAÉCUM, Simon Forest, expliquait que cette décision a été prise en raison du volume de gobelets loués pour l’évènement. On parle, pour le Spectacle de la rentrée, d’un lot de 5 400 contenants réutilisables loués à Ecocups, un nombre considérable si on le compare aux 1 000 contenants à la disposition des étudiants pour le Pub de la rentrée.

Est-ce que la quantité de gens présents à la Place de la Laurentienne a convaincu le bureau exécutif d’adopter la mesure administrative de location à 1$? Combien de rouleaux de 2$ les bénévoles devraient traîner sur eux pour rendre tous les dépôts en fin de soirée? À pleine capacité, l’espace entre les pavillons 3200, rue Jean-Brillant, Maximilien-Caron et Lionel-Groulx peut tout de même accueillir 1 100 personnes*.

Le volume en question

« Mais avec 1$, qu’est-ce que t’as de nos jours, on se le demande », ont dû se dire les responsables de l’IglooFest et du Piknik Électronik, car malgré leur achalandage variant entre 5 000 et 8 000 festivaliers, ils ont opté pour le système de dépôt à 2$.

Le coordonnateur de la commercialisation pour ces évènements, Thierry Plourde-Beaudet, explique qu’une soirée représente pour eux entre 3 000 et 3 500 verres utilisés, un nombre plus bas que le nombre de visiteurs puisqu’ils y vendent également des boissons en cannettes. En proposant les services d’une station de consigne où deux employés se chargent du remboursement sur chaque Ecocup rendue, ils parviennent à avoir un retour de 80%. Les verres qui ne reviennent pas dans leurs mains à la fin de l’évènement sont alors facturés à 0,43$, en plus des taxes, d’après les informations disponibles sur le site web du fournisseur de gobelets.

« Mais avec 1 $, qu’est-ce que t’as de nos jours, on se le demande. » Ils se le demandent, mais la Fédération a tout de même pris la décision d’accepter ce « don » des étudiants à l’achat d’une consommation. La FAÉCUM rembourse le 0,43$ en plus des taxes si le verre est absent, mais conserve la somme si le contenant est rendu. Certainement que la conscientisation est une priorité et elle est d’autant plus avantageuse si on peut amortir la dépense sur chaque verre rapporté.

Peut-être qu’un dollar n’est pas un montant si élevé. Peut-être aussi qu’une taxe verte est une mesure intéressante. Au moment de mettre sous presse, 5 100 gobelets sur le lot de 5 400 ont été récupérés et rapportés à la compagnie, ce qui laisse croire qu’au niveau de la logistique, les choses ont fonctionné. Cependant, en utilisant une rhétorique qui banalise un montant comme 1 $, on s’approche un peu de celle qui a été combattue dans la rue, il y a quelques années, quand on nous disait qu’on peut troquer une augmentation des droits de scolarité avec une bière par semaine ou un café par jour.

Avec 1 $, de nos jours, on peut encore avoir un geste politique.

Etienne Galarneau

*Source : Nombre fourni par la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara.