l’art qui résiste au passage du temps

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Par Cristian Mironescu
mercredi 16 octobre 2019
l’art qui résiste au passage du temps
L'une des quelques 3 600 images fixes constituant le film d’animation « Disco Still Sucks ». Crédit : Alexanne Desrosiers
L'une des quelques 3 600 images fixes constituant le film d’animation « Disco Still Sucks ». Crédit : Alexanne Desrosiers
Bien que des réalisateurs européens aient raflé cinq des six prix de la onzième édition du Festival Stop Motion Montréal (FSMM), une diplômée de Concordia a remporté un prix spécial. Son film s’est démarqué par son aspect vintage et sa trame sonore.
« Mon ami a pris un taxi avec une femme plus âgée que lui. Après avoir entendu une vieille chanson à la radio, cette dame a déclaré "disco still sucks". »
Alexanne Desrosiers, réalisatice de Disco Still Sucks

«Disco Still Sucks est une histoire qui montre un récit initiatique d’adolescents », explique la gagnante du prix spécial École NAD du FSMM, Alexanne Desrosiers. Pour la diplômée de l’Université Concordia, le fait que la technique du stop motion soit encore utilisée comme moyen de raconter une histoire témoigne que cette forme d’art est là pour durer.

Aussi appelée animation en volume ou animation image par image, cette technique consiste à bouger ou à transformer des objets d’une scène entre chaque prise de vue statique. Les images qui en résultent sont ensuite enchaînées pour créer l’illusion de mouvement.

Les appareils numériques, les logiciels de capture d’images et autres avancées technologiques relativement récentes ont cependant facilité le processus créatif, comme le constate l’animateur du studio d’animation Laika et membre du jury du festival, Philippe Tardif. « Les avancées numériques ont beaucoup facilité la production d’animation en stop motion, affirme-t-il. Mais je pense que n’importe quel médium est bon pour raconter une histoire. »

Selon les constatations d’Alexanne, les critères du jury étaient de savoir quels artistes étaient plus capables de raconter une histoire par le stop motion, de rendre le meilleur hommage à la technique et de susciter des émotions chez les spectateurs. C’est sur ce dernier point que la jeune artiste est la plus convaincue d’avoir réussi. « Je voulais faire un film qui ferait ressortir des sentiments, développe-t-elle. Un film qui ferait réfléchir, même quelques heures ou quelques jours après l’avoir regardé. » Le prix spécial École NAD n’est cependant pas décerné par le jury, mais par les organisateurs du festival.

Capturer une époque

Selon Alexanne, son défi a été de bien capturer l’atmosphère des années 1970. Elle dit s’être renseignée en profondeur quant à l’exactitude historique de l’époque, bien qu’elle avoue avoir pris quelques libertés artistiques. « J’ai introduit quelques anachronismes dans le film, comme le fait d’utiliser des meubles plus contemporains, dit-elle. Mais j’ai poussé au maximum au niveau imaginaire pour réussir à bien représenter une époque avec ses décors distinctifs, et par des références à la culture pop. »

Ce sentiment est partagé par M. Tardif. « Je suis né en 1980, donc c’est dur pour moi d’évaluer la représentation des années 1970, remarque-t-il en plaisantant. Mais j’ai apprécié le ressenti vintage de Disco Still Sucks et sa trame sonore. »

Alexanne soutient que l’idée du titre lui est venue grâce à une anecdote cocasse qu’une connaissance lui a relatée il y a quelques années. « Mon ami a pris un taxi avec une femme plus âgée que lui, raconte-t-elle. Après avoir entendu une vieille chanson à la radio, cette dame a déclaré « disco still sucks ». »

L’animatrice précise qu’elle a soumis son film à l’appréciation d’autres festivals. Elle espère ainsi le faire diffuser davantage.