Le campus ne prend pas parti

icone Campus
Par Catherine Poisson
lundi 12 septembre 2016
Le campus ne prend pas parti
L’ex-premier ministre du Québec Jacques Parizeau lors d’une conférence organisée par le Mouvement des étudiants souverainistes de l’UdeM le 17 octobre 2012. Crédits photo : Pierre-Luc Daoust. Archives Quartier Libre.
L’ex-premier ministre du Québec Jacques Parizeau lors d’une conférence organisée par le Mouvement des étudiants souverainistes de l’UdeM le 17 octobre 2012. Crédits photo : Pierre-Luc Daoust. Archives Quartier Libre.
En cette période de rentrée, le campus accueille déjà deux évènements politiques organisés par des étudiants de l’UdeM. Le début d’une longue série puisque chaque année, plusieurs politiciens viennent rencontrer la communauté universitaire lors de diverses occasions. Dans ce foisonnement d’idées, certains partis brillent pourtant par leur absence.

Pour les partis politiques, ces évènements présentent un certain aspect stratégique. Selon le professeur au Département de science politique de l’UdeM Frédéric Bastien, les partis présents sur le campus visent trois objectifs. « D’abord, mobiliser les troupes, c’est-à-dire renforcer les partisans dans leurs opinions et les inciter à convaincre à leur tour les gens autour d’eux, explique-t-il. Ensuite, convaincre les indécis, et enfin, si des médias sont présents, démontrer à la population que le parti bénéficie d’un appui chez les jeunes. » D’après lui, cette stratégie peut expliquer qu’un parti ayant une aile Jeunesse très active, comme le Parti québécois (PQ), soit davantage présent sur le terrain étudiant qu’un autre parti ayant des priorités politiques différentes.

Le 6 septembre dernier, le 3200 Jean-Brillant a accueilli un débat entre les candidats à la chefferie du PQ. Le lendemain, le Club des jeunes libéraux de l’UdeM a proposé le colloque Un gouvernement à votre écoute au même pavillon. En mars, c’est la Semaine de la souveraineté qui se tient annuellement à l’UdeM. Ces évènements ont tous en commun d’être organisés par l’une ou l’autre des treize associations politiques étudiantes recensées à l’UdeM [voir encadré].

L’initiative des jeunes libéraux de l’UdeM est un bon exemple de volonté politique, selon le président de l’association et étudiant au baccalauréat en études internationales, Samuel Cousineau-Bourgeois. « Je ne peux que parler de mon expérience, mais pour moi, il faut savoir prendre sa place, c’est essentiel », explique l’étudiant. Il prévient également qu’il faut s’armer de patience. L’organisation du colloque du 7 septembre, qui réunit exclusivement des députés fédéraux, est amorcée depuis le mois de mars dernier.

Créer un momentum

La porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara, explique que toute partie membre de l’Université, que ce soit une association étudiante, un professeur, un Département ou une Faculté a la possibilité d’organiser un évènement politique. « La prise en charge de ces évènements n’est pas centralisée, affirme-t-elle. Par conséquent, il n’y a pas non plus de registre nous permettant de voir combien d’évènements se tiennent par année, et qui s’y présente. » Elle précise par ailleurs que l’Université n’a pas de politique concernant quel groupe politique peut ou ne peut pas être invité sur le campus.

Le président de l’Association des jeunes péquistes de l’UdeM et étudiant au baccalauréat en administration des affaires à HEC, Samuel Brousseau-Ouellette, reconnaît cependant que le PQ a une présence notable à l’UdeM. « Le PQ accorde une importance de plus en plus marquée à la jeunesse, et sa présence sur le campus est une façon d’entrer en contact avec la prochaine génération », soutient-il. L’étudiant souligne que le premier débat de la dernière course à la chefferie du Parti avait eu lieu sur le campus. Il est également fier de rappeler qu’en 2014, c’est aux étudiants de l’UdeM que Pierre-Karl Péladeau avait annoncé, en primeur, sa candidature à la direction du Parti. « C’est ce genre de petites attentions qui disent : vous êtes importants et on est là pour vous », exprime-t-il.

Samuel Brousseau-Ouellette souligne également que le PQ a vécu deux courses à la chefferie dans les deux dernières années, mais ajoute que cela n’explique pas tout. « C’est sûr que ça a eu des répercussions significatives, mais d’autres partis ont également connu des courses à la chefferie, et ça n’a pas eu le même effet, explique-t-il. On voit peu de débats des conservateurs ou du NPD. »

Au niveau provincial, le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, s’était adressé aux étudiants de l’UdeM en novembre 2013, soit un peu moins de six mois avant de porter son parti au pouvoir. L’Association libérale de l’UdeM prépare également la venue de conférenciers pour la session d’automne. Les différents candidats aux élections municipales de 2013 avaient présenté leur plateforme sur le campus. Les conférenciers provenant d’autres partis, tous paliers de gouvernement confondus, ont une présence moins notable sur le campus.

Pour une jeunesse engagée

De son côté, Samuel Cousineau-Bourgeois tient à préciser que le colloque du 7 septembre ne constitue pas un débat. « L’objectif n’est pas de savoir qui a raison ou qui a tort, mais bien de sensibiliser la jeunesse aux enjeux qui la concernent, et de montrer que, oui, on peut faire une différence.» dit-il. Malgré leur appartenance politique différente, sur ce dernier point, les deux jeunes présidents sont au diapason. Le but premier de ces évènements demeure d’informer et d’inciter les étudiants à s’intéresser davantage à la politique.

Note: Au moment de passer sous presse, Quartier Libre n’a pas été en mesure de joindre tous les comités étudiants de l’UdeM qui représentent un parti des paliers fédéral, provincial ou municipal.

7