Le choc des cultures

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Par Mylène Gagnon
mercredi 13 décembre 2017
Le choc des cultures
Les étudiants de l’UdeM souhaitant partir étudier un trimestre ou plus à l’étranger, que ce soit grâce à des accords ou non, doivent passer par la Maison internationale. (Crédit photo : Laura-Maria Martinez)
Les étudiants de l’UdeM souhaitant partir étudier un trimestre ou plus à l’étranger, que ce soit grâce à des accords ou non, doivent passer par la Maison internationale. (Crédit photo : Laura-Maria Martinez)
Un récent rapport* du Centre d’études en politique internationale (CEPI) de l’Université d’Ottawa recommande aux étudiants de partir étudier en plus grand nombre à l’étranger. Il insiste notamment sur l’intérêt des destinations moins populaires que les habituelles France, Angleterre et États-Unis.
Mais ce qui était encore plus étrange, c’étaient les tentes installées dans la bibliothèque pour que les étudiants puissent y dormir.
Zéfira Diallo, Diplômée en administration des affaires à HEC

La diplômée du baccalauréat en urbanisme Morgane Quiniou-Lemieux a réalisé son échange en hiver 2016 à Hanoï au Viêtnam. « Après avoir voyagé en Indonésie, je désirais retourner dans ce coin du globe, mais surtout, dans un pays en voie de développement, précise-t-elle. Je voulais vivre un choc culturel. »

« Lorsque je suis allée consulter mon directeur de programme pour partir au Viêtnam, sa réponse était claire, se souvient Morgane. « Il n’y a rien à faire. Ça n’arrivera pas. » À l’époque, il n’y avait pas encore d’entente entre l’UdeM et l’École supérieure de génie civil d’Hanoï, le projet semblait alors impossible.

En persévérant dans ses recherches, Morgane a fait la rencontre de la professeure du Département d’urbanisme Danièle Labbé dont les recherches portent sur le Viêtnam. « C’est grâce à elle si j’ai pu partir, poursuit l’étudiante. Elle avait des contacts à Hanoï. J’ai été chanceuse, car peu de gens nous parlent des échanges à l’étranger. Il faut chercher l’information par soi-même. Par contre, dès que les démarches ont été entamées, tout le monde avait envie que je parte là-bas, mais c’est le côté administratif qui me bloquait. » Pour preuve, la coordonnatrice des programmes de son université d’accueil a créé un cours sur mesure afin qu’elle obtienne le nombre de crédits nécessaire. Puisque cette employée parlait français, elle lui a enseigné en privé le vietnamien.

De son côté, la diplômée en administration des affaires à HEC Zéfira Diallo avait aussi l’objectif d’aller à la rencontre d’une autre culture. Elle ne s’est toutefois pas heurtée aux mêmes obstacles que Morgane, car HEC a un partenariat avec l’Université nationale de Singapour. « Je communiquais directement avec l’université et j’avais même la chance de détenir un guide que la cohorte précédente avait rédigé », affirme-t-elle.

Mentalités différentes

Une fois sur place, Morgane s’est rendu compte que, bien que son cours était censé être donné en français, le professeur ne parlait que le vietnamien. « C’était un choc, mais heureusement, une étudiante parlait français et me traduisait les explications, se remémore-t-elle. Je n’avais pas de cours magistraux, que des ateliers, alors j’ai pu facilement comprendre. »

Elle était la seule occidentale dans son cours et admet que la manière d’enseigner et la structure de l’université étaient très différentes. « C’était bien plus relax qu’à Montréal, révèle Morgane. Là-bas, un même cours ne se donne pas nécessairement le même jour, ni à la même heure. J’avais peu de cours, donc ils n’empiétaient pas les uns sur les autres. »

À l’inverse, les cours étaient plus complexes à Singapour qu’à HEC, mais ce qui a davantage surpris Zéfira, ce sont les habitudes des étudiants. « Ils étaient beaucoup plus perfectionnistes, raconte-t-elle. Par exemple, il n’était pas rare de se chicaner pour une simple police de caractères. Mais ce qui était encore plus étrange, c’étaient les tentes installées dans la bibliothèque pour que les étudiants puissent y dormir. »

Une expérience mémorable

À la suite de l’échange de Morgane au Viêtnam, une entente a été conclue entre l’UdeM et l’Université de génie civil à Hanoï. « J’ai beaucoup aimé mon expérience et je suis contente qu’elle ait débouché sur un partenariat, se réjouit Morgane. Maintenant, il faut passer le mot, laisser savoir qu’on peut partir à l’étranger là-bas et dans des régions moins touristiques. »

Zéfira suggère que HEC propose des bourses plus importantes pour permettre aux étudiants de partir, car l’argent est un des principaux freins, selon elle. Il s’agirait d’un bel investissement. « Cette expérience nous donne des outils pour être plus performants, autant à l’école que sur le marché du travail, assure l’étudiante. Il y a des choses que j’ai apprises là-bas que je n’apprendrai jamais ici. »

La porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara, soutient que l’Université encourage fortement les étudiants à partir dans des universités avec lesquelles l’UdeM a des ententes. « Un ou deux étudiants par année décident de partir dans une université qui n’a pas d’entente avec l’UdeM, affirme-t-elle. Ces étudiants peuvent tout de même assister aux rencontres que la Maison internationale organise pour les étudiants partant à l’étranger. »

Selon le rapport du CEPI, seulement 11 % des étudiants canadiens au premier cycle ont effectué un séjour d’études à l’étranger. Les deux étudiantes souhaitent que cette proportion augmente et que cette expérience rejoigne un plus grand nombre d’entre eux.

* Éducation mondiale pour les Canadiens. Outiller les jeunes Canadiens pour leur réussite au Canada et à l’étranger, paru en novembre 2017.