Le campus MIL décroche la lune

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Par Alice Badaire en collaboration avec Romeo Mocafico
mercredi 13 février 2019
Le campus MIL décroche la lune
L'oeuvre de Patrick Bernatchez sera érigée dans le courant de l'année 2019 (Crédit Patrick Bernatchez).
L'oeuvre de Patrick Bernatchez sera érigée dans le courant de l'année 2019 (Crédit Patrick Bernatchez).
Sérénité, gigantesque structure de l’artiste Patrick Bernatchez, est la première œuvre du projet d’urbanisme MIL Montréal, dont fait partie le prochain Complexe des sciences de l’UdeM. D’autres œuvres, sélectionnées par un comité formé de représentants du gouvernement et de l’Université, devraient être prochainement annoncées.
« J’ai eu l’idée de décrocher la Lune pour l’offrir à l’arrondissement d’Outremont, aux étudiants, ainsi qu’à l’ensemble des Montréalais. »
Patrick Bernatchez - Artiste, auteur de Sérénité

«Bientôt on ne marchera plus sur la Lune, on grimpera dessus », déclare Patrick Bernatchez, l’artiste commissionné par la Ville de Montréal. Son œuvre Sérénité est la première dévoilée du tout nouvel espace public faisant face au campus MIL. Le monument, mesurant 7,5 mètres de large sur 21 mètres de haut, constitué essentiellement d’acier et de béton, fera également office de mur d’escalade.

La face cachée

« Son nom fait référence à la mer de la Sérénité, affirme-t-il. Il nous a été possible de reproduire la surface de cette portion de Lune en 3D sur l’une des deux faces de l’œuvre. J’ai obtenu un certificat d’une des quelques entreprises qui prétendent vendre des terrains sur la Lune. » L’artiste assure que cette reproduction, à l’échelle 1 : 200, a pu être réalisée à l’aide de sources et de données accessibles en ligne fournies par la NASA.

« Le site d’escalade, géré par une équipe de professionnels, sera offert aux citoyens de tous âges et deviendra un lieu de rencontre vivant, dynamique, fréquenté et accessible à l’ensemble de la communauté, poursuit-il. Il comptera parmi les plus hautes parois extérieures artificielles au Québec. » Avec son style brutaliste, l’artiste s’est inspiré de l’architecture dominante à l’époque de la conquête spatiale.

La stucture, installée dans le courant de l’année 2019, marquera le 50e anniversaire des premiers pas sur la Lune. « J’ai eu l’idée de décrocher la Lune pour l’offrir à l’arrondissement d’Outremont, aux étudiants, ainsi qu’à l’ensemble des montréalais », conclut l’artiste.

Le projet d’urbanisme de la Ville « MIL Montréal » vise à réaménager la vaste zone industrielle sur laquelle se trouve le nouveau campus de l’UdeM, dans le nord-est de l’arrondissement d’Outremont. Sur l’investissement municipal de 150 millions de dollars destinés à l’aménagement de ces 38 hectares, Patrick Bernatchez a bénéficié d’une enveloppe de 1,2 million de dollars en remportant le concours du Bureau d’art public de la Ville l’année dernière.

Le choix de l’UdeM

En ce qui concerne les œuvres installées sur le terrain de l’UdeM, le processus de sélection des artistes diffère sur certains points. Le directeur au développement du futur Complexe des sciences de l’UdeM, Alain Boilard, explique que la volonté d’intégrer l’art dans le paysage urbain est une initiative du gouvernement québécois. « Une politique [voir encadré] prévoit que tout projet de construction ou d’aménagement de sites publics doit réserver environ 1 % du budget global pour la réalisation d’œuvres d’art, explique-t-il, précisant que le Complexe des sciences s’élève à 350 millions de dollars, obtenus grâce à des subventions provinciales et fédérales. Selon la méthode de calcul prévu par la Politique, qui ne considére que les coûts du projet de construction, 1,3 million de dollars auront donc été déboursés pour le financement de trois oeuvres. 

Le ministère de la Culture et des Communications tient une banque de créateurs, soumis a des critères d’évaluation établis par le ministère, qui ont accepté de participer à des projets d’art public. Le directeur au développement du futur site ajoute qu’un comité de six personnes* s’est réuni pour sélectionner les artistes, issus de ce vivier, qui seront exposés sur le campus MIL. Les critères de sélection ont quant à eux été établis par deux personnes. « C’est l’architecte qui soumet le lieu et la nature des œuvres, poursuit-il. De concert avec le représentant de l’Université, ils ont décidé des grands principes directeurs et de l’essence que les œuvres devraient présenter. Il a été demandé aux artistes de représenter la science et d’évoquer le rapprochement entre les gens. »

M. Boilard affirme que, dans un premier temps, le comité a invité quatre artistes par œuvres à prendre part au projet avant de fixer son choix. « Après la période allouée [pour la réalisation de la maquette], les artistes ont été rencontrés par le comité, qui a pu voir le portfolio de chacun et la maquette proposée. » Le directeur au développement du futur complexe précise que ces artistes se rémunèrent à même le montant qui leur est accordé pour réaliser l’œuvre.

Des œuvres prochainement annoncées

Ce campus, qui réunira les Départements de sciences biologiques, de géographie et de chimie, ouvrira ses portes cet automne. Les œuvres seront, quant à elles, installées au cours de l’été 2019. « Celles choisies pour le campus MIL feront l’objet d’une annonce publique d’ici son ouverture », assure l’attachée de presse de l’UdeM, Julie Cordeau-Gazaille.

* Le comité est formé de l’architecte du complexe, d’un représentant de l’UdeM, d’un représentant du ministère, et de trois artistes mandatés par ce dernier.

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